Quand on parle de Seattle, on associe automatiquement à cette ville sa fameuse scène dite « Grunge », pensant sans doute que tout a commencé par là…Ce serait évidemment une énorme insulte envers Jimi Hendrix, mais aussi à l’encontre de tous les groupes de Metal nés dans cette ville et lui ayant donné ses lettres de noblesses dans les années 80. Il conviendra alors de rafraîchir la mémoire des plus étourdis, en citant évidemment QUEENSRYCHE et METAL CHURCH, mais aussi HEIR APPARENT, SANCTUARY et évidemment les moins exposés mais non moins talentueux FIFTH ANGEL, qui en deux albums ont défini les contours d’un Heavy Metal local aux entournures racées, et à la lisière d’un Power Metal très musclé. Souvenez-vous, nous étions encore en 1986 lorsque ce groupe publia son premier album éponyme, qui détonnait dans une production US alors entièrement vouée au Thrash, au Glam et au Hard FM, mettant en avant ses héros d’alors, les BON JOVI, SLAYER, METALLICA, et bientôt POISON, CINDERELLA et autres chantres d’un Hard léger…Mais les FIFTH ANGEL n’étaient pas du genre à céder aux sirènes alléchantes des modes en vigueur à l’époque, d’autant plus que leur émergence datait de deux ans plus tôt, et qu’ils avaient déjà enregistré une démo éponyme plus qu’alléchante, suffisamment en tout cas pour attirer l’attention de la major Epic. Et après un album initial distribué par le stakhanoviste de la guitare Shrapnel, c’est le fabuleux Time Will Tell qui bénéficia d’une distribution à plus grande échelle, pour le plus grand bonheur des amoureux d’un Heavy Metal épique et ambitieux…Mais las, après ce coup d’éclat qui finalement ne fut qu’un coup d’épée dans l’eau, le groupe splitta, et resta dans l’ombre pendant un bon bout de temps, avant de se voir offrir le headlining d’un très gros festival, à leur surprise la plus totale…
Et vingt-quatre ans après la sortie de Fifth Angel, on retrouva les anciens sur la scène du Keep It True festival, en Allemagne, avec un line-up assemblé d’anciens membres mais aussi d’amis, comme Peter Orullian des HEIR APPARENT venu prêter main forte au micro pour offrir au public un melting-pot des deux premiers LP. Et sept ans plus tard, la même opération se renouvela, en attirant cette fois-ci les regards et les oreilles de Jaap Wagemaker de Nuclear Blast, qui ne resta pas insensible aux démos enregistrées par Kendall Bechtel…Et c’est ainsi que Kendall (guitare/chant), Ken Mary (batterie, FLOTSAM AND JETSAM, ex-ACCEPT, ex-CHASTAIN, ex-DAVID T. CHASTAIN, ex-IMPELLITTERI, ex-JAMES BYRD, ex-TKO, ex-STRIKE, ex-Alice COOPER, ex-HOUSE OF LORDS, ex-MAGDALLAN, mais aussi frappeur d’origine) et John Macko (basse) s’en retournèrent en studio comme à la grande époque, pour tenter de donner une suite valable à leurs aventures…Pas facile pourtant de se hisser deux décennies plus tard au niveau des chefs d’œuvres que furent et sont toujours Fifth Angel et Time Will Tell, mais autant dire que sans en atteindre l’intensité et le dramatisme, ce troisième et inespéré album The Third Secret n’a pas forcément à rougir de la comparaison…Adaptant les vues d’antan à un marché actuel toujours aussi avide de vintage ouvragé, les FIFTH ANGEL nous proposent donc une relecture de leurs anciens dogmes dans un vocable contemporain, traduisant leur lyrisme version 2K sans oublier de rester proches de leurs nobles racines, et l’entreprise est donc un franc succès, même si certaines parties semblent parfois calquées sur des morceaux plus anciens…Le mordant est donc toujours là, et il est difficile de croire que le combo est resté silencieux pendant presque trente ans musicalement, tant les morceaux de ce The Third Secret sonnent comme des trésors enfouis dont on se révèle la cachette entre initiés…Et autant l’avouer, en tant que fan de la première heure, je ne pensais pas un jour pouvoir chroniquer un nouvel album de la bande de Seattle tant j’étais persuadé avoir raté le coche…C’est donc avec un plaisir non feint que j’ai dégusté cette épaisse tranche de Heavy Metal d’époque, réactualisé et revitalisé, sans trahir ses principes, et dès l’entame « Stars Are Falling », on se retrouve projeté dans le temps, quelques années en arrière, lorsque la scène locale se faisait une part de lumière à l’ombre de la Californie…
