Thrash italien. Dans les années 80, voilà qui ne voulait pas dire grand-chose sauf pour les amateurs de BULLDOZER ou NECRODEATH, mais depuis les choses ont changé, et à l’image de la Grèce qui s’est taillé une solide réputation depuis les années 90, nos amis transalpins ont pris leur revanche sur le destin, rangeant les moqueurs dans leur poche grâce à d’habiles astuces. Et aujourd’hui, lorsqu’on tombe sur un groupe italien, les rires ne fusent plus, puisque les ensembles nationaux ont su faire preuve d’audace et de culot, sans oublier leur inventivité dans les créneaux les plus divers. Alors, la sortie du troisième album des milanais de TORMENT arrive donc à point nommé, les amateurs d’extrême étant déjà sur le qui-vive. Et pour cause, puisque ce power-trio de l’enfer s’est construit une jolie discographie depuis son émergence en 2002, malgré tous les problèmes de stabilité qu’il a pu rencontrer. Ne reste d’ailleurs plus des premières années que le leader Fabri, toujours solidement accroché à sa guitare et son micro, et qui a vu défiler à ses côtés un nombre conséquent de sidekicks. En 2020, la formation du combo tourne autour de lui et de ses deux comparses du moment, avec à la basse Filippo Hugo Dossi depuis trois ans et à la batterie Paolo "Zippo", soit un trio stable depuis l’année dernière seulement, qui huit ans après son dernier effort peut enfin revenir à la surface de l’underground.
Soutenus par les fanatiques old-school de Punishment Records, les trois italiens roulent donc sur du barbelé, et nous assènent enfin la suite de leurs aventures, commencées en 2008 avec Suffocated Dreams. Quatre ans plus tard et quelques ajustements, TORMENT était revenu nous conter massacre avec The Damage Is Done, mais depuis un silence inquiétant s’était installé au-dessus de Milan nous faisant douter de l’existence même du combo. Autant dire que Fabri avait bien des choses à prouver à son public, et qu’il tenait à remettre les choses au point avec ce troisième virage de sa carrière, le plus difficile à négocier. Et le chanteur/guitariste ne s’est pas embarrassé de principes, et a repris ceux des précédents efforts, à savoir se reposer sur une base Thrash solide pour broder des thèmes fricotant avec le Death et même le Black, sans tomber dans le panneau du Blackened je-ne-sais-quoi. Non, TORMENT est toujours férocement Thrash, calé sur une ligne d’agressivité notoire, avec toujours en exergue ces plans qui s’entrechoquent comme à la grande époque du Thrash US, renforcés d’une touche de brutalité typiquement allemande. Et avec seulement trente-trois minutes de musique pour neuf morceaux, Fabri a bridé son inspiration pour ne pas jouer avec la montre, ce qui donne lieu à une concision qu’on apprécie toujours dans ce milieu.
Un milieu qui va gravement s’agiter la tignasse en découvrant l’opener de cette nouvelle tuerie, « Power Abuse », qui rappelle les plus grandes heures de DESTRUCTION et WHIPLASH, et qui nous replonge dans les affres brulantes du Thrash méchant des eighties. Tout est en place, la production est sèche ce qu’il faut, le mix rudement équilibré, et le confort d’écoute est donc maximal. On apprécie donc dans des conditions optimales ce catalogue de riffs classiques et ce chant d’outre-tombe, mais aussi ces ruptures rythmiques savamment mais brutalement agencées par le malin Paolo "Zippo", qui n’en fait pas trop, mais qui laisse ses baguettes frapper avec fluidité et puissance. Le tout est efficace à défaut d’être original, synthétise tous les courants en vogue il y a plus de trente ans pour nous livrer une copie immaculée et totalement passionnée. Pas plus de quatre minutes pour chaque segment, mais le plus souvent moins, pour garder cette fraîcheur dans l’attaque qui est symptomatique du groupe. Fabri n’aime rien de plus qu’un solide hymne Thrash qui ne s’éternise pas, mais qui fait des appels du pied à SEPULTURA (« Nothing To Tell »), et au Thrash sud-américain en général, ce Thrash un peu bestial et liquoreux sur les bords, mais joué avec précision. Alors, on danse, on moshe, on hélicoptère, mais on prend au sérieux ces musiciens qui connaissent leur métier, et surtout le don de composition de Fabri qui agrémente toujours ses riffs de mélodies tournoyantes dans la plus grande tradition du Black/Death.
Quelques blasts pour durcir le ton, quelques intermèdes plus posés (« Paralysis »), une ambiance Speed bon enfant mais aussi salement relevée, pour une méchanceté de ton qui n’est pas sans rappeler le meilleur de la scène, avec en exergue le furieux « The War They Feed » qui sonne comme un EXCITER excité de sa dernière incantation pour chatouiller les démons. Tout est bon chez les italiens, tout est fondé, tien n’est inutile ou encombrant, et lorsque la tension monte, la folie n’est jamais très loin, et TORMENT nous assène de bons coups derrière les oreilles, comme le prouve le démoniaque « The Tunnel », qui ne nous donne pas envie d’y rester coincé en leur compagnie. Pas vraiment d’épiphanie à attendre du trio, juste un boulot honnête et bien fait, et les hymnes s’enchaînent, manquant parfois d’un gimmick fort pour retenir l’attention, mais celle de Fabri n’étant pas de faire appel à des astuces putassières pour s’imposer, inutile d’attendre des chœurs de foot ou autre refrain scandé comme à la parade. C’est un choix que je respecte, le Thrash des italiens restant méchant jusqu’au bout, et d’ailleurs, « Survival » nous laisse sur une note de vilénie délicieuse, nous donnant envie de reprendre les choses là où elles avaient commencé. Un retour un peu humble pour les TORMENT, mais qui va leur permettre de se refaire une santé avant la composition d’un album plus imposant.
Titres de l’album:
1. Power Abuse
2. Nothing to Tell
3. Paralysis
4. The War they Feed
5. The Tunnel
6. Explode
7. Greed
8. Alienation
9. Survival
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15