Thrash Metal Attack Vol II

Expedition, Смерч, Toxic Vengeance

05/03/2022

Autoproduction

Expedition - A Good Day to Die

Un bon jour pour mourir

En même temps, à notre époque, chaque jour est un bon jour pour mourir tant les occasions sont nombreuses et imprévisibles. Mais c’est ainsi que les irlandais d’EXPEDITION voient les choses sur leur premier EP, sorti à compte d’auteur. EXPEDITION, vierge de tout casier musical nous narre donc ses vues sur le Thrash old-school agrémenté de quelques fantaisies modernes, et si l’ensemble est assez frais et dispo, l’inspiration semble plutôt diffuse et le résultat pas tout à fait convaincant.

Et ce pour plusieurs raisons. Techniques d’abord, avec une production étonnamment déficiente, qui relègue la guitare loin en arrière dans le mix, qui place le chant trop en avant, et qui compresse la batterie au point de lui donner des allures de programmation. Ensuite, par un parti-pris artistique dangereux, calé sur un mid tempo permanent, sur lequel des riffs typiquement génériques viennent se greffer tant bien que mal. On a même le sentiment parfois d’écouter la démo d’un one-man-band tant le malaise sonore est palpable, et « Repent » de cristalliser en quelque sorte tous les défauts de ce jeune groupe qui a encore beaucoup à apprendre.

Ewan Kavanagh (batterie), Reuben Kavanagh (guitare), Caoimhghin Boyle (guitare/chant) et Oisin O’Brien (basse, depuis 2021) sont donc encore un peu timides et gauches, comme un adolescent déclarant maladroitement sa flamme à son crush de collège. On sent les musiciens encore un peu approximatifs dans leur traduction personnelle d’un vieux vocable, et aucun morceau ne vient se détacher du lot, si ce n’est le plus nerveux « Within The Shadows », une fois encore handicapé par un son vraiment trop aléatoire et fragile.

Pourtant, A Good Day to Die essaie, affiche même quelques ambitions via certains titres plus développés, mais entre cette voix de tête assez difficilement supportable et ces guitares qui sonnent sans enrobage, le tout est trop fluet et fluctuant, trop lambda, et limite Heavy/Punk parfois tant la simplicité semble de mise.

Et alors qu’on attend désespérément cette accélération qui fera enfin décoller la navette, « Deathwish » sonne le clap de fin, avec un peu plus de densité et de folie, mais toujours animé d’une humeur adolescente exprimée au travers de licks si prévisibles qu’on les croirait pondus par des apprentis guitaristes en premier semestre de solfège à la Cobain.

 J’aurais aimé trouver quelque chose de positif à dire à propos de cette sortie, mais l’honnêteté m’empêche de mentir. Des compositions trop pauvres, une interprétation à l’avenant, EXPEDITION aurait certainement trouvé refuge chez New Renaissance dans les années 80, label spécialisé dans les outcasts légèrement handicapés de la créativité. De gros progrès à faire avant de revenir et de songer à un longue-durée.


Titres de l’album :                                              

01. Divide And Conquer

02. Good Day To Die

03. Repent

04. Within The Shadows

05. Eye For An Eye

06. Deathwish


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Bandcamp officiel


Смерч - Герои Кровавых Времён

Toutes mes confuses sur ce coup-là, puisque j’ai été bien incapable de trouver la moindre information sur ce groupe sur la toile. Les Internettes gardent donc encore des secrets bien cachés, et les russes de СМЕРЧ en font assurément partie, puisque seul un Soundcloud a émergé des limbes, proposant d’ailleurs les sept titres de cet EP/Album. Il faudra donc se contenter de la musique proposée pour juger, une musique d’ailleurs étrange, pas totalement Thrash mais extrême, et en convergence de plusieurs genres.

СМЕРЧ dans les faits est un genre de Blackened Thrash band, avec toutes les composantes que cela implique, des guitares classiques, un beat appuyé qui ressemble méchamment à une programmation, et un chant à la limite des forets norvégiennes, qui transforme le tout en sorte de Post-CARCASS mélodique de l’ère Heartwork/Swansong. Quelque chose d’assez étrange qui peut aiguiller sur la piste du one-man-band travaillant tout seul dans sa chambre pour élaborer un répertoire personnel.

Mais qui dit bricolé et original ne dit pas forcément fascinant. Et bien que la musique proposée par Герои Кровавых Времён se démarque quelque peu de la production actuelle, on prend note de nombreux défauts, notamment au niveau de la production, trop robotisée et froide pour vraiment convaincre. Il est d‘ailleurs assez difficile de classer le projet fermement en terre Thrash, tant certains morceaux se concentrent sur un Heavy agressif et plombé par ce chant démoniaque et grave. Alors, on laisse finalement tomber les étiquettes, et on se concentre sur les points forts, qui pourraient être incarnés par ces mélodies maladives d’arrière-plan, ou cette atmosphère confinée qui évoque des cryptes oubliées des grandes étendues russes.

