Mine de rien, en tour-bus ou à pied, quarante ans de carrière, ça use les souliers. Même en portant des Docs Martens, ça laisse des ampoules, et ça ruine les lombaires, spécialement lorsque la dite carrière a été consacrée à la pratique d’une musique si amplifiée que les murs de New York City en tremblent encore. Le genre de truc qui se fête avec faste et dignité, et si possible, avec autre chose qu’une compilation faisandée ou un livre retouché. Et avec trente-neuf ans de rétro au compteur, les américains d’OVERKILL s’apprêtent donc à célébrer les quatre décennies passées à prôner des valeurs Thrash et Hardcore, eux qui ont piqué leur propre nom à l’un des hits les plus mortels d’une de leurs influences les plus notables. MÖTORHEAD/OVERKILL, parallèle viable, même combat ? Quelque part oui, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, en termes de foi et d’honneur, puisque les deux groupes n’ont jamais trahi un certain idéal de vie, personnel et artistique, et d’autre part, en termes d’amour pour une musique non édulcorée. Leur parcours pourrait même être mis en comparaison, les deux combos ayant connu des périodes de faste comme des nids de poule sur la route de la rédemption, et si la charnière 80/90 fut difficile à négocier pour les premiers, c’est celle des décades 90 et 2000 que les seconds ont eu du mal à gérer. Mais depuis 2010, le gang new-yorkais a retrouvé la flamme, celle qui animait des albums aussi essentiels que Feel The Fire, Taking Over, ou le toujours trop sous-estimé I Hear Black, et les fans ayant accueilli à mosh ouvert Ironbound n’ont pas oublié le plaisir ressenti à la constatation de grande forme de leur groupe préféré. Depuis, peu de faux-pas, et des œuvres sinon essentielles, du moins torrentielles, mais un phénomène qui se présente sous la forme d’un decrescendo de violence et de surprise, aboutissant aujourd’hui à la parution d’un dix-neuvième album qui ne surprendra plus personne. Alors, label de qualité ou pilotage automatique un peu désabusé ? La question se pose à l’écoute de The Wings of War, qui une fois encore bouscule, jamais ne recule, mais semble faire un surplace assez inquiétant qui risque de découler sur un statisme de condamné…
Enregistré au Gear Recording Studio dans le New Jersey, et masterisé par Chris "Zeuss" Harris (Rob ZOMBIE, QUEENSRŸCHE, HATEBREED), puis emballé dans un artwork signé Travis Smith, The Wings of War n’est qu’une suite logique dans la continuité, et utilise les mêmes recettes que les quatre albums publiés avant lui, qui eux-mêmes capitalisaient sur le succès retrouvé d'Ironbound. Avec les inamovibles D.D Verni et Bobby "Blitz" Ellsworth aux commandes, ce nouveau chapitre de la saga OVERKILL ne propose niveau nouveauté que l’intronisation de Jason Bittner (BURNING HUMAN, HELLSPEAK, SHADOWS FALL, ex-CHINA WHITE, ex-EVER DARK, ex-FLOTSAM AND JETSAM, ex-TOXIK, ex-ANTHRAX) au poste de batteur pour un premier essai discographique qui aurait pu/du connaître des jours meilleurs. Si évidemment le quintette (ces trois-là plus Dave Linsk depuis 1999 et Derek "The Skull" Tailer depuis 2001, tous les deux aux guitares) a gardé le cap sur cette formulation Thrash qui les a rendus si célèbres, avec ces à-coups rythmiques hérités du Hardcore et ces soudaines envolées épileptique estampillées Crossover torpillé, le tout a aujourd’hui des allures de méchante redite qui intervient à intervalles réguliers, pour satisfaire les fans, rester à flot, et tenter d’agrandir la fanbase en jouant la carte de l’agressivité contemporaine qui n’oublie pas le passé d’où elle vient. Le groupe aujourd’hui n’a plus rien de surprenant et préfère jouer la carte de la sécurité, tablant sur sa glorieuse histoire pour convaincre le public de sa pertinence, et c’est justement ce qui choque et chagrine le plus lorsqu’on découvre que les dix nouveaux morceaux auraient parfaitement eu leur place sur des œuvres antérieures sans que personne ne soit choqué. Pourtant, l’intro de « Last Man Standing », pendant quelques secondes, laissait présager d’une alternance à la I Hear Black, avec ses allusions synthétiques réminiscences de cette période charnière ou les ANNIHILATOR, DANZIG et autres WASP tentaient de se raccrocher au wagon Indus qui n’avait déjà plus de place. Mais ces quelques secondes sont bien les seules à faire douter l’auditeur, puisqu’une fois encaissées, le single avant-coureur « Last Man Standing » se contente de faire le job de pitbull derrière sa barrière.
