Malcolm Young est mort. Même écrit, ça fait mal, très mal. Pour plusieurs raisons, la moindre n’étant pas l’émotion. Celle de perdre une sorte d’ami, que l’on connaît depuis toujours au travers de ses riffs inoubliables ayant constellé les albums de son groupe, AC/DC, une légende, presque un mythe. Le discret mais terrifiant de précision guitariste s’en est allé rejoindre son ancien frère d’armes Bon Scott au paradis des rockeurs, qui n’a rien à voir avec celui vendu par une religion en mal d’icônes. Les nôtres, merci, on les garde, ils ont leur endroit à eux, d’où ils font chauffer les amplis, les batteries, les basses et les micros. Celui dans lequel s’éclatent depuis longtemps ou moins nos idoles d’hier et de demain, Lemmy, Bon, Malcolm, Kurt, Layne, et tant d’autres depuis longtemps passés à NOTRE postérité. Parce que celle officielle, ils s’en cognent. Le Rock n’est pas une affaire d’homélies mais bien d’une vie, consacrée à cette putain de musique qui sort des tripes sans que le cerveau ne cherche à comprendre pourquoi ça donne si chaud. Et ce principe, les BLASTWAVE l’ont parfaitement compris. Et assimilé. Et régurgité. Et en écoutant leur second album, inutile de se demander si les Young brothers ont un jour compté. Ils ont compté, plus que tout. Mais pas seulement. Parce que loin d’être des clones à voile et à vapeur, les frenchies font parler la leur. Et faites-moi confiance, elle réchauffe à toute heure. De la nuit de préférence, mais pour ça, c’est vous qui voyez…
Après un introductif Big Bang qui ne faisait pas plus référence à Vulcain qu’un accord de Malcom ou d’Angus au Jazz-Rock, les originaires du Pays Basque nous en reviennent quelques années plus tard avec un second méfait, ce This One Goes To Eleven que j’ai eu l’immense plaisir de me coller entre les deux oreilles, et qui les a satisfaites sans pareil. Pourtant, l’art consommé du Hard Rock de la troupe n’est pas vraiment à classer au rayon nouveauté. Des attaques simples, une rythmique en binaire, un chant écorché qui sans en avoir l’air, nous en donne la chanson, avec une énergie douée de raison. Formé en 2008 par Mélissa Castillon (chanteuse et guitariste) et Fabien Castillon (guitariste soliste), frère et sœur instrumentistes (tiens donc…), le quatuor (Mélissa et Fabien aujourd’hui épaulés de Cédric Etchenagucia à la basse et aux chœurs et de Jérémy Lavialle à la batterie) a évolué au gré des années, pour se stabiliser en 2014. Pas mal de distinctions à leur palmarès, dont une sélection régionale au célèbre Printemps de Bourges, des concerts en compagnie de valeurs établies comme LES TAMBOURS DU BRONX ou MANIGANCE, mais surtout la fidélité d’un public dévoué, qui ne se contente pas de les suivre aveuglément, à contre-courant, mais qui les soutient dans leur démarche de sincérité et de décibels subtilement amplifiés. Je parlais donc d’AC/DC, la référence la plus évidente, mais j’aurais tout aussi bien pu mentionner les ROSE TATOO, KIX, et pourquoi pas les John Cougar MELLENCAMP, Bryan ADAMS, et les TESLA, Jimmy BARNES, tant le Rock des basques respire l’authenticité de centaines d’heures passées à jouer, répéter, et à transpirer pour élaborer un répertoire personnel à l’épreuve des canettes. Et autant être franc, devant un tel déferlement puriste, j’ai été ébloui et ébahi, au point d’avoir cru pendant un instant nos amis d’outre-Atlantique…