Des titres plutôt longs et développés, avec un jeu de guitare en solo assez intéressant, même si noyé par un mix hasardeux. Et si tous les morceaux contiennent au moins une idée notable, l’ensemble fleure encore un peu trop l’amateurisme pour vraiment se faire remarquer, malgré des passages en mid très efficaces.

Sans oublier quelques prétentions progressives, introduites par des bandes-son guerrières et poussiéreuses, comme ce « Герои Кровавых Времён » à la flute folklorique, mais au développé intéressant et osant des choses différentes.

On sent que le concept a largement de quoi composer un album digne de ce nom, renforcé par une technique sonore moins aléatoire, et lorsque les arpèges se mêlent aux arrangements venteux, on se retrouve dans une région inconnue et balayée par les vents, qui cède soudainement sous la pression d’une violence sous-jacente assez vicieuse. Entre une démo de CARCASS des années 90 encore au stade embryonnaire et un Black Thrash pas tout à fait maîtrisé, СМЕРЧ se présente sous un jour en demi-lune, faiblement éclairé, et encore un peu gauche. Souhaitons au(x) musicien(s) de bénéficier d’un son plus conséquent la prochaine fois, puisqu’on sent des capacités, et des possibilités assez intéressantes.

 

Titres de l’album :                                               

01. Ведьма

02. Песня Огня

03. Танец Смерти

04. Термидор

05. Трафальгар

06. Герои Кровавых Времён

07. Чёрный Демон


Soundcloud officiel


Toxic Vengeance - Messenger Of Evil

Pour clôturer cette matinée Thrash pour le moins moyenne, direction les Etats-Unis histoire d’y rencontrer un jeune groupe plein d’énergie. Je me permets donc de vous présenter TOXIC VENGEANCE, quatuor rageur, qui avec Messenger Of Evil se propose de nous entraîner dans les tréfonds d’un crossover Thrash/Death fumeux mais mélodique.

Nick Noll (basse), Sam Hansen (batterie), Carter Worthy (guitare) et Dustin Stiles (guitare/chant) se dévoilent donc au monde via ce premier quatre titres qui n’en contient finalement que trois, si l’on met de côté l’intro assez bien troussée « Hellfire (Impending) ». Disponible en digital sur vos plateformes préférées, ce premier EP est assez intéressant dans les faits, bien que classique jusqu’au bout du médiator, mais assez compétitif pour relever le niveau de la matinée.

Du formalisme donc dans la composition et la mise en place, mais des ambitions via un titre épique de plus de sept minutes, voici donc ce qui vous attend au détour de Messenger Of Evil. Pas vraiment messager du diable, TOXIC VENGEANCE se voudrait plutôt disciple humble du malin, fortement sous influences, avec des traces patentes de KREATOR, DEMOLITION HAMMER, et même CARCASS pourquoi pas, avec ce petit plus mélodique qui rapproche le quatuor des cotes suédoises. Mais le tout est solide, constellé de breaks bien placés, et surtout, drivé par un chant enfin convaincant.


Niveau production, le tout est homogène, organique, légèrement sec mais enrobé au niveau de la rythmique, ce qui en fait un produit tout à fait compétitif. Sa brièveté le transforme en carte de visite qu’on garde précieusement dans sa poche en attendant un CV plus chargé, mais le solide « Monstrous Abominations » laisse augurer de lendemains destructeurs, et une possibilité pour les américains de se hisser en bonne place dans le classement des espoirs old-school des Etats-Unis.

Et entre des saccades très propres, une énergie rythmique notable, et quelques chœurs sournois, Messenger Of Evil peut même évoquer un SODOM en forme, plus porté sur un mid tempo que sur une débauche de BPM, et surtout plus à l’aise dans l’utilisation d’harmonies toujours bienvenues.

On se prend donc à regretter que le timing reste sous la barre des vingt minutes, d’autant plus que « Messenger Of Evil », title-track très digne donne la pèche au moment de refermer le rideau. On regrettera aussi l’absence d’envolée vraiment colérique, une embardée aurait été appréciée pour alterner avec ce tempo médium permanent. Un petit manque de variété et de densité donc, mais une assise solide dans le Heavy/Death à tendance Thrash classique, mais trois morceaux qui méritent un petit détour. Espérons juste qu’au moment d’enregistrer un premier long, les TOXIC VENGEANCE modulent le propos, pour continuer de nous offrir des beatdowns de la trempe de celui qui plombe méchamment « Messenger Of Evil ».

Encouragements du jury, et un niveau individuel assez intéressant, pour un premier EP classique, mais efficace et assez méchant pour séduire les plus vicieux. Ou l’inverse.

 

Titres de l’album :                                               

01. Hellfire (Impending)

02. Scorching Winds Of Death

03. Monstrous Abominations

04. Messenger Of Evil


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par mortne2001 le 12/04/2022 à 18:16
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