En exergue, toujours la basse de D.D. qui claque sous son Verni, et ce chant si inimitable de Bobby, capable de transcender n’importe quel riff de série B de l’histoire du Metal torride. Et heureusement que le bougre donne de sa personne pour apporter à l’ensemble le cachet qu’on est en droit d’attendre d’un album de la bande, puisque l’instrumental en arrière-plan mouline tout ce qu’il peut pour essayer de faire passer de simples licks usés jusqu’à la corde pour des idées nouvelles. C’est simple, les plans d’un titre à l’autre semblent parfois si interchangeables qu’on a le sentiment d’avoir droit à un best of de cette dernière décade, plus particulièrement lorsque les mélodies s’imposent au détriment de la furie. Non que le résultat soit navrant, mais pire, il est prévisible, attendu, convenu, et presque trop sage dans la violence. Heureusement, parfois, le quintet se souvient que la mission qui lui a été confiée est de nous bousculer, et les agencements se font plus chaotiques, à l’image de cet infernal « Out On the Road-Kill », judicieusement placé en fin de parcours pour nous redonner un peu d’énergie dans l’attente. Mais les mélodies ne sont pas les seules fautives, puisque même lorsque la machine s’emballe son rendement reste discutable…Ainsi, l’assez grotesque « Bat Shit Crazy » semble s’ingénier à broder sur un thème qui aurait pu être commun à Jeff Waters et James Hetfield, alors que le chant du pauvre Bobby s’égare dans un flow presque rappé que d’incongrues guitares acoustiques viennent soudain stopper. On se demande d’ailleurs si toutes les idées contenues dans ce morceau étaient faites pour être assemblées, tant l’inspiration semble voguer au gré du Post Grunge et du Post Thrash 2K sans vraiment trouver leur port d’attache. Le constat semble un peu cruel sur les bords, il est pourtant tout ce qu’il y a de plus objectif, et mis à part deux ou trois saillies qui font mouche, la plupart des titres de The Wings of War ratent la cible d’avoir tiré trop vite et sans viser juste.
Mais OVERKILL tente sa chance, et s’il rate le coche, il n’en tombe pas pour autant dans la parodie pathétique. Le groupe semble juste à court de jus, ce que souligne cette production certes effective dans les graves, et efficiente dans les médiums, mais étrangement anonyme dans les faits. Même les portions les plus évolutives laissent dubitatif, à l’instar du long « Distorsion », qui nous laisse en porte à faux entre la consternation d’un Heavy Thrash gras du bide et l’interrogation d’un Néo Heavy lourd mais mélodique. Et les segments plus courts et concis, malgré des chœurs qui parfois dynamisent, retombent comme un soufflet trop cuit dont les ingrédients ont trop servi (« A Mother's Prayer »). Evidemment, et en restant objectif, les new-yorkais, même en mode facile planent largement au-dessus de la mêlée, mais c’est plus le métier qui parle que le flair, et on regrette que depuis 2010, D.D et Bobby se contentent du minimum syndical, répétant ad nauseam les mêmes percussions qui finissent par tourner en rond. Fort heureusement, quelques morceaux rentre-dedans nous gardent sur les rails (« Welcome to the Garden State » croisement ludique entre BIOHAZARD et HELLOWEEN, surprenant mais entraînant), et le bilan est loin d’être consternant. Mais on se demande quand même comment OVERKILL va négocier sa quatrième décennie autrement qu’en se reposant sur ses propres lauriers.
Titres de l'album :
1. Last Man Standing
2. Believe in the Fight
3. Head of a Pin
4. Bat Shit Crazy
5. Distorsion
6. A Mother's Prayer
7. Welcome to the Garden State
8. Where Few Dare to Walk
9. Out On the Road-Kill
10. Hole in my Soul
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