Du Black Metal suédois. Ecrit comme ça, ça peut vouloir dire plein de choses, et à une époque, c’était même une évidence. Le Black était suédois, norvégien, et point barre. Et puis les autres s’y sont mis, les français, les allemands, les italiens, les anglais, les russes, les polonais, les tchèques, mais n’oublions pas que tout est parti de là-bas, de ces deux pays qui dans les années 80 ne voulaient absolument rien dire en termes de Metal extrême. Mais depuis quelques temps, la Suède semble n’avoir à cœur que de rattraper son retard et de combler le vide de succès des années 80 qui n’auront laissé dans les mémoires que de rares noms, dont ceux d’EUROPE et 220 VOLTS. Alors, on vintage, on customise, on reprend à sa sauce, et on laisse les autres gérer l’héritage de brutalité à tel point qu’une sortie estampillée BM suédois devient rare, et d’autant plus appréciable. Si tant est que la dite sortie respecte les critères de qualité édictés par les formations de légende. Ce qui est assurément le cas de MALAKHIM, qui pendant quelques années n’est resté qu’un nom murmuré par quelques lèvres. Fondé en 2017, le quintet de Västerbotten (TK - basse, VT - batterie, AK & AN - guitares, E - chant) a pris son temps pour écrire sa saga, mais s’est immédiatement fait repérer par les esthètes allemands d’Iron Bonehead, qui ont sauté sur leur première démo, illico pressée en CD. Le label en a fait de même avec le premier EP du groupe, sorti deux ans plus tard, et qui gravait dans le marbre les commandements du combo. Il est donc légitime que la maison de disques soit encore là pour épauler le quintet au moment de lâcher son premier album, ce terrifiant monolithe de violence qu’est Theion.
Theion ne propose absolument rien de neuf, mais perfectionne encore plus l’approche développée sur la première démo et le premier EP. Un BM traditionnel, éminemment violent, légèrement Punk sur les bords, et de temps à autres illuminé de mélodies amères disparates. Un BM tel qu’on le joue en Suède depuis la nuit des temps, noir, nihiliste, bestial mais précis, celui-là même qui sert de comparaison systématiquement, dès que des musiciens fardés essaient d’en perpétrer la violence. Et c’est sous une superbe pochette signée du talent de Mitchell Nolte que nous découvrons ces huit morceaux qui ne jouent pas la montre, et qui se contente des idées les plus porteuses pour traduire dans un langage historique des ambitions actuelles. Alors, de fait, tout y passe, à commencer par la production massive à rendre Morgan Steinmeyer Håkansson et Ihsahn fous de jalousie, d’autant plus que les MALAKHIM se montrent allusifs à leur univers respectifs en plus d’une occasion. C’est en tout cas ce qu’on note sur « Slither O Serpent », qui combine la puissance écrasante de MARDUK et la grandiloquence symphonique d’EMPEROR, sans plagier l’un ou l’autre. Car le BM des suédois est personnel dans son respect, et si le reflet que renvoie le miroir de Theion semble familier, une multitude de détails finissent par être remarqués. Notamment cette utilisation très intelligente des coupures qui relancent le rythme, et cette façon d’aérer la noirceur avec la luminosité de riffs plus Punk que d’ordinaire (« Merciless Angel Of Pestilence »). Beaucoup de formalisme donc, mais traité avec une approche individuelle qui permet à ce premier longue-durée de se démarquer de la faune habituelle des forets suédoises.
Il faut dire qu’avec une entame aussi majestueuse que malsaine comme « There Is A Beacon », la barre est placée haute, et l’esprit des deux premiers formats encore plus impressionnant de maîtrise. En ayant recours assez souvent à un mid tempo pilonné comme un mantra, le quintet ose donc la rupture, et les blasts, bien présents, ne sont pas qu’un gimmick qu’on refourgue comme une figure imposée. Les accélérations ont donc leur propre raison d’être, et si les guitares adoptent l’acidité des premiers forfaits de MAYHEM, elles n’hésitent jamais à revenir dans le giron des licks les plus ténébreux. De fait, avec seulement quarante minutes de pratique, Theion ne lasse pas, accentue les différences entre les segments, et insuffle à chaque piste une âme qui lui est propre. Ainsi, E trouve une théâtralité de chant qui n’est pas sans rappeler le grand Attila Csihar sur la tranche de vie guerrière de « Chalice Of Ruin », alors que le groupe au complet emballe les débats via le surpuissant « His Voiceless Whisper ». Et cette seconde partie d’album a d’ailleurs tendance à accentuer les aspects les plus violents du combo, qui se manifestent via de courtes déclarations d’intention comme le cruel et impitoyable « Hammer Of Satan ». On imagine alors très bien un guerrier scandinave revenu de la mort pour prendre sa revanche, écrasant la tête de ses ennemis avec un marteau géant, à tel point que l’on peut presque entendre les cranes craquer sous l’impact des baguettes de VT.
Alors bien sûr, tout ceci a déjà été entendu des centaines de fois dans l’histoire, mais je ne peux m’empêcher de penser que pour un premier album, Theion fait preuve d’une maturité incroyable. Et si Iron Bonehead va jusqu’à citer des labels légendaires comme Solistitium records et No Fashion, n’y voyez aucune prétention, le parallèle étant plus que valide. Tout en restant dans des balises raisonnables de créativité, MALAKHIM s’affirme déjà comme un futur leader de la scène suédoise, prêt à déferler sur le monde dès qu’il s’y attendra le moins. 2021 commence donc sous les auspices les plus cruels qui soient.
Titres de l’album:
01. There Is A Beacon
02. Merciless Angel Of Pestilence
03. Slither O Serpent
04. Chalice Of Ruin
05. His Voiceless Whisper
06. Hammer Of Satan
07. The Splendour Of Stillborn Stars
08. Theion
C'est vrai que l'album est bon mais c'et aussi vrai que c'est du déjà entendu. Avis partagé par cette chronique.
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