Theatre of the Mind

Black Oak County

26/04/2019

Mighty Music

Me voilà donc de retour sur les terres du Hard Rock plus classique, d’ailleurs à la limite du Classic Rock, s’il n’y avait cette distorsion très présente et cette énergie de tous les diables. Il est d’ailleurs bon de se recentrer parfois et d’abandonner les méandres obscurs de l’underground pour se concentrer sur une musique plus fondamentalement consensuelle, même si je tiens ce mot en horreur. N’est-ce pas Wayne Campbell qui lui-même affirmait que LED ZEPPELIN n’était même pas universel entre deux émissions et autres blagues potaches ? Des proportions plus humaines donc, des prétentions plus humbles, mais pas moins de talent pour autant, et même sans remarquer que ce groupe nous vient du Danemark et donc garant d’une qualité indéniable, il est aisé à l’écoute de sa musique de comprendre qu’il ne souhaite pas révolutionner le monde du Rock, mais lui apporter une fraîcheur lui faisant souvent défaut. BLACK OAK COUNTY, BLACK COUNTRY COMMUNION, le parallèle nominatif pourrait être établi assez facilement, et pourtant, même si les deux groupes partagent certaines conceptions, leur approche du Hard-Rock n’en est pas moins différente, au moins autant que les époques les ayant inspirés. Si le groupe de Glenn Hughes s’abreuve de ces seventies qu’il a lui-même connu au sein de DEEP PURPLE, les danois de BLACK OAK COUNTY semblent plus fondamentalement obsédés par les nineties et le nouveau siècle, et il n’est pas étonnant de les voir souvent comparés aux BLACK STONE CHERRY, bien qu’artistiquement, les différences soient de plus en plus notables. Et pour cause, puisque le BLACK OAK COUNTY n’est plus vraiment le même qu’hier, ou avant-hier.

Avant-hier plus précisément, puisque le dernier (qui fut aussi le premier) LP des danois date de 2017, ce fameux éponyme qui avait attiré l’attention de magazines référentiels comme Classic Rock Magazine ou Metal Hammer. Il faut dire que cette introduction brisait cinq ans de silence, ces cinq années qui le séparaient de la création du groupe en 2012. Fondé à Esbjerg il y a donc sept ans, BLACK OAK COUNTY était à la base un quatuor, formation qu’il a conservée pendant un bon moment, avant que son chanteur Niels Beier ne se décide à arrêter complètement la musique pour se concentrer sur d’autres activités. C’est donc à un power-trio auquel nous avons affaire aujourd’hui, les trois musiciens restant ayant choisi de ne pas choisir, et de refuser l’exercice Ô combien difficile du changement de vocaliste. C’est donc le bassiste René Hjelm qui tient aujourd’hui le micro, acceptant la lourde tâche de faire oublier une voix qui avait marqué de son empreinte un premier album prometteur, et après écoute, avouons que l’homme s’en tire plus que bien. Son timbre, plus posé et lisse convient parfaitement au léger glissement artistique opéré par le trio, qui avec Theatre of the Mind se veut plus modéré et modulé, mais terriblement ancré dans une époque qui regarde autant vers le passé qu’elle n’accepte le présent. Produit par Jacob Hansen (AMARANTHE, PRETTY MAIDS, DIZZY MIZZ LIZZY, VOLBEAT), mixé et masterisé par Jonas Haagensen, Theatre of the Mind est donc la nouvelle scène des danois, qui lorsque le rideau se lève laisse apparaître un ensemble sûr de son fait, et maître de son destin, armé de chansons simples, aux refrains symptomatiques de mélodies en vogue il y a vingt-cinq ans, mais légèrement remises au goût du jour. A l’aise dans son nouveau costume, le combo se lâche donc au gré de dix compositions qui ne cherchent pas la petite bête, mais qui procurent des sensations plus tangibles, de celles qu’on ressentait dans les années 90 lorsque le Hard Rock se teintait d’une patine de nostalgie abrasive pour s’adapter à son contexte humain.

