En gros, si j’ai bien pigé la bio du machin, tout est parti de la barbe du batteur Johnny Maximum, qui a poussé. Cette soudaine pilosité dense lui a fait comprendre qu’il fallait taper plus fort sur sa batterie, ce qui a stimulé Yanick le bassiste, qui a décidé de jouer de sa basse comme un éléphant de sa trompe, avec les cordes bien lâches et un solfège pachydermique. Vu le barouf produit, deux mecs se sont pointés avec leur guitare, Eric Provencher et Jean-François St-Cyr, et le quatuor fraîchement formé n’avait plus qu’à dévoyer un chanteur au timbre adéquat pour compléter son tableau de puissance assourdissante. Ce qui fut chose faite dès que David Boissé s’est mis à brailler devant la porte du local de répète, désirant plus que tout se joindre à la bande hirsute. Avec une telle formation aux desseins clairs et déviants, THE VELVET SUPERSLOTHS était né, et ne restait plus qu’à rendre hommage à ce nom évoquant une sale bande de feignasse aux cheveux gras, mais au riff facile. Sauf que les canadiens de Sherbrooke sont tout sauf des feignasses et qu’ils prennent soin de leur tignasse, ce qui leur permet en 2021 de proposer l’un des albums les plus frais d’une année à peine entamée.
Bio étrange, mais but noble. Avec ce premier éponyme, la bande souhaite vulgariser le Metal pour le rendre accessible au grand public. Ce faisant, ils retrouvent l’impulsion des nineties lorsque le genre s’ouvrait à une audience plus large au travers d’œuvres signées METALLICA et PANTERA, qui parvenaient à rendre le style plus ouvert et appréciable par la masse étrangère écoutant uniquement la radio ou des choses pas trop bruyantes. Pour autant, le Metal joué sur The Velvet SuperSloths n’a rien d‘une concession commerciale, bien loin de là, et si le groupe s’amuse à se décrire comme des ZZ TOP jouant du PANTERA, il ne faut pas y voir qu’une boutade. Leur groove est en effet commun aux deux groupes, mais leur puissance est plus proche de la NOLA que du Texas enfumé et bordélisé jusqu’à la moelle. Pas de filles de joie ici, pas de bordel à La Grange, juste une musique jouée entre potes qui délirent, mais qui délirent avec sérieux. Et finalement, en désirant unir le boogie des trois poilus et le Groove Metal des quatre sudistes, les canadiens parviennent à jouer comme les belges de CHANNEL ZERO. Je résume évidemment, mais les points communs entre la Belgique et le Canada sont nombreux, même si quelques inflexions ne sont pas sans rappeler la période la plus engluée des CORROSION OF CONFORMITY.
Vous avez vu les noms, noté les références ? Mazette devez-vous certainement vous dire, mais vous avez quelque part raison de trouver ça sans doute excessif, sauf que ça ne l’est pas du tout. En jouant simplement ce qui leur sort des tripes, les VELVET SUPERSLOTHS déroulent des compositions simples, qu’on retient, et qui provoquent de sérieuses crises de headbanging. Ce qui ne les empêche nullement de jouer parfois les fourbes en ayant recours à des astuces « wow, hoh » Pop enchainées à des reprises Metal supersoniques et graveleuses sur « Never Too Late », l’un des gros morceaux de cette grosse affaire. Et le quintet n’a pas regardé à la dépense de temps pour son premier album qui piétine l’heure de jeu sans jamais forcer. Entre riffs directement empruntés à la culture southern de la frange Metal des USA, fluidité dans la pesanteur qui rappelle évidemment DOWN et PANTERA, ce premier LP est une franche réussite, parce que sincère et sans artifices. Peut-être un peu long pour chipoter un peu, d’autant que les marsouins ne rechignent pas à laisser tourner la montre en plusieurs occasions. Mais l’occasion fait le larron, et ces cinq larrons là sont de sérieux clients, au moment même où le Stoner et le NOLA semblent se chercher de nouveau héros.
Y’a de tout dans ce foutoir, du Heavy, du Bluesy, du Thrashy, des crises de colère qu’on doit principalement à David Boissé dont le timbre rappelle bien sur celui de notre belge préféré Franky De Smet-Van Damme, mais aussi le raclage du musclé Pepper J. Keenan. Il y a des dizaines de riffs graves mais fluides comme la farine Francine, des cassures de rythme pour se frotter au Sludge et au Doom (« I am Penny », hit impossible ralentissant la cadence au fur et à mesure pour nous marcher sur les pieds), mais aussi des démarcages intéressants, dont celui de « Higher Fire » qui n’aurait pas dépareillé sur le séminal Black Fuel de qui vous savez.
Capables d’être concis sur quelques minutes, de piquer à METALLICA ses recettes les plus avouées, de balancer la sauce Thrash en laissant leur batteur se gratter pendant la frappe, THE VELVET SUPERSLOTHS sont tout sauf de gros branleurs qui jouent parce qu’ils n’ont rien d’autre à foutre. Déjà rodés à l’exercice dans un bon paquet de groupes avant de former celui-là, les cinq musiciens connaissent leur partition, et la jouent avec conviction. On le réalise très vite, dès les premiers morceaux à vrai dire, et il est assez admirable de constater que le groupe s’est occupé de tout, production, mixage, laissant le mastering à Luc Tellier (SIMPLE PLAN, MILLENCOLIN, Marie-MAI et David USHER), ingé-son connaissant bien son boulot. En résulte un son juste énorme, qui sait doser les fréquences et laisser les titres les plus sauvages sonner comme tel (« Forsaken Life »).
Entre ambition et désir d’efficacité, avec quelques samples rigolos qui donnent la fessée (« Dirty Night », plus PANTERA qu’une biture du gros Phil), The Velvet SuperSloths est un exercice de style complet qui ne laisse rien au hasard. Reliées par un fil rouge, les compositions sont quand même facilement identifiables, entre chœurs étranges et lourdeur de fond (« Where Are You »), et Speed-Rock ravagé qui crame le bitume (« Sloth-Toé »). Après ça, difficile de croire que ces cinq-là sont des feignasses…Tiens d’ailleurs, ils chantent en français sur ce machin ravagé. Drôle.
« Realms of Death » et ses huit minutes moins une seconde offre l’épilogue digne qu’on attendait d’un tel effort, et lorsque le film pour les oreilles se termine, on en ressort galvanisé. Si certains longs albums épuisent de leur somme d’informations, The Velvet SuperSloths produit l’effet inverse et booste au point qu’on se sent capable de composer des chansons catchy, mais redoutablement puissantes. L’effet THE VELVET SUPERSLOTHS est donc bœuf, et pas du tout paresseux. Mais on peut se tromper, surtout si on se fie à sa barbe, cette fourbe.
Titres de l’album:
01. Irresistible
02. Higher Fire
03. Forsaken Life
04. Dead Red Moon
05. Sold Your Soul
06. Never Too Late
07. I am Penny
08. Uncertain Outcome
09. Dirty Night
10. Where Are You
11. Sloth-Toé
12. Realms of Death
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