Très sincèrement, si j’avais eu vent de cet album quelques mois plus tôt, il aurait certainement pu se faire une petite place dans mon top 20 de fin d’année. Comment ne pas craquer pour ce Crossover venu de Nouvelle Zélande, qui discrètement, dans son coin, et promu par un label ukrainien, synthétise tout ce qu’on a toujours aimé dans cette musique gentiment violente, mais parfois, méchamment sombre et fluide ? Et les 3000AD, après une poignée de singles publiés sur leur Bandcamp ont touché le centre de la cible avec leur premier album, qui ressemble à s’y méprendre à un ramier rempli de riffs automnaux. Formé sans date précise du côté de Christchurch, ce power-trio redonne ses lettres de noblesse à l’exercice de synthèse d’un line-up qui n’a guère besoin d’un instrumentiste supplémentaire pour afficher une puissance à rendre vert de jalousie les EXCEL, LEEWAY, et autres POWER TRIP ou ENFORCED. Le line-up, aux liens resserrés (Scott Austin - basse/chœurs, Sam Pryor - guitare/chœurs et Hellmore Bones - batterie/chant) se la joue donc EXCITER dans le format, comptant sur les capacités pulmonaires d’un batteur/chanteur dans la grande tradition de Dan Beehler et Barry Stern pour propulser des riffs primaires et incroyablement efficaces comme un shot d’adrénaline. Une musique à réveiller les morts et à enthousiasmer les vivants, une énergie incroyable, un flair certain pour trousser des atmosphères sombres, et une capacité à synthétiser TESTAMENT et PRONG au sein d’un même contexte (« Who’s Watching You ? » qui ressemble à s’y méprendre à « Practice what You Preach » repris par Tommy Victor et les siens).
Sacrée claque que nous assènent donc les néo-zélandais, giflée d’un pays peu connu pour ses exactions brutales. Il semblerait donc que la Nouvelle-Zélande s’éveille à la violence instrumentale, et au vu des capacités de ses instrumentistes, nous pouvons nous attendre à un massacre en règle dans les années à venir. Et comme les trois lascars ne font pas les choses à moitié, ils ont demandé à la légende graphique Eliran Kantor de décorer leur The Void, avec le même talent utilisé pour illustrer les pochettes de COMMUNIC, FLESHGOD APOCALYPSE, ICED EARTH, SATAN, SODOM, SOUFLY, MY DYING BRIDE, AETERNAM ou ARA. C’est donc un packaging complet et léché qui vos attend, et autant dire que The Void contredit son titre à tout moment en ne laissant aucune place au vide ou au silence.
Doté d’une production épaisse et grave, ce premier LP est d’une maîtrise incroyable au regard de la jeunesse du groupe, et fait la part belle à un résumé complet de l’âge d’or du Crossover des années 80, empruntant aux SUICIDAL TENDENCIES et aux AGNOSTIC FRONT leur art des chœurs agressifs, à PRONG et DBC leur talent pour solidifier des riffs à outrance, et à ANTHRAX son flair pour enfiler les plans et les relier entre eux sans transition téléphonée. On sent aussi toute l’importance de la scène plus fondamentalement Thrash des eighties et de METALLICA et EXODUS, mais le tout est d’une telle euphorie dans la violence qu’on en oublie vite toutes ces références pour se concentrer sur l’identité propre de 3000AD. Et si le parti-pris du groupe se colle à ce mid tempo systématiquement utilisé, certains titres s’envolent d’une vélocité très appréciable pour faire décoller le tout. Résultat : on slamme sans le vouloir, on saute d’une scène fictive dans un public invisible, pour retrouver l’enthousiasme de notre jeunesse passée à apprendre que la brutalité pouvait être synonyme de fraternité et de joie.
Mais comme tous les groupes de sa génération, 3000AD refuse le côté trop fun des réalisations passées, et se rapproche plus facilement des combos nostalgiques de ces dix dernières années. Et sans aller trop loin, le trio parvient à trouver un compromis entre la férocité des POWER TRIP et la légèreté des GAMA BOMB, pour ne sonner ni trop ludique, ni trop déprimant. Mais en se défoulant sur « The World We Knew » ou « Cells », on se replonge dans tout un pan de notre adolescence, lorsque les groupes Hardcore teintaient leur musique de Metal pour la faire sonner plus dure et profonde. Impossible de ne pas penser à IRON REAGAN, à LEEWAY, mais impossible non plus de nier que ces trois lascars s’y entendent comme personne pour faire varier les plaisirs et les approches. Souvent lourd et persuasif, le groupe prend le temps, mais ne s’éternise jamais plus qu’un riff solide pour imposer son point de vue, et si les deux derniers segments de ce premier long dépassent les sept minutes, le hasard ou le remplissage n’ont rien à y voir.
Le long épilogue de cette première aventure, « Journeys », s’autorise une incursion en territoire émotif, et nous propose une intro en arpèges assez courte, avant de plonger dans la fournaise d’un Heavy/Thrash nostalgique. On se souvient donc des primes années de NUCLEAR ASSAULT, mais aussi du HEATHEN des années 90, avant qu’un emballement mosh de premier choix nous fasse loucher sur ce bermuda depuis longtemps remisé au placard. Incroyablement fertile et diversifié, ce The Void est un petite perle venue de l’autre côté du monde sous forme de carte postale sympathique, et développe des arguments convaincants, des idées pertinentes, et s’achève dans un feu d’artifices de guitare via l’explosif « Born Under a Black Sun », à la basse claquant comme les cordes de Troy Gregory.
Il est très difficile de proposer un Crossover vraiment pugnace et light à la fois, mais la performance des 3000AD n’en est que plus impressionnante. Et il est difficile de croire que ce premier album en est un, tant les trois musiciens font preuve d’une maîtrise et d’une maturité incroyables. Et même découvert sur le tard des mois après sa sortie, ce premier long n’a rien perdu de son impact et de sa fraîcheur, et donne envie d’en savoir beaucoup plus sur ce groupe qui risque fort de devenir une vraie référence.
Titres de l’album:
01. 3000AD
02. Cells
03. The Network
04. Who’s Watching You ?
05. These Fires
06. The World We Knew
07. Journeys
08. Born Under a Black Sun
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