Dans l’underground je patauge, et dans l’underground je continuerai à m’enfoncer ce matin. Après une brève visite en Equateur, je retourne donc aux Etats-Unis, en Virginie plus précisément, pour faire la connaissance d’un jeune groupe Thrash à la réputation (timide) naissante. Fondé sans acte de naissance, l’étrange combo ULAMOG ne dévoile pas non plus un quelconque line-up, et nous laisse seuls, à faire face à ces cinq morceaux témoignant d’une nostalgie certaine pour les produits les moins recommandables des années 80.
Vintage, tel est le mot, et en écoutant ce premier moyen-format à peine aussi long qu’un morceau de MASTODON, on se prend à rêver au retour des cadors de la série B des eighties. INFERNAL MAJESTY, INDESTROY, HEXX, mais aussi l’Allemagne des SODOM parfois, et surtout, une violence crue, effective, sans effets ni arrangements. Ne disposant d’aucune information sur le produit en question, je ne saurais vous dire qui a produit ce brouet maléfique, mais croyez-moi, le leitmotiv simple du groupe ne laisse place à aucun questionnement inutile :
Satisfaire le désir ardent.
Traduction adaptée, pour une course poursuite sombre sous le lait caillé d’une pleine lune de Richmond (j’extrapole, mais j’ose croire que ce ou ces malfaisants en viennent). Avec un son qui semble émaner d’un écho lointain des années 86/87, des compositions à rebondissements mais basées sur une cruauté instrumentale certaine, et une propension à ne jamais aller trop loin dans la vitesse, The Urge to Feast célèbre la bestialité sèche et tartare des pionniers de l’outrance, mais nous gratifie quand même de soli très propres, et d’une ambiance délétère très prenante.
A l’image sonore d’une démo professionnelle enregistrée pour signer un deal avec New Renaissance ou Wild Rags, The Urge to Feast propose une immersion old-school terriblement savoureuse, et qui craque sous les tympans. Avec un peu d’imagination, il n’est pas difficile de se rappeler les sensations éprouvées lors du passage de certains vinyles d’époque sur notre platine, lorsque le frisson de la décadence Thrash nous titillait les sens. Chant étouffé mais légèrement satanique sur les bords, riffs en motifs tournoyant à l’allemande, construction simple mais avec quelques ambitions de breaks, ce premier EP de la horde de Virginie est intéressant, et laisse présager d’une carrière éventuellement à suivre dans les années qui viennent.
ULAMOG est l’archétype de groupe que l’on aurait pu trouver sur des compilations comme Speed Metal Hell, Speed Kills, Satan's Revenge ou Metal Madness, planqué au milieu d’une face B, et suffisamment intrigant pour qu’on souhaite en savoir plus. Et le plus, ce sont justement ces cinq morceaux effectifs, menés tambour battant mais en respectant la limite des BPM pour ne pas sonner trop fast, mais suffisamment evil pour intriguer Slayer mag. Entre lenteur oppressante à la limite du Doom, Thrash anarchique joué façon Punk et Heavy Metal encore empreint de la première vague de Speed US, passages mid carrément catchy dans l’âme (« Thanatophobia », le « tube » de l’album si tant est que ce mot puisse être employé), ULAMOG joue sur les nuances infimes de l’extrême passéiste, mais parvient à nous convaincre que ce petit quart d’heure aurait pu être prolongé de dix bonnes minutes et d’une poignée de titres supplémentaires.
Alors, pour ne pas rester trop frustré, on se repasse le terrible « Frenzy » et ses cinquante secondes bien tassées et bien frappées, ou l’ouverture « The Urge To Feast » qui plante le décor avec beaucoup d‘acuité. Un petit EP séduisant, qui laisse présager de capacités d’adaptation certaines, et d’un avenir sombre, mais fertile. En gardant ce son si sec et cette attitude bravache, les ULAMOG peuvent prétendre jouer un rôle dans le mouvement old-school qui semble définitivement installé, en proposant autre chose qu’un succédané de SODOM, KREATOR, SLAYER ou EXODUS.
Titres de l’album:
01. The Urge To Feast
02. Wrath of Sam
03. Falter To The Squall
04. Frenzy
05. Thanatophobia
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21/11/2024, 08:46
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