Souvenez-vous, en 1979, ce cher David Cronenberg, toujours aussi traumatisé par les transformations physiques et l’exploration viscérale de l’horreur, sortait la bombe Chromosome 3 sur les écrans. On y découvrait un inquiétant Oliver Reed en professeur manipulant la psyché d’enfants pour en faire une sorte d’unité reliée par des liens invisibles, une Samantha Eggar confrontée à l’absurde d’une situation ubuesque, et surtout, un climat, poisseux, tétanisant, pour une sorte d’opéra scientifique qui repoussait les limites des conventions de l’époque.
Chromosome 3. Traduction absurde du titre original « La Portée », découlant de l’idiome original…The Brood. Du Canada se sont certainement laissé influencer une horde de barbares déviants typiquement anglais, qui ont choisi pour nom de baptême l’œuvre de David C. THE BROOD. Sauf que dans leur cas très précis, la violence n’est pas larvée, loin de là, et que les obsessions se résument à une même utilisation de structures malsaines et violentes pour parvenir à des fins de terreur sonore un peu plus franche que les délires organiques et psychologiques de notre réalisateur traumatique préféré.
THE BROOD dans les faits, fait plus volontiers appel à une tradition très anglaise du bruitisme sans limites, quoique leur musique et leur approche ne soient pas dénuées d’une certaine finesse.
Aitor Gazzoline (Clock of the musical armageddon), Donnie Burgess (Unhealthy low frequency), Senen Garcia (Strings mincing), Nando Thommessen (Distorted annihilation) et Grunt (Vocal aggression), qui existent depuis trois petites années se proposent donc de stimuler vos sens les plus primaires en vous opposant une synthèse de plusieurs courants extrêmes, définissant le tout sous un label très générique de Broodcore, qui résume en effet assez pertinemment leur démarche.
En utilisant des essences de Hardcore, des effluves de Death, des embruns de Hardcore, et en assimilant le tout dans une fragrance Grind assez odorante, le quintette se forge une identité extrême assez prononcée, et développe tout au long de ce premier LP des théories personnelles qui toutefois ne se gênent pas pour piller le patrimoine national, tout en remplissant les pages de son carnet d’équations typiquement US. En gros, une autre façon de jouer un Grind sans pitié, agrémenté de quelques fantaisies plus cohérentes et rythmiques.
C’est assez frais en l’état, si l’emploi de ce terme peut se justifier, mais n’évite pas la redondance pour autant. Certes, c’est efficace en diable, parfois même salement accrocheur (« GIL »), et le mélange indirect de Crust sombre à l’anglaise, de Grind qui l’est tout autant, de Hardcore sali et souillé et même d’une petite touche de BM par incrustations fugaces (« One By One », qui s’amuse beaucoup à observer une collision entre DARKTHRONE et NAILS) n’est pas dénué de charme frondeur, loin s’en faut. Mais en choisissant d’étaler leur philosophie sur quinze titres, les THE BROOD ont opté pour l’option assez osée de l’opulence, ce qui a tendance à les desservir sur la durée, un peu trop étendue…
De cette débauche de violence non contenue, surnagent quelques épisodes de cruauté assez notables, qui flottent dans une mer de convenances un peu irritantes et d’itérations un peu trop flagrantes. Si le son prodigué par Russ Russell offre une profondeur non négligeable, accentuée par une clarté assez surprenante dans ce créneau, il ne suffit pas à cacher la fluctuance de l’inspiration, qui pourtant sait se transcender à intervalles réguliers pour mieux nous faire rebondir et nous maintenir éveillés.
Les Anglais se donnent pourtant du mal, et nous offrent des intermèdes assez malsains (« Latent Dementia » et ses percussions roulantes assez flippantes), des fulgurances qui pérennisent l’héritage des icônes locales NAPALM DEATH en les stimulant d’électrochocs Crust modernes à la AARGH FUCK KILL (« Of Guts And Fire »), ou en jouant la carte du Deathcore à tendance Indus développé et non bridé (« Mud Doll Factory », d’un son si énorme qu’il s’en prend au cadavre encore frais du ENTOMBED du début des nineties). En gros, des tentatives de s’extirper d’une condition un peu figée qui les éloigne des références du genre, de TRAP THEM à NAILS en passant par les éternels CULT LEADER.
Ce qui n’empêche nullement l’affaire de se montrer efficace lorsque les inclinaisons personnelles prennent le pas sur l’inspiration un peu trop flagrante.
Ainsi, les débordements purement Grind sont assez jouissifs, et souvent mâtinés d’une grosse louche de Crust à l’Anglaise (le dissonant mais catapultant « Mindfuck », assez direct en soi, « Barbie Voorhees », quarante secondes d’impitoyables guitares BM tournoyantes et de blasts réguliers comme une feuille de boucher), tandis que les développements plus « posés » savent se montrer catchy sans toutefois trop forcer (« Reign Of The Leeches » qui conjugue le radicalisme du Death primaire des BOLT THROWER aux élans Grind d’un CARCASS un peu plus carré qu’en début de carrière).
On erre parfois en terre Death N’Roll truffée de taupes Hardcore suintant de leur trou (« Seeds Of Demise », sorte d’adaptation du NYHC dans un contexte purement nihiliste anglais), on déambule de temps à autres sur des chemins groovy qui ne mènent pas forcément au bon endroit (« Lobotomized », un peu trop formel et classique pour convaincre, malgré l’incursion de chœurs schizophréniques assez malins), et on finit sur un véritable trampoline émotionnel pour une dernière charge qui met l’emphase sur les points les plus virulents de la démonstration (« Repeated Slaughter Of The Undead Cunt », qui entremêle le NAPALM de la période transitoire Indus et le NAILS le plus véhément)…
Beaucoup d’efforts, une dose d’ultraviolence somme toute gardée sous contrôle, pour un premier LP qui se veut annonciateur d’une suite un peu moins fouillis et plus efficace.
Mais les points positifs sont heureusement majoritaires, et l’investissement dont font preuve les THE BROOD sur cet initial The Truth Behind laisse présager d’une suite un peu moins formatée, et sans doute plus « dirigée ».
Nonobstant ces quelques critiques assez constructives je l’espère, cette affaire reste sérieuse et caractéristique d’un extrême à l’Anglaise qui ne renonce pas à sa suprématie aussi facilement.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09