Wisdom & Fools - What Lies Beneath
Allez, ce matin j’ai décidé de vous faire une petite salve Thrash, à partir de trois EP’s glanés sur la toile et qui prouvent la vitalité du style s’il en était besoin. Un petit tour d’horizon des sorties de la semaine ou du mois, pour un timing resserré mais une intensité confirmée. On commence les présentations par les Etats-Unis, et la première sortie d’un duo californien, qui avec What Lies Beneath nous offre sa première publication officielle, après une participation à cette compilation étrange St. Angry (A Loving Tribute to Metallica's St. Anger).
Attiré par cette pochette alléché, je me suis donc penché sur ce petit cinq titres, dont la durée rivalise avec bien des longue-durée. Presque trente minutes d’agression pour ce duo bien propre sur lui (John Ramirez - basse et Philip Vargas - chant/guitare), aux coiffures et casquettes impeccables. Ce qui ne les empêche pas de pratiquer une saine violence héritée tout autant de la Bay Area pour sa fluidité que de la Ruhr pour son âpreté, et qui se montre bien moins conventionnel qu’il n’y parait.
Un Thrash efficace, clean, presque progressif par moments, et qui rappelle légèrement le DESTRUCTION de la période Release From Agony/Cracked Brain, tout comme - toute mesure gardée - le PSYCHOTIC WALTZ des premières années, des ambitions psychédéliques revues à la baisse. Mais l’imagination est là, les structures sont évolutives, mais méfiez-vous : point de Techno-Thrash ici, plutôt un Thrash progressif modeste, utilisant la science du contretemps avec beaucoup de panache, et plaçant des mélodies bizarres sur le chemin de la partition. « The Pit » s’en fait d’ailleurs l’écho, avec son refrain biscornu, à base de guitares à la tierce et de furie rythmique concentrée.
Du bon donc, en mode médium, et qui se base sur des heurts rythmiques assez remarquables. Inspiré 80’s mais relooké 2K, ce mini-album moins évident qu’il n’y parait se met donc à la hauteur de sa sublime pochette pour nous surprendre, et nous éloigner des facilités de la vague old-school. Si le son de la programmation peut parfois heurter les oreilles sensibles, le travail de la basse permet de l’excuser, alors que la guitare sort de ses cordes les riffs les moins évidents.
Les minutes avancent, et la bonne impression se confirme. Si certaines idées sont encore un peu formelles, si parfois le tout ressemble à un crossover entre Heavy et Hardcore, les breaks inopinés et emprunts de délire Voïvodien, le chant en retrait mode Schmier, les agencements plein de surprises permettent d’apprécier une réelle ambition de composition.
On retiendra surtout de cette performance le stellaire « What Lies Beneath », title-track noble et truffé de petits plaisirs d’arrangements. Judicieusement placé en pénultième position, ce morceau confirme les espoirs déjà placés dans ce duo décidément hors-normes, qui ne se contente pas de revendre encore tièdes des plans déjà utilisés des centaines de fois. Et si on sent que la gestation n’est pas encore totalement arrivée à son terme, on note des chœurs bien placés, des insistances Heavy vraiment lourdes et dignes des jours tendres de PRONG, quelques réflexes Indus discrets mais tangibles, et une volonté de s’extirper du bourbier vintage avec un flair indéniable. Production nickel, instrumentation créative, pour un premier essai qui se démarque et qui marque.
La Californie, Los Angeles, d’accord, mais la Bay-Area trouve ici une nouvelle illustration et peut-être un second souffle, loin du Big4 et de sa légende parfois trop encombrante pour la jeune génération.
Titres de l’album :
01. No Way Out
02. The Pit
03. Make Us Whole
04. What Lies Beneath
05. Infinite & Black
Sign Of Death - Revival
Après les Etats-Unis, la logique des sorties nous entraîne jusqu’en Allemagne, l’autre pays de la violence made in 80’s. Et c’est du côté de Ladenburg que nous allons rencontrer les SIGN OF DEATH, qui entament leur carrière discographique avec un moyen-format. Fondé en 2019, ce jeune groupe nous propose un certain formalisme Thrash plus volontiers symptomatique de l’Amérique du Nord que de son propre pays, et mise sur une propreté de composition pour s’imposer.
Du classicisme donc pour une musique très réaliste, basée sur ce fameux équilibre entre agression et souplesse inventé par la génération Bay-Area de la fin des années 80, les FORBIDDEN, HEATHEN, avec cette petite touche de radicalisme en vogue chez le DEATHROW le plus clean et le HOLY MOSES le moins fou. Vous l’aurez donc compris, la vague nostalgique brise encore nos côtes, avec panache certes, qui palie ce manque d’imagination constant.
SIGN OF DEATH est un quatuor néanmoins sympathique (Klaus - basse, Giannis - guitare, Oscar - chant/guitare et Puggy - batterie), aux possibilités techniques notables, et avec un penchant certain pour les harmonies qui allègent l’ambiance sans l’édulcorer. La méthode est d’usage, et très bien exploitée sur le monstrueux « No Compromise », qui combine tout ce que le Thrash moderne et ancien ont de meilleur à offrir. Des riffs qui battent le haut du pavé, quelques arrangements d’arrière-plan qui gonflent la puissance, un moteur qui tourne sans hoqueter, et une réelle volonté d’imposer l’efficacité sans pour autant renier une personnalité qui s’affirmera avec les années.
