Je n’avais pas été forcément tendre avec les allemands de RAVAGER lorsque j’avais chroniqué leur premier album, Eradicate... Annihilate... Exterminate...
J’y avais vu un sombre plagiat, certes plaisant, mais totalement conformiste dans le creux de la vague old-school Thrash qui nous mouillait les baskets depuis le début des années 2000. Un Thrash certes rigolard et agréable en oreilles, mais qui ne prenait aucune distance avec la vision traditionaliste du genre, une sorte de mélange frappé du sceau KREATOR/SLAYER/ASSASSIN/EXUMER en moins solide et joyeux, et surtout, trop tardif pour être innovant. Depuis, j’ai évidemment revu mes exigences à la baisse, et appris à apprécier un bon album pour ce qu’il est, en dépit de ses références encombrantes. Sans en parler dans ces colonnes, j’avais apprécié le tournant de professionnalisme pris par les allemands à l’occasion de Thrashletics, second chapitre, jovial, mais plus conséquent. Je voyais ainsi de loin le quintet se transformer en valeur sure de la scène vintage, ce qu’il est assurément aujourd’hui, armé de son troisième et fatal album.
The Third Attack et son baptême lénifiant, rappelant le formalisme des années 80, vaut plus que cette description sommaire d’une étape cruciale sur le parcours d’un groupe. On le sait, le troisième album se doit d’être le bon, et si possible le meilleur, et ce, depuis Master of Puppets, Reign in Blood, Among the Living ou Fabulous Disaster. Les originaires de Walsrode ne pouvaient donc pas décevoir, devaient resserrer quelques boulons, densifier leurs riffs, et durcir leur approche sans renoncer à ces mid tempi très efficaces qu’ils manipulent à merveille.
Et sans tergiverser, The Third Attack EST le meilleur album de RAVAGER et de très loin. Il combine la fougue juvénile encore gauche d’Eradicate... Annihilate... Exterminate et le professionnalisme rageur de Thrashletics, le tout porté à ébullition d’une puissance phénoménale et d’une précision instrumentale qui a de quoi laisser rêveur. Je l’avoue, je n’aurais pas parié mon bermuda en jean flanqué d’un patch ANTHRAX en 2017 sur l’avenir brillant des allemands, mais ils ont su redresser la barre, et se montrer infaillibles dans l’hommage. On prend acte immédiatement de cette production fabuleuse, juste assez claire pour être compréhensible mais encore assez underground pour ne pas sonner trop propre, de ces riffs en saccades accélérées par l’énergie Red Bull, de cette rythmique totalement allemande qui rappelle les premiers DEATHROW et les crises de dengue d’ASSASSIN, et d’ailleurs, les RAVAGER se rapprochent dangereusement de la légende de Robert Gonnella et les siens, ce que le title-track atomique « The Third Attack » prouve de sa vitesse et de son hystérie collective.
Mais l’énorme qualité du quintet (André Sawade - batterie, Marcel Lehr et Dario Rosenberg - guitares, Philip Herbst - chant et Justus Mahler - basse, soit le même line-up sur les trois albums, bravo), est de savoir s’adapter, et de ne pas se contenter d’un pétard placé sur le paillasson de l’évolution Thrash. Fidèles à une recette qui a fait ses preuves depuis les premiers DESTRUCTION, les musiciens jouent avec les ambiances, savent ralentir la cadence lorsqu’il le faut, et instaurer des ambiances plus mélodiques pour vous prendre à revers. J’en veux pour témoin le radical et fabuleux « Beyond Reality », qui lamine dans le sens inverse des tympans pour les mettre à rude épreuve. Il semblerait que le groupe ait trouvé le juste milieu entre cette hystérie adolescente et cette maturité adulte en combinant des plans opposés, mais complémentaires. La seconde partie de l’album est de fait très roublarde, avec ses titres courts qui ne laissent en aucun cas préfigurer de ce long final hypnotique « Destroyer ». En explosant tous azimuts, les allemands nous préparent à un blitzkrieg, mais lâchent les bombes pour anticiper une guerre de tranchée qui finira par percer notre ligne Maginot de résistance auditive. A la manière d’un EXODUS qui adorait placer au bon moment un long passage plus construit, les RAVAGER ont fait preuve de beaucoup d’intelligence, et ont agencé leur album à la perfection.
Mais avant d’en arriver à ce final qui clôture la seconde partie de The Third Attack, il faut d’abord passer par sa première partie, fort bien pensée aussi. Et après une courte attaque formelle via « Intruders » qui nous ramène au foudroyant « Abstract War » d’ASSASSIN, mais aussi à la fluidité plus récente des WARFECT, « Planet Hate » se pose comme le premier tube de l’album, de ceux qui explosent dans un concert de tripailles qui volent, à la manière d’une piñata frappée de plein fouet par un sale gosse fan de S.O.D.
Tout y est, l’intro ambitieuse, la montée soudaine dans les tours, la génuflexion face à la légende nationale du Thrash radical, la voix gentiment possédée et hurlant des horreurs, et ce phrasé unique, débité comme des billots sous la hache de Charles Ingalls, et si dans ses poussées les plus fiévreuses, Philip Herbst se montre habile doublure de notre ami Robert Gonnella, il n’en reste pas moins LE vocaliste Thrash par excellence, capable de dynamiter un titre de son timbre totalement halluciné.
Evidemment, le schéma est d‘usage, depuis la nuit de temps, mais appliqué avec tellement d’envie, qu’on se laisse faire cette fois-ci, sans récrimination majeure. D’autant qu’il convient de ne pas faire la fine bouche face à des tueries intégrales de la trempe de « Back To The Real World », au riff mosheur comme un Scott Ian totalement euphorique, ou à des démarcations habiles de SLAYER sur le plus sombre « Priest Of Torment ».
Je ne reviendrai pas sur les propos tenus à l’occasion de ma chronique d’Eradicate... Annihilate... Exterminate, puisqu’ils étaient sincères et fondés. Mais aujourd’hui, RAVAGER est une pointure de la scène Rétro Thrash, et son troisième album une pierre angulaire qui va en redéfinir les critères de qualité.
Titres de l’album:
1. Intruders
2. Planet Hate
3. Back To The Real World
4. Priest Of Torment
5. A Plague Is Born
6. The Third Attack
7. Beyond Reality
8. My Own Worst Enemy
9. King Of Kings
10. Destroyer
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30