C’est donc un homme très occupé qui nous présente son nouveau projet INFERNALIZER. Mis en avant par la célèbre agence de promotion de Jon Asher, Claudio Ravinale nous prouve qu’il a besoin de s’exprimer hors du cadre légal de ses formations actives pour se mettre en avant en tant que créateur. Déjà membre du célèbre concept Death mélodique DISARMONIA MUNDI, mais aussi de 5 STAR GRAVE ou THE STRANDED, Claudio a donc eu besoin d’un haut-parleur supplémentaire pour hurler son envie d’ailleurs, et nous propose avec ce premier LP un univers dont il est coutumier, mais qui est en même temps assez éloigné de ses obsessions habituelles. Le public européen connait surtout l’homme pour son implication vocale au sein de DM, mais il est toujours intéressant de découvrir un artiste qui lui-même se découvre, et ose des choses un peu différentes, et disons-le, plus…immédiates.
« Je suis un enfant des années 80 qui aime les films d’horreur. Donc, dès que j’ai commencé à réfléchir à la façon dont ce groupe allait sonner, j’ai vraiment essayé de me concentrer sur mes principales influences, la musique avec laquelle j’ai grandi. Je voulais filtrer toutes ces influences en leur donnant une approche plus actuelle. »
Et il est certain que le chanteur n’a pas lésiné au moment de concrétiser ses fantasmes de jeunesse, nous plongeant dans un univers horrifique que nous connaissons tous bien. Et après une longue intro qui place immédiatement le projet sous des auspices de Synth-Wave rétro, les véritables débats commencent, et la musique se fait sa place dans le dédale des inspirations.
The Ugly Truth a été produit par NeroArgento à l’AExeron Studio de Turin, tandis que le mastering a été peaufiné au Sterling Sound Studio (Nashville, TN) par le mythique Ted Jensen (GUNS N ‘ROSES, KORN, PANTERA, ALICE IN CHAINS). Avant même de poser nos oreilles sur cet album, nous pouvons donc estimer qu’il aura LE son, et cette sensation devient un fait après quelques morceaux. Si l’horreur a toujours tenu une place importante dans notre décor au travers des délires d’ALICE COOPER, de KING DIAMOND, DEATH SS, CANNIBAL CORPSE et autres narrateurs de l’ignominie graphique, elle est ici traitée comme un emballage de Noël destiné à mettre en valeur le véritable cadeau : cette musique accrocheuse qui porte ses influences comme des badges sur une veste en jean.
En écoutant de près l’œuvre nouvelle de Claudio, les références se trahissent d’elles-mêmes. On sent les réminiscences de MARILYN MANSON, de JESUS ON ECSTASY, mais aussi des choses plus cachées, comme les FIELDS OF THE NEPHILIM, les SISTERS OF MERCY, un peu de NEW ORDER aussi pour le côté dansant de la rythmique, soit la quintessence de cette approche légèrement gothique pour adolescents qui a fait le succès des formations citées. La sensation, loin d’être désagréable, permet à l’album de se présenter comme une soirée d’Halloween bien organisée, assez courte pour ne pas lasser, et constellée de chansons à reprendre en cœur en costume de démon, de momie ou de vampire des temps modernes.
Roi du riff un peu électro sur les bords, Claudio n’hésite pas à se rapprocher des légendes du cru et parvient souvent à se montrer allusif à la scène EBM et Indus light, avec des clins d’œil appuyés à FRONTLINE ASSEMBLY, MINISTRY, tout en gardant le contrôle sur sa créature. Doté d’une voix parfaite pour ce genre d’entreprise, le chanteur italien démontre donc des qualités indéniables dans la mise en place d’ambiances gentiment morbides, sans cacher le côté plastique des squelettes qu’il installe dans le train des horreurs. Ce qui ne l’empêche guère de signer hymne sur hymne, contredisant de fait le côté humble et récréatif de ce projet, qui trouve en « The Ugly Truth » son acmé de qualité.
« The Outsider » souligne que l’homme aime la variété, et qu’il est capable de se diversifier dans un cadre plutôt restrictif. A cheval entre Hard-Rock horrifique des années 80, digne de la bande-son d’un slasher typique, et Metal plus électronique et mécanique, The Ugly Truth est un plaisir mineur, mais délicieux, qui s’avale comme un bonbon piquant offert par une vieille dame sur un perron décati. Jouant de la dualité des guitares typiquement eighties, Claudio soigne son packaging, et soigne aussi sa composition, sachant exactement ce qu’il souhaite obtenir. Et on se retrouve bluffé par la portée des morceaux, qui pourraient incarner une certain attitude en vogue dans les nineties, lorsque les ponts entre Hard et gothique étaient construits par des groupes comme TYPE O. « Leaving So Soon ? » est un tube, ne le cachons pas, « In Retrospect » aussi avec son énorme riff d’intro et sa rythmique appuyée, et comme l’auteur a eu l’intelligence de jouer la brièveté, ce premier album (qui en appellera d’autres ou pas selon son succès) ne peine aucunement à convaincre les amateurs d’un Shock-Rock hérité des seventies que la formule marche encore.
Rien de profond là-dedans, mais du plaisir, constant et exigeant. Des titres qui suggèrent une collaboration entre les SISTERS et MANSON, mais aussi cette urgence des hits Hard des années 80, avec en exergue ce tempo épileptique et cette lumière aux néons un peu blafarde (« In This World Or The Next »).
Du bon boulot donc pour le chanteur italien qui démontre que ce joli caprice avait une vraie raison d’être. Jusqu’au bout, le créateur maîtrise sa créature, la laisse dans l’ombre pour soudainement l’exposer à la lumière et se parer d’atours Glam pour pondre un hymne définitif (« Leave A Scar »). Dansant, tout sauf grotesque, The Ugly Truth présente une réalité alternative pour Claudio Ravinale qui n’a guère à envier les plus révérés des artistes noirs comme les corbeaux un soir d’octobre.
Titres de l’album:
01. Night Shift
02. The Outsider
03. Leaving So Soon
04. In Retrospect
05. Cruel Intentions
06. The Ugly Truth
07. In This World Or The Next
08. Leave A Scar
09. I Don’t Wanna Be Me
10. Autumn Of Terror
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