Les suédois font tout mieux que tout le monde, c’est un fait, mais ils aimeraient en plus nous persuader qu’ils auraient pu faire mieux que tout le monde avant tout le monde. Comme s’ils voulaient prouver qu’ils peuvent être autre chose que ce qu’ils sont, sans qu’on se doute qu’ils sont ce qu’ils sont quand même. En gros, qu’on se souvienne qu’ils sont bien suédois, mais qu’on les prenne pour des américains, des brésiliens ou des anglais, voire des allemands. Pourtant, la méthode scandinave est bien éloignée des turpitudes germaines, le pays de la bière et du Metal sans compromis, le seul pays qui accueillait encore dans les années 80 les vieilles gloires des seventies qui trouvaient porte close ailleurs.
Mais je m’égare du nord (merci de lire rapidement ce calembour, je dois le rendre à Alexis Nicolski), et il est temps je crois de présenter ce quatuor sans autre foi ou loi que celle d’un Metal torride, complètement débridé, et rendant hommage à la sidérurgie allemande la plus efficace et productive. Un Thrash fumasse et furieux pour employer les termes idoines, qui se concrétise autour d’une dizaine de titres au rythme soutenu et aux riffs charnus.
ETERNAL EVIL, le nom, le lettrage, la dégaine des musiciens, les textes et références, tout nous renvoie à l’âge d’or de l’explosion du Thrash d’outre-Rhin, entre 1984 et 1985, lorsque le Big 4 allemand se formait sous les soubresauts d’un Thrash diabolique primitif, mais incroyablement persuasif. La pochette en dit long de son guerrier musclé et ensanglanté, triomphant sur un champ de bataille jonché de têtes d’ennemis et de neige rougie par la mort. ETERNAL EVIL est donc en substance la synthèse parfaite de DESTRUCTION, SODOM, KREATOR et TANKARD, avec cette petite touche de bestialité sud-américaine plus sèche que l’original dégoulinant d’hémoglobine et de vengeance de rue.
De fait, Jacob "Ginger" Livåg (basse), Alphonse Bouquelon (batterie), Adrian (chant/guitare) et Tobias Ozzy Lindström (guitare) sont les dignes héritiers de Schmier, Tom, Mille, Gerre, s’en accommodent très bien, et perpétuent un héritage que nul n’a envie d’arrêter de piller. Après tout, se baser sur Endless Pain, Eternal Devastation, The Morning After ou Obsessed by Cruelty n’a rien de condamnable, surtout lorsque la nostalgie est portée à un tel paroxysme. En sus, les choses sont claires dès « Succubus », avec cet aveu implicite qui flotte dans l’air : « nous n’avons rien inventé, mais on s’en bat les mollets ». La franchise et la persuasion étant les armes les plus efficaces dans ce domaine de recyclage, personne ne tiendra rigueur aux musiciens suédois de revendiquer leurs influences.
Alors, quoi ? Alors, un rythme échevelé, des riffs en tranches qui tournent et virevoltent, un chant hargneux mais intelligible, une foi sans failles en ce Thrash brutal mais euphochaotique, et des chansons bordéliques qui en sont vraiment, avec leitmotiv ravageur et fédérateur, et soli approximatifs. Ainsi, « Bestial Fornication » est l’hymne que l’on est en droit d’attendre de quatre hirsutes pareils, avec ses BPM qui sifflent comme des balles autour du trou, et son désir d’accumuler les poncifs pour en faire un gros tas de calcifs.
Sales mais carrés, les ETERNAL EVIL réveillent le diable pour le convier à une partouze sur le pouce. Les trous sont déjà lubrifiés, les vierges attachées, et ne manque plus que la bande-son pour que les liquides séminaux s’écoulent dans les orifices de peau. Mais attention, la partie fine l’est, et malgré une violence omniprésente, ces suédois ont des manières, et savent se présenter sous leur meilleur jour. Ainsi, « Terror of the Sphinx » sonne plus KREATOR qu’un bâillement matinal et chargé de Jagermeister de Mille, alors que le fourbe « Minotaur of Evil » joue les prolongations en limant le Heavy bestial de son gland surchauffé à blanc.
Les métaphores, comparaisons et autres images pourraient s’accumuler pour le plaisir des lubriques, mais en un mot comme en cent, The Warriors Awakening Brings the Unholy Slaughter est aussi concis et clair que son titre est interminable. Truffé de riffs traditionnels, de fills démoniaques, d’enchaînements à la louche mais de précision instrumentale remarquable, il est une ode à la débauche germaine des années 80, et certainement le plus bel hommage qu’on pouvait rendre à l’école allemande.
Décapsulez une bière, ressortez les t-shirts, mimez Ventor en mode air-drums, et envoyez-vous ce premier album jouissif, mais professionnel. Il n’y aucun mal à se prendre pour un adolescent berlinois quand on est un jeune adulte suédois.
Titres de l’album:
01. Succubus
02. Bestial Fornication
03. Terror of the Sphinx
04. The Captors Command
05. Minotaur of Evil
06. The Nocturnal Omen
07. Satanic Forces
08. Rise of Death
09. Eternal Evil
10. Witch's Spell
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