Quoi de plus pertinent pour ruiner un dimanche matin gris qu’un bon album de Doom à tendance Sludge à tendance Noise à tendance déprimé comme un démarcheur téléphonique à 19h ? Rien j’en conviens, encore plus lorsque cet album est proposé par un trio allemand qui connaît bien son boulot et qui évidemment, déteste se mélanger avec la plèbe. BLEI est originaire de Dresde, et nous offre avec Last son premier album, qu’on espère première étape et non dernière comme son nom semble l’indiquer. Peu d’informations à prodiguer sur ces musiciens relativement bien habillés et qui semblent propres sur eux, si ce n’est que leur musique, assez prévisible, n’en est pas moins appréciable par la frange paresseuse de notre lectorat, avide de lenteur, de pesanteur, d’oppression et de discordances.
BLEI (David Morgenstern - basse/chant, Erik Reinke - batterie et Moritz Hantschick - guitare), c’est un peu la frontière séparant le Sludge du Noisy Rock, piétiné allègrement par des musiciens qui ne reculent devant rien pour sonner plus malsain que ses voisins. A l’image de la vague NOLA des années 90, le trio utilise toutes les armes à sa disposition pour nous irriter, nous contrarier, et flatter nos instincts les plus dépravés. A commencer par un chant particulièrement ignoble, sous-mixé pour garder son cachet souffreteux, mais aussi par cette guitare qui semble venir du fond des temps, et qui refuse les figures trop complexes en se fixant sur un riff unique, grave, et saturé au maximum.
Psychedelic Doom ? Lyseric Sludge ? Desert Rock Noise ? Un peu tout ça et plus encore, ce que souligne avec beaucoup de fermeté « Soaked In Cold », prise de contact cauchemardesque, mais encore loin du maximum que le groupe peut produire. Et une fois la machine lancée, le spectre d’un Blackened Sludge commence à se laisser distinguer dans le lointain, promettant une union non sacrée mais consacrée entre DARKTHRONE et ELECTRIC WIZARD.
Fume, c’est de l’allemand ?
Un peu certes, et lorsque les trois premiers titres agonisent sur le quart d’heure de jeu, on sait déjà que les idées noires, la mélancolie amère, les regrets féroces et autres souvenirs atroces vont perturber ce fameux dimanche pour le transformer en purgatoire d’une semaine qui n’était déjà pas vraiment enthousiasmante. Avec un son aussi crade que possible, les trois musiciens nous donnent une leçon de résignation exemplaire. On en prend acte en tombant enfin sur le premier gros morceau de l’album, « Blooming Wound », plus moisi que les doigts de pied de Jimmy Bower, et plus lugubre qu’une complainte nocturne d’ABRUPTUM.
La lumière est donc fortement atténuée pour ne pas éblouir les plus sensibles aux charmes de la nuit. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, BLEI sonne plus métissé que nombre de ses collègues de la scène Doom. Tout en rendant un fier hommage aux plus grandes idoles de la lancinance hypnotique, le trio utilise ses propres armes pour parvenir à ses fins, et transformer votre audition malade en usine à cauchemars branchée sur son époque. Entre Black allusif et Sludge définitif, le groupe oscille selon ses humeurs toujours maussades et même plombées, et Last d’incarner une sorte d’acmé des sens éteints, pic de haine et de fatigue souligné par des plans économiques, des riffs rachitiques, des arpèges symétriques et autres attaques vocales minimalistes. On aime énormément ces moments de calme menaçant, sur « Leeresturz » qui compte sur une basse lasse les jours lui restant à vivre, mais aussi ces accès de fureur et de chaos sur « Totlauf », doublette qui dessine les contours d’un contraste saisissant entre les vices et les travers.
Mais ne nous dispersons pas, et comprenons bien que le but premier de cette réalisation est l’appui sur les plaies de l’âme les plus profondes, via un Sludge/Doom poussé dans ses tranchées les plus boueuses. Les quelques crises d’énergie ne sont là que pour trancher avec le reste du décor, et « Slow Drowning Sun » d’exagérer tous les traits de caractère pour se déguiser en éléphant dans une arrière-salle de pompes funèbres, entreprise un peu déçue de ne pouvoir fourguer que son cercueil le moins cher.
Réalité sans fard, constat objectif, renoncement, tels sont les mamelles d’un disque qui vient pourrir aux pieds de l’arbre de la sagesse Doom, et qui s’achève dans un torrent de feedback et de distorsion souillée par les états d’âme de musiciens en phase avec l’humeur de leur époque.
Sale, poussiéreux, maladif, agonisant, BLEI est une lumière blême, un fruit blet resté accroché à une branche déjà morte, et une fin de non-recevoir adressée à l’espoir de temps meilleurs. Que tout ceci est glauque, même pour un dimanche matin pourri jusqu’à la moelle.
Titres de l’album:
01. Soaked In Cold
02. Ruina
03. Cold Hands Of Anx
04. Blooming Wound
05. Leeresturz
06. Totlauf
07. Slow Drowning Sun
08. Elende Arbeit
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
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27/03/2025, 20:18
Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
27/03/2025, 19:36
Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
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Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
27/03/2025, 15:53
Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
27/03/2025, 10:22
27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
26/03/2025, 20:47
J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)
26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
26/03/2025, 14:33
La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.
26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24