Je ne vais pas me la jouer, le nom du groupe et la superbe pochette de ce nouvel album ont beaucoup joué dans l’existence même de cette chronique. D’instinct, j’évite viscéralement tout ce qui est accolé du terme « gothique », tant le mot est galvaudé depuis le premier cauchemar de Peter Murphy. Tout est gothique ou plus ou moins de nos jours, et il suffit parfois de porter des New-Rock et d’avoir deux ou trois poupées Monster High pour se proclamer comme tel. Et croyez-moi, les poufs gothiques made in Facebook, j’ai passé l’âge et le seuil de tolérance. Ainsi, les LESBIAN BED DEATH, malgré leur iconographie plus que sympathique et leur nom évoquant les troubles sexuels des lesbiennes qui après quelques années de partage de lit ne se désirent plus, partaient avec un sérieux handicap. Pourtant, le groupe de Stoke-On-Trent peut se targuer d’une discographie abondante, et d’une crédibilité indéniable dans le milieu. En totale indépendance, le combo anglais à la chanteuse au joli minois a donc produit une œuvre conséquente, avec pas moins de sept albums en quinze ans d’existence.
Toujours mené par Mr Peach et son propre label, LESBIAN BED DEATH est l’archétype du groupe en trompe l’œil, qui attire d’abord les mirettes avant d’en mettre plein les oreilles, dans un créneau qui supporte très bien la médiocrité, et les fêtes d’Halloween de pacotille avec déco en plastique et squelettes la Foir’fouille. Qu’on aime on qu’on n’aime pas le Rock gothique moderne à inclinaison Metal, il convient de reconnaitre les facultés de composition d’un groupe qui sait encore ce que le terme « tube » veut dire, et qui adapte son ramage à son plumage. Pourtant, avec pas moins de quatorze titres pour une heure de jeu, The Witching Hour célèbre les sorcières en grandes pompes, et titille le spectre de la redondance avec insistance. Entre d’autres mains, cette heure de musique aurait sonné comme le rappel battu par le coroner du coin, après minuit, mais les anglais ont plus d’un tour dans leur sac, et savent varier les tours pour avoir des bonbons.
Pour qui les connaît et les suit depuis des années, The Witching Hour ne fera pas tâche dans leur parcours. Cet album, septième du nom, est un modèle d’intelligence ludique et de modestie créative. Basé sur un principe simple de Pop jouée Rock et Metal, cet album propose des arrangements sympathiques, des atmosphères sexy et morbides, et surtout, une bonne pelletée de tubes qu’on se reprend à siffloter des heures après écoute. Entre syncopes sensuelles et fête foraine pour vampires sympathiques, LESBIAN BED DEATH est une célébration hédoniste d’un mode de vie moderne, et d’une tolérance qui éclate à chaque sillon numérique. La voix incroyablement acidulée et juvénile de Sienna Venom est comme une sucette sucrée pour les oreilles, et la rythmique de Aaron Samedi martèle juste ce qu’il faut pour ne pas perdre le tempo.
On pense à une version beaucoup plus sage et consensuelle des diaboliques STOLEN BABIES, sans ce maudit accordéon, mais aussi à un WHITE ZOMBIE des débuts, plus euphorique, et à pas mal de combo Riot des années 90. Du plaisir donc, et des chansons que BLONDIE aurait pu composer avec un état d’esprit moins arty. Quelques réminiscences teen d’une Katie Jane Garside décapitant ses poupées avec un sadisme achevé, et surtout, de la musique, de la très bonne musique, à l’image de ce « Breakfast at Tisiphone’s » au riff redondant comme un ballon gonflé à l’hélium.
On aurait évidemment pu souhaiter un écrémage plus poussé, histoire de se débarrasser de cette couche de crème un peu épaisse qui stagne au sommet de l’album. Tous les morceaux ne sont pas indispensables, mais ils forment assemblés une symphonie d’exubérance qu’il serait injuste de critiquer. D’autant que la guitare de Mr Peach ne chôme pas, et tronçonne dans le gras sur nappage de chœurs diaboliques (« Bring out Your Dead »). Le leader du groupe n’a pas fait semblant au moment de composer, et lâche les watts pour une fiesta punky en diable, avec sorcières en string et infirmières au décolleté généreux.
Un peu Alternatif sur les bords, parfois Néo, avec une légère inspiration MANSON lorsque le climat se tend et devient plus tribal et élastique (« Mirror Demon »), The Witching Hour est un Bloody Mary répété cinq fois face à un miroir déformé dans une vielle masure à deux doigts de la démolition, et prône des valeurs de plaisir fugace qu’on oublie trop souvent en vieillissant. Mais même à cinquante ans presque tapés, un truc aussi up que « Molly Leigh » donne des fourmis dans les mollets, et « Chucky » nous donne envie de ressortir les poupées horror du placard pour jouer à un jeu de massacre grandeur nature.
Bien équilibré, ce septième tome des aventures anglaises se savoure piquant, légèrement CULT sur les bords du bâton (« Sugar-Coated Terror »), l’âme parfois plus romantique et radiophonique (« Devil Woman »), et enregistré en plein COVID en trio avec l’aide de l’ami Steve Lethal pour la basse et les soli, reste d’une solidité et d’une exubérance exemplaires. La Toussaint approchant à grands pas, LESBIAN BED DEATH la célèbre avec un peu d‘avance, et vous promet une fête du tonnerre. Préparez vos déguisements.
Titres de l’album:
01. The Scorpion
02. Breakfast at Tisiphone’s
03. Sabrina
04. The Witching Hour
05. Bring out Your Dead
06. Toxic
07. Mirror Demon
08. Molly Leigh
09. Vampires
10. Chucky
11. Sugar-Coated Terror
12. Tears of the Gods
13. Thirteen Steps to the Gallows
14. Devil Woman
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