Jusqu’à la fin des années 90, le mot RAM pour moi, évoquait deux choses. D’une, le bélier évidemment avec ses belles cornes, et surtout, le meilleur album de Paul McCartney. Un album qui à sa sortie fut décrié, alors qu’il posait les jalons de quarante ans de musique populaire à venir. Mais depuis la fin des années 90, RAM a pris une autre signification, se posant en contrepoint parfait de l’œuvre que je viens de décrire. Alors que ce bon vieux génie de Paulo s’échinait en toute humilité à prévoir les futures tendances de la musique moderne, ce groupe suédois lui compilait les données accumulées par quarante ans de Heavy Metal passé, pour se poser en synthèse parfaite et scandinave d’une tradition née à la fin des années 70. On sait que les suédois aiment faire leur marché dans les cabas des grands anciens, et qu’ils sont en quelque sorte les preux chevaliers de la nostalgie la plus avouée, mais il y a une raison à cela. D’une, ils prennent leur travail de passion très à coeur, et d’autre part, ils sont les plus doués en matière de recyclage, comme un retard à rattraper, une réputation à tenir. Et finalement, ces originaires de Göteborg pourraient incarner une sorte de parangon old-school, une perfection dans la reproduction, ce qu’ils s’évertuent à nous démontrer depuis leur création en 1999. Et puis, on n’enregistre pas six longue-durée par hasard sans avoir un minimum de talent dans le mimétisme si ? Fondé il y a donc pile vingt ans, RAM sentait le bon moment venu pour nous offrir son magnum opus, histoire de souffler les vingt bougies de sa longue et prolifique carrière, et c’est donc The Throne Within qui sert de prétexte à cette fête tout à fait légitime. Pourtant, avec cinq premiers LP presque idéals dans la formule, il semblait difficile de relever le challenge de la qualité, ce que le quintet a accompli avec un panache qui leur est coutumier. Soutenus par l’écurie notable Metal Blade, les suédois se sont donc fendus d’un effort de groupe pour propulser leur musique dans la stratosphère rétro, et après quelques écoutes studieuses, la sentence tombe sans équivoque. The Throne Within est définitivement leur meilleur album à ce jour.
Ainsi, Oscar Carlquist (chant), Morgan Pettersson (batterie), Harry Granroth & Martin Jonsson (guitares) et Tobias Petterson (basse) ont mis tous les atouts de leur côté pour faire de ce sixième pamphlet un postulat définitif, soignant la production pour qu’elle mette en valeur les meilleures compositions de leur carrière. Et avec des références majeures comme Lightbringer ou Svbversvm dans leur besace à souvenirs, la tâche était rude, et les autocitations faciles à dispenser. Mais sans changer d’optique, et en gardant intacte cette foi en un Heavy Metal non édulcoré et tirant souvent sur un Power Metal light, les suédois continuent leur bataille contre la modernité et la diversité, sans pour autant s’embourber dans des clichés gênants et encombrants. Tous leurs fans connaissent leurs obsessions, ces riffs francs et massifs bloqués entre 1982 et 1984, cette fascination pour la virilité d’un JUDAS PRIEST nuancée d’une souplesse plus Hard Rock des teutons d’ACCEPT, le tout sous couvert d’une atmosphère délicatement mystique à la MERCYFUL FATE/KING DIAMOND, histoire de lier le tout d’une sauce occulte savoureuse. Nous aurions beau jeu d’abuser de ces références pour situer le créneau de ce The Throne Within, nous laissant même aller à des comparaisons malheureuses avec les ENFORCER et autres WOLF, mais l’identité des RAM est suffisamment affirmée pour ne pas avoir à subir ces rapprochements de circonstance, et ces neuf nouveaux morceaux, tous imperfectibles achèveront de faire du groupe une influence à part entière, ce qu’il mérite amplement.
Comme je le disais plus en amont, la production, parfaite et old-school, avec cette batterie matte, ces guitares tranchantes et ce chant noyé dans le mix met parfaitement en valeur la hargne affichée par des morceaux qui ne cherchent pas Rob Halford au Cathouse. C’est bien évidemment lorsqu’ils sont les plus francs et directs que les suédois sont les plus crédibles et efficaces, chose qu’ils savent très bien et qu’ils acceptent, et qu’ils démontrent lorsque le tempo monte dans les tours pour fricoter avec un Hard ‘n’Heavy foutrement puissant et entraînant (« No Refuge »). Ces instants, minoritaires, laissent la plupart du temps la place au Heavy le plus majestueux, celui développé par « The Shadowwork », qui après une intro galactique et emphatique nous entraîne sur la piste du PRIEST le plus cinglant et tranchant. Toujours à la lisière d’un Power Metal pas totalement assumé, le quintet scandinave place la barre très haute dès le départ, souhaitant remettre au goût du jour les théories de Screaming For Vengeance, tout en acceptant la facilité mélodique de sa génération. On apprécie évidemment la complémentarité de deux guitaristes qui riffent comme ils soloïsent, et Dieu sait dans son Valhalla qu’ils ne plaisantent pas, surtout lorsque ses oreilles célestes tombent sur la bombe à la nitro « Blades of Betrayal », véritable archétype de tout ce que le Heavy Metal des années 80 pouvait proposer de plus musclé et de meilleur. Voix suraiguë qui paie son tribut à Halford, rythmique turbo compressée qui booste encore plus les riffs testostéronés, les clichés sont brillamment transcendés pour apparaitre comme des qualités, propres, et en deux morceaux, RAM assume sa récente vingtaine pour apparaître comme le leader qu’il a toujours été. Mais le groupe ne serait pas ce qu’il est sans ces lourdes charges dégoulinant d’électricité, et « Fang and Fur » de ralentir le rythme pour imposer une lourdeur très digeste.
Blindé d’hymnes à reprendre les poings levés, The Throne Within n’est rien de moins qu’une métaphore sur le règne proclamé des suédois, orfèvres en la matière, qui ont vite compris que puiser chez les meilleurs vous expose à la comparaison défavorable, mais peut aussi vous transformer en héros en cas de réussite totale. Ce qui est immanquablement le cas ici, les titres brillant d’arrangements sobres mais réellement efficaces, et les thèmes ayant été trié sur le volet pour ne proposer que les motifs les plus efficaces. Ainsi, impossible de résister à l’exubérance turgescente d’un « Violence (Is Golden) », ou aux ambitions plus sombres et progressives de « No Refuge ». Toujours prompts à faire durer le plaisir, les suédois n’hésitent pas plus qu’avant à laisser leurs idées s’étaler sur de longues minutes, mais ces rythmiques, ces guitares épileptiques, ce chant héroïque permettent de ne pas se noyer dans la linéarité ou se faire piéger par la répétitivité, même si l’homogénéité est patente tout du long. Rien à jeter donc sur ce sixième longue-durée, qui tente parfois des choses moins évidentes, se rapprochant du PRIEST le plus modulé (« Spirit Reaper »), osant même l’amertume d’une ballade de toute beauté (« You All Leave », belle performance d’Oscar Carlquist, presque opératique dans le dramatisme). Et ce trône finalement, est celui qui revient légitimement aux RAM après vingt ans passés au service de la cause, pour un anniversaire en grandes pompes dont on se souviendra peut-être encore dans quarante ans…
Titres de l’album :
1 The Shadowwork
2 Blades of Betrayal
3 Fang and Fur
4 Violence (Is Golden)
5 The Trap
6 No Refuge
7 Spirit Reaper
8 You All Leave
9 Ravnfell (feat. Alan Averill)
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