Quoi de plus jouissif qu’un album qui vous explose à la gueule dès ses premières mesures ? Je ne me suis jamais vraiment remis de l’attaque du légendaire The Great Southern Trendkill de PANTERA, et je n’aime rien tant que ces entames qui ne prennent pas de gants pour nous en coller une bonne sur les deux joues. Et inévitablement, j’ai savouré toutes les mesures de « Force Fed Fear » du collectif international SIEGE OF POWER, entame atomique qui permet au concept de retrouver les avant-postes de l’actualité, et à raison. Et même plusieurs.
Si vous n’avez pas suivi l’affaire dans Gala ou Jours de France, SIEGE OF POWER est le supergroupe à la mode depuis quelques années, puisqu’il cache en son sein de véritables légendes de la scène. Principalement, Chris Reifert (AUTOPSY, STATIC ABYSS, ex-ABSCESS, ex-DOOMED, ex-THE RAVENOUS, PAINTED DOLL, VIOLATION WOUND, ex-BURNT OFFERING, ex-FRIGHTMARE, ex-DEATH) qui vient beugler comme un sanglier blessé, mais aussi des lieutenants fameux.
Paul Baayens (ASPHYX, THANATOS, ex-CREMATION, ex-HAIL OF BULLETS, ex-FIRST CLASS ELITE) à la guitare, Theo van Eekelen (GRAND SUPREME BLOOD COURT, ex-HAIL OF BULLETS, ex-MINOTAUR HEAD, ex-HOUWITSER, ex-THANATOS, ex-JUDGEMENT DAY, ex-FIRST CLASS ELITE) à la basse, et Bob Bagchus (BEAST OF REVELATION, GRAND SUPREME BLOOD COURT, HELLEHOND, PHANTOM DRUID, THRONE, INFIDEL REICH, ex-EVOKER, ex-MINOTAUR HEAD, ex-ASPHYX, ex-SOULBURN, ex-TO THE GALLOWS, ex-FIRST CLASS ELITE) à la batterie, du solide de chez solide donc, pour une appropriation des codes du Thrash/Death, celui fermement ancré dans les eighties et l’orée des nineties.
Warning Blast, de son titre et de son énergie nous avait prévenu des intentions de ces malandrins, mais This Is Tomorrow va encore plus loin dans la sauvagerie et l’absence d’empathie, se montrant encore plus sombre et agressif que son aîné. Concentré de haine pure, ce second long de la tribu nous charcle les tympans sans compassion pour une éventuelle perte d’audition, multipliant les riffs classiques et les accélérations mortelles. Et avec une mise en jambes de la vélocité de « Force Fed Fear », la partie est déjà à moitié gagnée.
Du beau monde, du beau linge, des tâches de sang, et une certaine idée de la nostalgie, portée par les légendes d’ASPHYX, AUTOPSY, MASTER, SLAYER, GRIP INC, et j’en passe. Du Thrash vraiment pas beau, trempé dans les eaux croupies d’un vieil ossuaire suintant, pour rendre un hommage aux pionniers du genre sans oublier de se caler entre deux manifestes de son époque.
Bourrin autant qu’un side-project de Reifert peut l’être, This Is Tomorrow se veut équivalent musical d’une pochette superbe, macabre à souhait, dans la plus droite lignée des obsessions majeures de notre cher Chris. Mais attention, loin de la facilité en lourdeur majeure d’AUTOPSY, SIEGE OF POWER reste accroché aux basques de la vitesse inhérente au Thrash le plus bourrin, celui qui fonce dans le tas et qui réfléchit le lendemain (« Zero Containment »). Intelligemment agencé, ce nouveau-né pousse des hurlements à faire pâlir n’importe quelle nounou est-allemande élevée par le Stasi, mais sait aussi ménager des instants de terreur pure, lorsque les BPM reculent d’un ou deux crans. Et dans ce cas précis, les mélodies prennent le pas sur la violence, des mélodies évidemment amères comme un jus de cadavre (sic) plus trop frais, même si Bob Bagchus ne peut guère s’empêcher d’emballer les débats en mode tir de rafale.
Aussi classique qu’il n’est savoureux, This Is Tomorrow est le type même d’album old-school pertinent, et qui ne se contente pas de refourguer les mêmes astuces qu’il y a quarante ans. Même si les effluves d’un SLAYER nauséabond parviennent assez régulièrement aux narines (« As the World Crumbles », du King/Hanneman repris à la sauce AUTOPSY), le projet parvient à garder son indépendance, sans avoir à assumer une tutelle gênante. Alors, entre deux directs dans l’estomac qui font remonter les côtelettes (« Oblivion »), SIEGE OF POWER s’autorise quelques fantaisies plus modérées, mais pas moins cruelles.
La plus vilaine étant sans conteste l’écrasante « Deeper Wounds », six minutes de violence proches d’un Black Metal artisanal, avec un chant dégueulé comme à la parade d’un premier de l’an trop bien fêté avec du mauvais vin. Redondant à outrance, ce titre épique permet à l’équipe de saluer la mémoire de feu Quorthon via une relecture de ses légendes Viking, tout en s’enfonçant de plus en plus profondément dans l’horreur.
Mais même l’horreur peut se montrer sous un visage souriant, comme si SODOM et MOTORHEAD se livraient à un concours de grimaces (« The Devil's Grasp »). Des fondations solides pour une construction qui éclipse le soleil, et qui nous plonge dans les ténèbres d’un Thrash//Death impitoyable et mémorable. Et comme on ne s’amuse jamais plus qu’en exagérant des traits déjà caricaturaux, Chris se permet une intervention bien grognon sur le morbide et HELLHAMMER « No Salvation », histoire de passer en revue tous les détails de la légende brutale.
Un sacré disque en forme d’exutoire, qui renvoie la concurrence vintage dans les cordes de l‘apprentissage. Costaud, épais comme un gros glaviot de chiqueur, This Is Tomorrow brosse le tableau de lendemains tout sauf rieurs, qui risquent méchamment de nous faire peur. Un avenir placé sous le signe d’une mort lente et inévitable, quelque part entre l’apocalypse et l’extinction progressive.
Bien fait pour nous.
Titres de l’album:
01. Force Fed Fear
02. Sinister Christians
03. Scavengers
04. Zero Containment
05. Ghosts of Humanity
06. As the World Crumbles
07. Oblivion
08. Deeper Wounds
09. The Devil's Grasp
10. No Salvation
11. This Is Tomorrow
C'est une de mes sensations du moment. J'avais déjà bien aimé le premier, mais là le potentiel d'une équipe ultra expérimentée au haut niveau se montre vraiment. C'est du Death Thrash vicieux, sale sur les bords, bien enraciné dans ses bases nommées dans la chronique... J'appuie la recommandation.
Humungus approuve ce message.
Ah bordel c'est excellent ! J'adore la prod.
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30