Posons quelques bases. Qu’attend-on en 2019 d’un bon album de Power Metal ? Pour être clair et ne pas tergiverser, la même chose qu’on pouvait en attendre lorsque le style s’est vu décoré de ses lettres de noblesse dans les années 80. Des rythmiques enlevées, rapides comme l’éclair, des guitares volubiles et maniant la saccade avec flair, un chant lyrique aux aigus prononcés, et surtout, des refrains à foison, dramatiques, opératiques, renforcés par des chœurs collégiaux aux harmonies cristallines. En gros, tout ce que des groupes comme HELLOWEEN, SCANNER, BLIND GUARDIAN nous ont offert il y a trente ans de cela, et que leurs descendants plus ou moins directs ont fait capitaliser de leur passion sans failles. Sous cet angle-là, tout album respectant ce cahier des charges à de grandes chances d’enthousiasmer les fidèle du cru. Il n’est en effet pas difficile d’appliquer les recettes sans s’en éloigner, mais ce qui fait la différence entre une œuvre scolaire et une dimension plus épique reste l’implication des musiciens et leurs capacités techniques, mises évidemment au service d’une musique joyeuse, aux aléas prévisibles, mais qui saura nous apporter un lot conséquent de pensées positives et de lignes mélodiques soutenues. Je peux donc affirmer sans exagération que le second LP des allemands de THORNBRIDGE est une réussite totale, largement au-dessus du lot, et qui se permet même de toiser les plus grands achèvements du genre. On y retrouve la bonne humeur et le côté ludique du Keeper of the Seven Keys Part II des citrouilles, l’élan guerrier de la période la plus fertile de BLIND GUARDIAN, et cette touche moderne des POWERWOLF qui permet aux morceaux de s’extirper d’une nostalgie un peu trop prononcée. Et de fil en aiguille, d’envolée lyrique en accélération limite Thrash, Theatrical Masterpiece finit par mériter son titre, sans forcer, mais en appuyant sur ses bons côtés.
What Will Prevail, publié en 2016 annonçait déjà la couleur. On sentait que les originaires d’Alzenau, sans avoir quelque chose de vraiment novateur à proposer, étaient largement capables de se hisser au-dessus de la mêlée, sans avoir à forcer leur talent naturel. Certes, le tout était encore formel, les morceaux classiques dans le fond et la forme, mais on décelait ce petit plus qui fait les grands groupes susceptibles de s’imposer sur la durée. Ce second chapitre était donc très important pour le quatuor (Mo - chant/guitare, Pat - guitare, Burghi - basse et Lucky - batterie), et autant dire qu’il a transformé l’essai de la plus convaincante des façons, sans vraiment révolutionner son approche. On retrouve donc sur ce nouvel LP tout ce qui fait le charme des allemands, cette façon d’intégrer la légèreté Folk dans un contexte purement Power et Speed Metal, cette tendance à parfois se laisser aller à des digressions plus Heavy sans sombrer dans une lénifiante niaiserie, ce talent inné pour trousser des refrains qui marquent les mémoires à la première écoute, et surtout, ces capacités techniques qui transcendent tous les clichés sans verser dans la démesure que certains groupes prennent pour du lyrisme dramatique sur mesure. Ici, rien n’est exagéré, rien n’est forcé, tout semble couler naturellement des pores de l’inspiration, et c’est avec bonheur qu’on déguste ces onze nouveaux hymnes à la joie de jouer, qui nous emportent dans leur tourbillon d’exubérance. Et là encore, malgré un tracklisting fourni, le groupe a joué la carte de la finesse et de la présence d’esprit, puisque le chronomètre s’arrête juste quand il faut, bien avant que l’ennui ne commence à pointer le bout de son nez. Car même si les morceaux atteignent tous une durée plus que raisonnable (entre quatre et six minutes en moyenne), le remplissage n’est pas à l’ordre du jour, et chaque plan sonne indispensable à une structure plus globale.
Dès lors, inutile de le nier, l’ensemble sonne aussi classique qu’un effort du cru de grande qualité, mais c’est justement cette honnêteté et cette sincérité qui permettent à Theatrical Masterpiece de s’extirper de la masse grouillante d’albums qui forcent trop sur l’aspect vintage, oubliant par la même de travailler leurs compositions. Ici, ce sont les chansons qui sont les plus importantes, et non le barnum qui les entoure, et une simple écoute au court et lapidaire « Theatrical Masterpiece » suffit à s’en persuader. Rythmique à la « Save Us » d’HELLOWEEN, joie dans les lignes vocales qui chantent pourtant des thèmes pas forcément hilarants (inquisition, torture au moyen-âge, on a fait plus enthousiasmant), riffs qui n’en font pas trop mais qui trouvent les motifs qui accrochent l’oreille, et soli qui s’enflamment à la moindre occasion, pour un bel équilibre harmonique évitant l’écueil dangereux et aliénant du True Metal un peu trop sérieux. Léger mais puissant, le cocktail proposé par les THORNBRIDGE enivre délicatement, mais ne laisse pas sur le flanc, et l’adjonction de parties un peu plus touffues que la moyenne permet de densifier le tout et le rapprocher d’un Heavy Thrash convaincant, sans trop accentuer sur la violence. Et plus que de violence, il convient de parler de vitesse et d’adresse, bien que l’optique médium convient parfaitement au quatuor. Lors des moments les plus apaisés, les musiciens font preuve d’une adresse dans la créativité, qui les rapproche encore plus de la période nineties faste des BLIND GUARDIAN, ce que « Keeper Of The Royal Treasure », confirme avec son parfum passéiste mais réaliste très prononcé. Ça joue bien, carré, précis, mais avec ce petit grain de folie qui autorise les refrains à sonner comme des chansons de marins, entonnées une fois la nuit tombée.
Lorsque la montre oublie de s’arrêter, les idées n’en font pas de même, et l’homérique « Revelation » d’en être une, renversant tout sur son passage, et nous soufflant de sa respiration épique. Enrobé dans une production claire aux graves rebondissant et aux médiums agressifs, Theatrical Masterpiece se montre varié et louvoie entre fast et mid, pertinent dans les deux cas. La voix de Mo est toujours aussi agréable à l’oreille, nous épargnant les geignements opératiques des vocalistes les plus prétentieux, et lorsque les backing vocals se mettent en branle, le tout à des allures de conte médiéval, sans les aspects les plus lénifiants du Folk Metal. Pas un titre à jeter, puisque le groupe a fait le tri avant de tout balancer, et une épopée qui se suit avec bonheur, entre Heavy light à l’allemande (« The Helmsman »), et Speed euphorique probant (« Set The Sails »). Une réussite totale que ce second album des quatre conteurs germains, et une synthèse habile des us et coutumes Power Metal anciennes et modernes. Et sans aller jusqu’à parler de chef d’œuvre théâtral, Theatrical Masterpiece se pose en confirmation incontestable d’un talent déjà repéré quelques années auparavant.
Titres de l'album :
1. Take To The Oars
2. Theatrical Masterpiece
3. Keeper Of The Royal Treasure
4. Revelation
5. Demon In Your Heart
6. Journey To The Other Side
7. Ember In The Winter Grove
8. Trace Of Destruction
9. The Helmsman
10. Set The Sails
11. The Dragon's Sleeping
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