Vous imaginez le truc ? Genre, sur le tarmac, fin d’après-midi d’été, Iceman qui descend de son zinc, et qui toise Maverick du regard, pétri de certitudes…
« Hé mec, t’as vu mon piqué ? Sérieux, je voyais tes ailes trembler dans le reflet de mes Ray-Ban »
Silence de Maverick, sourire entendu du mec sûr de lui, qui va assener le coup de grâce.
« Tes Ray-Ban ? Mec, reviens sur terre. Tes lunettes, c’est du made in China. Et moi, pendant que tu faisais le pingouin avec ton vieux machin, j’écoutais peinard le dernier AVIATOR SHADES… »
Silence d’Iceman, qui a vite compris qu’il ne faisait pas le poids sur ce coup-là…Mais Maverick enfonce le clou comme il défonce régulièrement son adversaire du ciel…
« Et ça, tu peux y aller, c’est du vrai, du Canadien. »
Bam, dans ta face. Et le pire, c’est qu’il a raison de flamber l’animal, parce que l’EP en question qu’il s’envoyait en faisant des tourbillons, c’est du pur, du vrai, du Rock N’Hard bien tassé, mais qui n’oublie pas de nous enchanter de mélodies bien troussées…
Alors, c’est qui le meilleur ? Maverick évidemment, mais Tony Scott n’avait pas embauché Tom Cruise par hard’sard…
Mais au fait, c’est bien de faire des clins d’œil pour initiés, mais les néophytes, comment leur situer l’allusion bien placée ? En leur disant que les AVIATOR SHADES (Dave Gorman: chant/basse, George Baker: lead/chœurs, Daniel James: lead/chœurs et Spencer Tomlinson: batterie/chœurs) viennent de la froide ville de Vancouver, qui a le cœur au chaud depuis qu’elle a découvert leurs vers. Il faut dire que les quatre musiciens, depuis la sortie de leur premier EP, Ready To Blow, se sont taillé une sacrée réputation. Live bien sûr, mais aussi en studio, en nous offrant des morceaux comme eux, tout beaux, mais aussi salement costauds. Parce que les références des cousins en question ne datent peut-être pas d’hier, mais elles ont toujours de quoi rendre fier. Les seventies bien sûr, mais pas celles pénibles qui justifient d’incessantes sorties animées des riffs réchauffés de Iommi ou Page, non, les autres, moins célébrées, mais tout aussi appréciées. Les glorieuses années de THIN LIZZY, UFO, RAINBOW, WHITESNAKE, et tous ceux qui ont un jour décidé que le Hard-Rock pouvait être puissant, mais chaleureux, et aussi un minimum classieux. Alors, on pioche dans le répertoire, on adapte les histoires, mais on raconte la sienne, simple, mais essentielle. Celle qui place en prologue des couplets solides, en premier chapitre des refrains limpides, en suite des chœurs lucides, et en épilogue, des soli intrépides. On reprend peu ou prou les recettes de fou de ces héros d’un soir, qui ont contaminé les nôtres de leurs hymnes sans fard, mais lardés de guitares et de lignes vocales de star. Et en parlant de star, il ne serait pas du tout étonnant que les AVIATOR SHADES en deviennent, s’ils continuent de sortir des EP de la qualité de This Is What We Do. Pourquoi ?
Parce que c’est du tout bon, au son rond, et à l’attitude béton. Le genre de disque qu’on écoute, qu’on réécoute, et quoiqu’il en coûte, qu’on emporte sur la route pour convertir deux ou trois pèlerins qui doutent.
Rien de compliqué dans cette affaire, bien au contraire. Si le quatuor n’a pas changé son approche depuis son premier jet, c’est parce qu’il était déjà presque parfait. Et le « presque » a été gommé par cette seconde production aux chromes polis et aux ors bien dorés. Produit par le tandem imparable Danny Craig et Mike Fraser (AC/DC, AEROSMITH, ça pèse dans la balance de telles références), This Is What We Do est aussi direct et honnête que son titre peut l’être. Six morceaux, pour une vingtaine de minutes de musique qui mérite bien des bravos, et des hourras par-dessus le marché, tant celui-ci est largement à l’avantage des fans éclairés. Six chansons qui parlent de Rock aux rockeurs, et qui ne trichent pas en usant de subterfuges trompeurs. Ici, ce sont les guitares qui mènent la danse, en lâchant des riffs en transe, qui lorgnent sans vergogne vers la meilleure inspiration de notre Irlandais métissé au sang mêlé, dont la basse pourrait être fière d’avoir trouvé des héritiers comme Dave et Spencer, qui groovent sans broncher. Il suffit pour s’en persuader de s’envoyer « Be Somebody » pour le réaliser, tant le mimétisme est outrancier. Mais loin de plagier, les canadiens préfèrent s’inspirer, pour régurgiter le discours agrémenté d’un refrain vraiment entêté. Leur sens de la mélodie imparable leur permet de soigner des hits que les radios n’auraient pas reniés, à une époque où la qualité primait sur la quantité.
Le LIZZY donc, qu’on retrouve en forme sur l’entame déhanchée « Burn It Down », qui roule du bassin comme de la basse, qui se veut aussi sexy qu’un aviateur en sueur. Des lignes vocales qui se superposent, et qui osent la complémentarité des timbres qui se fondent dans un ensemble en fronde, pour renouveler le stock d’harmonies de QUEEN, qui pour le coup aurait pris quelques cours de Heavy chez Phil Moog et l’UFO de sortie. « Voodoo », puisqu’il faut bien le nommer, unit le génie de Freddy et celui de Michael Schenker, pour une complainte sensuelle qui vous fait ruisseler les aisselles. L’image est certes triviale, mais le choix est tellement frontal qu’on évite les métaphores tirées par les poils, qui se hérissent de tant de talent vocal. Mais le spectre du meilleur KING’S X plane aussi du côté du gouvernail, qui de mouvements en bataille nous traîne dans le sérail des plus grands chevaliers du Rock fatal.
Légers, les AVIATOR SHADES le sont, surtout quand le vent tourne rond. Mais ils savent aussi s’accrocher au manche pour nous la jouer toupie Heavy virevoltante, le temps d’un « Freedom Lies Bleeding », qui une fois n’est pas coutume, plombe ses guitares sur le bitume pour faire fondre de ses chœurs en chute de plumes. Mais en fait, puisque chaque titre se veut essentiel, et même Bluesy jusqu’au ciel (« Don’t Leave Me Now »), vous n’avez pas grand-chose à faire pour que coule le rimmel de la belle qui vous attend telle l’hirondelle. Juste à jouer cet EP magique, qui n’a qu’un seul défaut, sa brièveté. On aurait vraiment aimé un gros paquet de rab’ pour ne pas avoir à le rejouer trois ou quatre fois d’affilé, mais parait-il que plus c’est long, moins c’est bon. Alors acceptons ces vingt minutes de floraison Hard, Boogie et Bluesy, puisque c’est sans doute la meilleure sortie du cru que vous pourrez vous envoyer ce mois-ci.
Il avait bien raison ce flambeur de Maverick de se la jouer épique. This Is What We Do est plutôt du genre héroïque. Et pas besoin de Ray-Ban pour l’apprécier. Un peu de goût suffit amplement pour qu’il vous siée…
Titres de l'album:
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49