Encore un groupe brisant un long silence pour nous rassurer. Alors que nous pensions les norvégiens de NEKROMANTHEON étalés pour le compte, les voici de retour avec un troisième album qui saura contenter leurs fans les plus hardcore. Inutile de tourner autour du pot qui de toute façon est rond, The Visions of Trismegistos, malgré sa naissance tardive, est le petit frère portrait craché de Rise, Vulcan Spectre, publié en 2012 et qui attendait sagement qu’une troisième grossesse l’extirpe de son statut de benjamin de la famille. Toujours épaulé par la famille Indie Recordings, le trio de l’enfer du froid nous propose donc une nouvelle digression sur le même thème, prouvant avec ces trente-deux minutes de musique qu’il n’a rien changé à son approche. C’est donc avec délice que nous goûtons à ces mets pas fins mais roboratifs, et les huit tranches de cette dernière livraison sont autant d’hymnes à cette violence que le groupe a toujours mise en avant.
Le label partage donc la récolte avec deux autres planteurs, Hells Headbangers et Blasphemisia Produktionen, pour que la fête soit plus équitable et folle. Ce nouvel album sera donc dispo en version tape pour les collectionneurs indécrottables de bandes qui s’abiment plus vite qu’une tulipe fane, mais il convient je pense de privilégier un format plus idoine pour mettre en valeur la splendide illustration chaotique du graphiste polonais Zbigniew Bielak (DARKTHRONE, DEICIDE, DESTRÖYER 666, GHOST…), qui offre à ce longue-durée l’enrobage qu’il mérite. Génoise roborative, glaçage sublime, tout est donc fait pour que vous craquiez sur les calories de ce nouveau cake au Thrash, qui une fois encore pousse le bouchon aussi loin qu’il peut. Le Crossover des norvégiens de NEKROMANTHEON est toujours aussi fameux, et incarne aujourd’hui le plus parfait mélange entre le SLAYER de Show No Mercy et le POSSESSED de Seven Churches, avec une pointe de grivoiserie BULLDOZER pour rendre le tout plus épicé.
Sindre Solem (chant/basse), Christian "Kick" Holm (batterie) et Arild "Arse" Myren Torp (guitare/chœurs), accessoirement membres de formations comme OBLITERATION, AUDIOPAIN, FLIGHT, ou BLACK VIPER reprennent donc du service pour boucler la boucle, et s’offrir un avenir plus stable, nous l’espérons. Pas de trahison, pas de dilution, pas de déviation, leur musique est toujours aussi fidèle à cette forme blackisée de Thrash fumeux tirant sur un Speed démoniaque, et dès les premières notes de « The Visions Of Trismegistos », la magie opère à plein régime et à pleines mélodies, pour nous entraîner dans un voyage dans le temps dont on ressort avec le sourire. Avec un son très propre, pour le style du moins, The Visions of Trismegistos reprend les débats là ou Rise, Vulcan Spectre les avait abandonnés, et speede dès ses premières mesures pour évoquer les premiers soubresauts de l’extrême paillard et cruel.
Je le concède, j’ai toujours été fan du trio et de son approche simple et crue. D’abord, à cause de la voix unique et sentencieuse de Sindre Solem, véritable haut-parleur diabolique traduisant le langage infernal mieux que quiconque, mais aussi à cause des riffs infernaux d’Arild "Arse" Myren Torp qui sait toujours trouver le lick parfait pour porter un morceau sur ses cordes. Les trois ensembles dégagent une synergie incroyable, comme si tous les démons du septième cercle dansaient la gigue pour inverser la rotation de la terre, et une fois encore, cet album produit suffisamment d’énergie pour alimenter en électricité nucléaire une ville de Norvège de taille moyenne. Le trio n’a donc pas perdu la main pour composer des hymnes sauvages, agrémentés de fioritures en solo délicates, et en quatre minutes, toutes les craintes de redite trop flagrantes ou de perdition sur les sentiers de l’originalité fondent comme neige au soleil.
Brut, carré, tournoyant comme une mouche DESTRUCTION évitant le papier collant qui pend du plafond, le Thrash sale des norvégiens fait…mouche une fois de plus, sans pour autant faire avancer le schmilblick. Mais en se prenant « Seven Rulers of Fate » directement dans la face, on comprend que cette attitude statanique est la force de frappe du trio, qui reste accroché à ses principes comme Kerry à ses clous. Rois du break qui tue et brise les cervicales, princes du son de batterie capté tel quel dans le studio, ducs de l’agression sympathique mais efficace en diable, les NEKROMANTHEON nous offrent une véritable épiphanie de brutalité sourde, sans sombrer dans le chaos.
Et on a beau avoir entendu ça des dizaines de fois, et deux fois plus fidèlement lors des deux premiers albums, on se laisse happer par cette joie dévastatrice qui balaie tout sur son passage. La tornade « Neptune Descent », et son entame dramatique et harmonieuse se pose comme le gros morceau de l’album, et développe des trésors d’imagination au niveau de ses arrangements tempétueux pour créer une atmosphère de tornade centripète. Doués en version longue, les trois marsouins sont aussi des génies en format court, et « Dead Temples » de nous replonger dans les affres du Thrash germain le moins complaisant, celui de KREATOR ou DEATHROW, mais aussi PROTECTOR, en accélérant la cadence au-delà du raisonnable.
Résultat immédiat, ça bouillonne comme un marais qui ronge les chairs, ça gicle comme du sang impur sur les murs, et ça fait du bien au sadisme intérieur. Malgré cette longue absence de près d’une décennie, les lascars s’en sortent avec plus que les honneurs, et nous délivrent un troisième chapitre aussi dense et passionnant que les deux premiers. Mais par pitié les mecs, arrêtez de disparaître comme ça. On s’inquiète nous et le stress donne le cancer.
Titres de l’album:
01. The Visions Of Trismegistos
02. Seven Rulers of Fate
03. Faustian Rites
04. Neptune Descent
05. Scorched Death
06. Dead Temples
07. Thanatos
08. Zealot Reign
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