On peut évidemment pointer du doigt quelques défauts inhérents à toute première réalisation. Un certain systématisme dans les licks qui s’enchainent parfois trop machinalement, un chant qui manque parfois d’ampleur au niveau du mix (mais qui reste délicieusement hargneux), une production un peu lisse qui gomme les aspérités, mais ce ne sont que quelques reproches mineurs qui ne nuisent pas à la cohésion d’ensemble, ni à sa qualité.
D’autant plus que les soli proposés sont très propres et harmonieux, et que les reprises sont teigneuses comme il faut. On reconnaît dans ces chœurs revanchards la patte allemande des années 80, qui n‘efface toutefois pas l’importance qu’a pu avoir METALLICA sur l’éducation musicale de ces jeunes gens. J’en tiens pour preuve l’écrasant « I See My Death », stéroïdé jusqu’à la moelle, mais aussi le très persuasif « Hope and Dreams ». Seul regret notable, cette propension à laisser le tempo bloqué sur un mid dopé de double grosse caisse, et étouffer dans l’œuf toute accélération potentielle. Avec une réelle envolée bestiale, ce premier EP aurait pu atteindre des sommets qu’il ne fait qu’observer de loin encore, malgré la probité de ses intentions (et même si le bonus-track « Lost » s’énerve un peu en fin de parcours).
Il n’en est pas moins recommandé d’écouter Revival, qui comme son nom l’indique, s’accroche à la barque old-school comme un naufragé de la Méduse. Mais un naufragé qui n’a pas l’intention de faire de la figuration sur le tableau, et qui compte bien à l’avenir mener son propre bateau.
Et lui faire éviter l’écueil de la répétition historique bête et méchante.
Titres de l’album :
01. War of Minds
02. No Compromise
03. I See My Death
04. Hope and Dreams
05. Lost (Bonus Track)
Tornadic - Awakening
Et pour clôturer cette matinée riche en sensations et découvertes, nous voilà de retour aux Etats-Unis, pour y découvrir un combo de jeunes musiciens, qui ne sont pas sans rappeler nos chers DEATH ANGEL à l’époque de leur première démo.
TORNADIC, comme son nom l’indique joue une musique typique, un Thrash qui pique, et comble son manque d’expérience par une énergie de tous les diables. Dylan Castiglione (guitare/chant), Andres Vaca (guitare/chœurs), Emiliano Berber (basse/chœurs) et Drake Tyler (batterie) ont donc fondé cette nouvelle entité il y a quatre ans, et affichent des mines d’adolescents fiers d’eux. Et il y a de quoi, puisque leur premier EP fait montre d’une maîtrise indéniable dans la violence intelligente, proposant des riffs catchy et des ambiances vraiment prenantes.
Aussi âgés que moi lorsque j’écoutais encore mes vinyles dans ma chambre, ces inusables disques produits par SLAYER, KREATOR, DESTRUCTION et tout autre icône de l’époque, les TORNADIC ont choisi d’exprimer leur passion au travers d’un Thrash sans concession, incroyablement mature, et qui fait écho à une première démo lâchée en 2021, The Capturing. Immédiatement, au-delà de la maîtrise instrumentale assez bluffante, on remarque le chant totalement possédé de Dylan Castiglione, maître de cérémonie impeccable qui combine les intonations de Dawn Crosby et de Roger Martinez (VENGEANCE RISING), avec ce petit plus made in Germany qui nous ramène à la mémoire les lignes vocales les plus éructées de notre cher Mille Petrozza.
Vous l’aurez compris, le groupe propose le meilleur des deux écoles, et s’il reste encore assez formel, rattrape ses lacunes en originalité par une puissance dévastatrice. Assurément le groupe le plus prometteur de cette salve matinale, qui propose des titres bien agencés, truffés de breaks malins, d’interventions en solo brillantes (l’avaleur n’attend pas le nombre des navets), et d’évolutions assez charnues qui donnent de l’épaisseur à ce répertoire encore influencé.
On peut même parfois laisser sa mémoire divaguer vers les XENTRIX et autres DEFIANCE, soit le meilleur de la série B, mais un morceau de la trempe de « When You're In The Pit » laisse augurer de lendemains très chantant, et de performances live à rendre fous les thrasheurs les plus chevronnés.
L’argument de la jeunesse est donc inutile pour cautionner cette sortie, puisque les TORNADIC se suffisent à leur propre musique. En quatre titres, ils présentent une carte de visite qu’on garde précieusement dans sa poche, en attendant un premier longue-durée qui s’annonce dévastateur. Aussi dévastateur que ce final « DSTP », au chant presque Death sur fond de mid-tempo vraiment puissant, le tout nappé de chœurs bestiaux et gravissimes, qui indiquent que le quatuor ne crache pas sur un crossover Thrash/Death quand il faut faire tourner la chaudière.
Du très bon donc, sans scories, assez varié pour justifier l’intérêt, subtilement groovy, et juste assez court pour aiguiser l’appétit. Espérons que ces jeunes musiciens ne traînent pas trop et poursuivent leur carrière avec la même détermination.
Titres de l’album :
01. The Capturing
02. Lethal Dreams
03. When You're In The Pit
04. DSTP
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20