Un groupe qui offre gratuitement son deuxième album sur son Bandcamp mérite quand même quelques remerciements. D’autant que l’album en question n’est pas du genre à jouer la facilité, en pratiquant un Stoner aux accents Doom assez prononcés, et relevant d’une qualité tout à fait remarquable. Cet acte de générosité est à mettre à l’actif des canadiens de PUCE, et si leur nom prête à sourire pour les francophone, leur musique n’a rien d’une blague de mauvais goût. Même en n’étant pas spécialiste de la cause Stoner/Doom, je sais reconnaître un excellent groupe, et ce trio originaire de St John fait partie des meilleurs de sa catégorie, même si ses chansons ont encore ce caractère formel et un peu anonyme qui les empêchera sans doute de s’extirper de la masse. C’est donc plus d’un an et demi après un concert destiné à lever des fonds pour l’enregistrement de ce second LP que The Trough voit le jour, et s’il est pour le moment réservé à la page officielle du groupe, il ne tardera pas à se retrouver sur toutes les plateformes légales, avant d’être distribué physiquement (ce qui doit être chose faite depuis longtemps à la parution de cette chronique). Ce trio sympathique (Ashton Whitt - basse, Matthew Cull - batterie et Victor Lewis - guitare/chant), visiblement lié à d’autres projets si j’en crois les liens fournis par leur Bandcamp propose donc une grosse demi-heure de musique cool, fortement influencée par les années 70 et l’âge d’or de BLACK SABBATH, BLUE CHEER, et autres groupes de greasers subtilement psychédéliques mais brutaux, et nous enivre de ses sonorités parfois évanescentes, mais la plupart du temps Rock, Hard-Rock, Doom, j’en passe et des sous-genres plus dispensables. Connaissant les travers habituels des pratiquants Stoner, je peux affirmer que The Trough est suffisamment varié et ambiancé pour séduire un public de néophytes, osant des inserts totalement planants et hypnotiques, et ne se contentant pas de formules toutes faites.
Peu d’informations sont disponibles quant à la réalisation de cet album, sauf quelques détails techniques, dont un enregistrement au Frequency Sound Studio, entre janvier et mars 2019, une prise de son par Ashton Whitt & Chuck Bucket, et un mixage et une production signés par le groupe lui-même. On retrouve aussi une participation externe d’Arabat Beowulf au tabla, didgeridoo et sitar, et c’est d’ailleurs sous son nom que l’album débute via « Beowulf's Cry », au drone assez captivant qui pendant deux minutes ne nous prépare pas vraiment au déluge d’électricité qui va suivre. La véritable entame de l’album se fait donc par l’entrée « Above the Fjord » qui rappelle les SMASHING PUMPINKS et le Rock alternatif des nineties de sa mélodie de biais qui suggère que le « Cherub Rock » de sieur Billy Corgan n’est toujours pas oublié de nos jours. Grosse basse, assise rythmique stable, riff qui impose les volutes seventies de Tommi et ses comparses, et le tour est joué, et la fumée envahit la pièce. Mais loin des délires de weed d’ELECTRIC WIZARD, les PUCE conservent une légèreté de ton qui les empêche de tomber dans les affres d’un Stoner trop connoté Doom, et ce mélange de décennies est tout à fait délicieux, et en tout cas suffisamment digeste pour être apprécié par les réfractaires aux nuages argentés. Beaucoup de formalisme donc dans la musique du trio canadien, qui rappelle un peu nos DATCHA MANDALA, avec le côté Pop en moins, mais avec des riffs qui marquent les esprits, une lourde basse qui n’en fait pas trop, et un chant délicieusement juvénile qui aère le tout, The Trough se montre sous un jour flatteur, rappelle les meilleurs représentants du genre, évoque parfois une version amateur de KYUSS, tout ne rendant hommage aux idoles des seventies.
Très malins, les musiciens louvoient entre les approches, taquinent le boogie épais et gras (« Playing With Bodies »), allègent Rock pour ne pas trop nous assommer de virilité (« Yes Man », avec cette voix furieuse qui rappelle clairement les plaintes d’Ozzy), et s’éloignent des automatismes à la KADAVAR pour ne pas sonner trop connotés et assimilés à la vague vintage. Si l’instrumental garde cette étique de simplicité, la variété qui anime ce second LP lui permet d’être extrêmement riche malgré une durée très limitée, et on apprécie les incartades psychédéliques, toujours pertinentes et pas de simples prétextes, et c’est ainsi que l’interlude onirique « Others' Thoughts » offre une cassure bienvenue, mais tout à fait logique. La fin de l’album présente les morceaux les plus longs, qui rappellent les débuts de la scène progressive/psychédélique des sixties, avant qu’une énorme guitare à la SABBATH ne vienne interrompre la quiétude ambiante. Les titres deviennent alors de sérieux exercices de style, à l’image de « Break the Horse » qui aurait sans peine pu faire partie du tracklisting de Paranoid. Mais grâce à d’habiles jeux rythmiques, à des digressions plus personnelles, à des arrangements instrumentaux très finauds, « Nosebleeds » s’écarte du schéma et sonne comme un hymne teen à la ALICE COOPER, avec toutefois des influences alternatives et Post-Grunge à la MELVINS et MUDHONEY. On aime donc cette façon de sauter les époques pour proposer des chansons s’échappant du carcan des années 70, et cette facilité à amener des transitions en solo très fluides.
Pas foncièrement original, PUCE sait quand même transcender son classicisme lorsqu’il le faut, et oser des choses un peu plus culottées que ses confrères les plus empêtrés dans l’hommage forcé. Il est évident que les fans de BLACK SABBATH reconnaîtront les leurs, mais avec l’ajout de mélodies amères et de structures moins figées (« No Absolution », superbe dans sa tentative de rendre les BEATLES plus Heavy), The Trough est d’une qualité indéniable, et reste une expérience très agréable qui ne laisse pas les oreilles de bois et la gueule indifférente. OU l’inverse.
Titres de l’album:
01. Beowulf's Cry
02. Above the Fjord
03. The Trough
04. Playing With Bodies
05. Yes Man
06. Others' Thoughts
07. Break the Horse
08. Nosebleeds
09. No Absolution
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