Les talents individuels n’ont pas perdu un iota de leur aura, et entendre ces riffs d’acier et ces soli enflammés sortant de la guitare de Bechtel est un plaisir extraordinaire, et on comprend très facilement qu’à l’époque le label Shrapnel soit tombé sous le charme de cette musique intemporelle. Visiblement heureux d’en découdre avec la nouvelle génération de guitar-heroes, Kendall s’en donne à cœur joie et sort ses tripes, nous gratifiant d’interventions brillantes dès qu’il le peut, sans pour autant laisser ses collègues en arrière-plan brumeux. L’envie est à ce point palpable que FIFTH ANGEL traque le Power Metal sur son propre terrain, rappelant les miraculeux WILD DOGS sur le terrassant « Shame On You », qui fait feu de tout bois. On retrouve un Ken Mary au sommet de son potentiel, lui qui a souvent prêté son talent à des noms plus établis que le sien, et sa frappe massive mais fluide est toujours aussi précise et pertinente, et permet aux morceaux de décoller vers des paradis Heavy Metal inaccessibles pour le commun des mortels. En restant raisonnable et sans dépasser un timing mesuré, The Third Secret joue la sécurité, et laisse les scories de côté pour permettre aux chansons de respirer, se rapprochant d’ailleurs parfois d’une version actualisée des standards de DIO, revus et corrigés 2018, avec la patte du passé grattant la terre du présent (« We Will Rise »). Pas de temps mort à craindre, ni de baisse de régime, puisque les dix chansons de ce troisième LP sont toutes de première catégorie, laissant une guitare enragée pester contre la dénaturation d’un Metal inoxydable en multipliant les effets, les glissando, les bends et autres figures de style (« Queen Of Thieves »). Prenant parfois des allures de créature émergeant d’une trop longue hibernation, les FIFTH ANGEL jouent l’exubérance et la puissance, et nous bousculent d’un HM vraiment explosif, via des up tempi martelés et constellés de riffs atomiques (« Dust To Dust », de quoi donner le vertige à la vague Power Metal actuelle…).
Et sans dévier de leur trajectoire d’origine, vouant toujours un culte fervent au Metal intemporel, le quatuor se permet même des instants de fausse quiétude, se souvenant qu’ils ont souvent partagé la scène avec leurs voisins d’HEIR APPARENT (« Can You Hear Me »). Mais ce sont évidemment les décibels qui règnent sur ce nouvel effort, et lorsqu’ils atteignent un confortable niveau sonore, on se retrouve plongé dans un bain de plomb en fusion purement 80’s, dans une association d’idées entre PRIMAL FEAR et METAL CHURCH, mais toujours cent pour cent FIFTH ANGEL (« This Is War »). Ambivalence mélodique à la QUEENSRYCHE, les autres contemporains (« Fatima »), lourdeur de circonstance pour lyrisme en instance (« The Third Secret »), et en définitive, un disque qui aurait pu sortir en 1991, pour peu que les circonstances furent différentes…Quel bonheur de voir ses anciens héros revenir pour satisfaire notre curiosité et défier le destin trop capricieux qui un jour les obligea à rendre les armes…Mais en 2018, les FIFTH ANGEL sont de nouveau debout, et prêts à reconquérir un public qui ne les a jamais oubliés. The Third Secret est un secret qu’il ne faut surtout pas garder, et dont il faut propager la bonne parole partout où vous pourrez.
Titres de l'album :
01. Stars Are Falling
02. We Will Rise
03. Queen Of Thieves
04. Dust To Dust
05. Can You Hear Me
06. This Is War
07. Fatima
08. Third Secret
09. Shame On You
10. Hearts Of Stone
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15