Mais voilà, ils sont bien français. Et pourtant, leur musique sent bon le Southern Rock bien tassé, qu’on sert à grandes lampées au bar de l’amitié, comme le démontre avec une fougue incroyable le tube en puissance « Hit The Road », qui a tout pour devenir un énorme classique du genre. On pense à une jam un vendredi soir entre les CREEDENCE, LYNYRD SKYNYRD et les frères Young, à une station US coincée sur une fréquence Classic Rock, en gros, à la quintessence d’un Rock historique, qui n’a oublié ni ses origines, ni son feeling typique. Des guitares qui conversent sans être bavardes, une rythmique souple, et une chanteuse qui donne tout et n’oublie pas sur le tard d’aiguiser son dard sans pour autant piquer tout ce qui bouge. Notons d’ailleurs le formidable travail vocal accompli sur cet album par Mélissa, qui si elle imite Bon à la perfection, sait aussi moduler le ton pour adopter les nuances rauques d’une Pat Benatar ou d’une Suzy Quatro pas avare. Mais les chœurs de ses collègues de travail sont aussi d’importance, et sans piétiner le lead, s’affirment en arrière-plan d’une solennité presque grandiloquente, qui n’enlève pourtant rien au naturel de morceaux tout sauf artificiels. Des soli pas piqué des vers, qui eux aussi ont bien retenu les gammes de maître Angus, mais aussi les déliés de feu son frère, qui serait certainement fier de pouvoir constater que son legs n’est pas tombé dans l’accordeur sourd de gratteux en désamour (« So Deep So Dirty », que mister Scott aurait engloutie d’un grand appétit, « Dream Vs Reality », lourd comme un « T.N.T » qui appelle au secours). Mais loin de se cantonner au rôle de sosie presque parfait, les basques n’hésitent jamais à affirmer leur propre personnalité, qui explose au gré de burners qui osent (« Back To The 70’s », ça sent bon les roadies qui tapent le blues à la fin de la nuit).
Sur des textes assez directs (« Huge Crap », sorte de Blues boogie pataud et crépusculaire, « Forget Everything And Scream » et son intro qui sent bon l’Australie d’avant-hier), le groupe brode des thèmes parfois plus nuancés, qui n’hésitent pourtant jamais à provoquer les déhanchés, comme cet infernal « Keep On Rockin’ », qui ne nous laisse d’autre choix que de headbanguer, au rythme d’un up tempo épileptique, qu’on imagine surpuissant en concert et capable de redonner de l’énergie à un public chancelant. Mais peut-on faiblir en ingurgitant une telle dose de grisant ? La donne parait impossible, et ça n’est certainement pas l’hommage « Bon Scott » qui va me contredire, de ses allusions énamourées envers un musicien qui avait su fédérer les rockeurs, les lovers, les amateurs de graisse en musique et de bars interlopes aux clients atypiques, sans se départir de son charme et de sa gouaille naturels. Pour autant, ne vous attendez pas à des accents larmoyants, là n’est pas le genre de la maison, qui préfère honorer le Rock en le jouant Hard, l’écume aux dents et la hargne en dedans. Apprécions d’ailleurs dans ces moments-là les caresses vocales de dame Mélissa, qui nous enchante de son timbre chaud et séduisant, prouvant qu’elle est bien plus qu’une simple hurleuse à l’avenant.
Une écoute, puis deux, trois, dix, et je suis toujours convaincu d’avoir fait le bon choix, sans passer pour un têtu. Les BLASTWAVE signent avec This One Goes To Eleven un album sous influence incroyable de maturité, témoignage de ces longs voyages pour venir vous retrouver, et vous ensorceler de leur Hard Rock bluesy enflammé. Un disque qui exsude la passion par tous les sillons, et qui va prendre toute son ampleur en situation, celle du live, qui reste leur passion. Je citais Malcolm en introduction, mais gageons que le guitariste, de son Eden de trublion, sera fier de ses rejetons. Ceux qui ont compris comme lui, que le Rock se vit, et ne se compte pas en biffetons. La sueur restera toujours la seule monnaie d’échange des vainqueurs. Mais si vous avez quelques deniers à consacrer à un LP vraiment bien emballé, n’hésitez pas, et claquez les à point nommé. Ces quatre-là les méritent plus que quiconque, c’est juré !
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
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