Lâchant quelques influences au détour de sa page Facebook (BLACK SABBATH, MOTÖRHEAD, PRIDE & GLORY, SOUNDGARDEN, BLACK LABEL SOCIETY, BLACK STONE CHERRY, ALICE IN CHAINS, GODSIZED, HELLFUELED, SPIRITUAL BEGGARS, ALTER BRIDGE, SLASH, ZAKK WYLDE, ZZ TOP, OZZY OSBOURNE, LAMB OF GOD…), BLACK OAK COUNTY ne fait pas grand mystère de son éclectisme, même si la plupart des noms cités n’ont qu’un lointain rapport avec les dix nouveaux morceaux qu’ils nous offrent. Première constatation, le son est bon, très même, légèrement gonflé mais avec cette sincérité qui a fait que les nineties flottent encore dans les mémoires comme la décade de la franchise. Plus nivelés, mais pas moins honnêtes, les trois musiciens n’ont pas vraiment bousculé les bases de leur approche, et se contentent toujours de riffs simples et directs, de breaks immédiats et d’harmonies un peu amères (« I Know You’re Lonely ») pour propager leur message Rock, toujours aussi convaincant, puisque reposant sur des principes de qualité. Entre mid tempi soulignés et burners en forme de clin d’œil (« Stick To My Guns », le genre de truc que SLASH aime bien tripoter en compagnie de Miles Kennedy), Theatre of the Mind est un petit bijou de sensations fortes rendues plus abordables par une vision policée mais pas aseptisée, et si ce second album ne bénéficie pas de l’effet de surprise du premier, il confirme dès « Watch Your Back » que l’heure n’est pas à la temporisation, mais bien à la course en avant tout en surveillant ses arrières. Cette ouverture aux guitares aiguisées et aux percussions en écho semble prendre plaisir à synthétiser la science mélodique des HAREM SCAREM et l’immédiateté Rock des BLACK STONE CHERRY, pour rappeler les débuts des STONE TEMPLE PILOTS, de CREED et autres figures de proue d’une époque pas si révolue que ça.

Ça joue carré, propre, mais pas édulcoré, puisque la puissance est toujours aussi palpable, la basse se satisfaisant très bien de son rôle de pivot central, et l’ambiance à la ALTER BRIDGE/FOO FIGHTERS est plus qu’agréable, et rappellera sans doute de bons souvenirs à la génération X. Pas vraiment de faute de goût sur cette suite qui confirme le potentiel, et « Since You’ve Been Gone » de trépider d’un binaire franchement dansant, sur lequel le phrasé de René Hjelm fait merveille. En trente-sept minutes et pas plus, les danois précisent encore une fois qu’ils ne sont pas venus jouer les doublures, et lâchent l’énergie pour nous doper d’hymnes à la joie de jouer (« Sycophanic»), sans pérorer, mais en s’appuyant sur des arguments agencés. Un second LP qui permet donc aux BLACK OAK COUNTY de se poser en leaders d’une nouvelle génération danoise avide de Rock, mais pas au point de piller le passé pour se construire un avenir prévisible.        


Titres de l’album :

                        1. Watch Your Back

                        2. Just Another Psycho

                        3. My Change To Change

                        4. Since You’ve Been Gone

                        5. Pretty Pistol

                        6. Sycophanic

                        7. Wasted Life

                        8. I Know You’re Lonely

                        9. Stick To My Guns

                       10. Theatre Of The Mind

Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 10/05/2019 à 16:32
80 %    1048

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Obscura + Gorod + Skeletal Remains

RBD 17/02/2025

Live Report

Doom, Rock'n'Roll & Vin rouge

Simony 10/02/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : le tape-trading

Jus de cadavre 09/02/2025

Vidéos

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

Mold_Putrefaction 28/01/2025

Live Report

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

RBD 23/01/2025

Live Report

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : MONOLITHE

Jus de cadavre 15/12/2024

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Styx

De rien, avec plaisir amie métalleuse.   

20/02/2025, 19:34

Moshimosher

Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...

20/02/2025, 19:08

Humungus

J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...

20/02/2025, 18:52

l\'anonyme

Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé. 

20/02/2025, 09:27

Simony

Hello Styx, problème remonté à notre webmaster, merci.

20/02/2025, 08:00

Tourista

Ça devient de la chaptalisation ce rajout permanent de groupes.

20/02/2025, 06:42

LeMoustre

Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci. 

19/02/2025, 17:51

Styx

Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.

19/02/2025, 16:32

Ivan Grozny

Merci pour le report, ça me tente bien d'y aller jeudi à Paris.

18/02/2025, 22:44

Jus de cadavre

Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !

17/02/2025, 21:39

Saul D

Moi je regrette quand même le line up des années 80...mais bon....

17/02/2025, 14:08

RBD

Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)

17/02/2025, 13:18

Humungus

Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)

17/02/2025, 06:50

RBD

C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)

15/02/2025, 18:14

Humungus

Super titre !Cela donne envie putain...

14/02/2025, 09:45

NecroKosmos

Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)

14/02/2025, 05:50

Warzull

AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)

13/02/2025, 18:38

Jus de cadavre

Toujours le même riff depuis 35 ans    Mais toujours efficace !

13/02/2025, 17:13

Simony

Excellente initiative, dommage que je sois si loin !

12/02/2025, 07:08

RBD

Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)

12/02/2025, 01:30