Frantic Beth - Frantic Beth
Repartons pour une grosse fournée de Thrash, et commençons par allumer le four. Je connais justement une méthode venue de Varsovie pour le faire chauffer au maximum et faire gonfler les pains dans la tronche, comme si PANTERA et ILL NINO distribuaient des croissants dans la gueule sans remords. Cette méthode porte un nom, FRANTIC BETH, et justement, ceux ayant pu la tester en sont resté effrayés, presque dans un état catatonique tant elle oblige à plonger les mains dans la fournaise en faisant semblant de ne pas avoir mal.
FRANTIC BETH, qu’est-ce que c’est au juste ? Une nouvelle entité maléfique venue de Pologne, la relève du Thrash du côté de Varsovie, ou bien une centrale nucléaire tournant à plein régime au mépris des consignes de sécurité ? Tout ça à la fois ma bonne dame, et je vous rajoute quelques grays sans pastille d’iode pour laisser les bubons et les plaies à vif vous transformer en monstre radioactif.
Cet éponyme est donc le premier album de ces ardents défenseurs de la violence instrumentale. Jan Domański (basse), Pawel Solon (batterie), Jan Sonus (guitare) et Filip Pikulski (chant), soit trois ex-KOIOS (groupe qui défendait des valeurs tout autres de Metalcore et Death mélodique) pour une renaissance annoncée par cette pochette pour le moins alléchante, et qui décrit à merveille l’attraction morbide qu’exercent ces morceaux entre Groove Metal furieux, Thrash fumeux et Hardcore fiévreux. En effet, ces neuf morceaux, quoi que brefs comme une explosion dans un réacteur offrent un nombre conséquent de plans, sans vraiment justifier cette étiquette de « groove Progressif » que j’ai pu lire sur certains sites.
Avec une basse à la OVERKILL, un chant digne des plus grandes heures du Hardcore pour la WWE, une ambiance surchauffée et une hargne de tous les instants, ce premier album frappe fort, très vite, et s’en va en ayant la certitude que toutes les victimes ont encore la tronche en sang et les os brisés. Basé sur un principe simple de riff prétexte qui prend son envol sur les breaks, de chœurs belliqueux qui hurlent leur colère, et d’une rythmique infatigable, Frantic Beth fait admirablement bien son job, et incarne en quelque sorte une forme de méchanceté très moderne.
D’ailleurs, tout est dosé à la perfection sur cet album. La brutalité, toujours concentrée, le niveau musical, les petites trouvailles techniques, les enchainements, et évidemment l’équilibre global, puisque neuf titres pour vingt-sept minutes incarnent la limite absolue pour encaisser les coups sans passer l’arme à gauche et l’opinion politique à droite. Certains morceaux trouvent d’ailleurs le juste équilibre entre le Thrash 80’s de papa et le Groove de fiston (« Dead End Road »), comme d’autres s’amusent beaucoup à convoquer dans le bureau du superviseur OVERKILL, DESTRUCTION et FIVE FINGER DEATH PUNCH (« Bashing »). Un peu dans l’optique d’un cousin de SOULFLY plus malin, FRANTIC BETH fonce donc bille en tête pour assister à une grosse baston entre AGNOSTIC FRONT et BRUJERIA (« Janitorial »), et même y prendre part, juste pour le fun (« Teeth On Curb », effectivement, les ratiches tombent comme des douilles).
Plus qu’un album, Frantic Beth est un gigantesque défouloir, qui donne envie d’aller provoquer le premier quidam venu histoire de déclencher une rixe totalement gratuite (« Watermelon »). Puissance, musicalité et intelligence, les polonais donnent une leçon de bestialité torride et effrayante, et se lancent sur orbite avec un premier album qui en appelle beaucoup d’autres.
Titres de l’album :
01. Bashing
02. Janitorial
03. Lazy Whores
04. Eat Bugs
05. Inject Disease
06. Dead End Road
07. Teeth On Curb
08. Rapture
09. Watermelon
Dysnomia - A Queda do Céu
Long trajet pour rallier São Carlos en partant de Varsovie, mais une rencontre avec les brésiliens de DYSNOMIA vaut bien quelques milliers de kilomètres. Loin d’être des néophytes de la cause, ces trois musiciens aux mines patibulaires en sont déjà à leur troisième album, et négocient donc le virage le plus crucial d’une carrière. Et autant dire que les moyens ont été utilisés à bon escient tant ce A Queda do Céu suinte la haine, la colère, le ressentiment et l’amertume.
Fondé en 2006, ce trio de brutes épaisses (Denilson Sarvo - basse, Érik Robert - batterie et João Jorge - chant/guitare) a donc bien roulé sa grosse bosse à la Quasimodo, et a déjà partagé deux longue-durée, Proselyte en 2016 et Anagnorisis, deux ans plus tard. Et s’il n’est pas difficile de définir les contours de leur Death/Thrash teigneux comme une puce assoiffée de sang, il convient de souligner toute son ingéniosité dans le crossover le plus malin et brutal.
Car A Queda do Céu propose une sorte de trait d’union entre AT THE GATES, OVERDOSE et SUFFOCATION, peut-être pas à parts égales, mais en termes d’ambiance et de bestialité d’exécution. Solide de bout en bout, ce troisième chapitre de la saga DYSNOMIA se propose de constater la percussion entre un DEICIDE lancé à vitesse modulée et un SOILWORK inspiré, pour observer les mélodies éclater en mille morceaux et les BPM maculer le sol comme des tâches de sang de victimes de l’autre camp.
Lequel ?
Celui des timorés qui ne supportent leur Thrash qu’estampillé Bay-Area, raisonnable, et surtout, pas trop méchant et les dents propres. Ici, la Bay-Area n’est qu’un point sur la carte mondiale comme un autre, et le cachet brésilien est clairement apposé sur la missive. Ce qui implique des débordements réguliers, des passages en double grosse caisse qui aplatissent les tympans, et surtout, un chant diabolique en dualité grave/goret qui ne sont pas sans rappeler les avertissements de Glen Benton. Sans être vraiment progressif, ce Thrash belliqueux et piquant comme un beau bosquet d’orties n’en est pas moins très ambitieux. En témoignent ces deux premiers titres longs et évolutifs, qui placent d’emblée les débats sur le terrain de la progression humble, mais concrète.
On soulignera quand même cette fâcheuse tendance à traiter la rythmique comme un simple support en lui autorisant des phases de pilotage automatique, mais on se satisfera amplement de ces riffs saccadés à outrance, qui n’hésitent pas à glisser quelques mélodies en douce. On appréciera aussi ces idées nostalgiques remises au goût du jour, et cette atmosphère globale torride comme un été à Sao Paulo. Niveau recommandations incontournables, « Insomnio », et son intro à la TESTAMENT qui offre un peu d’oxygène dans la fournaise ambiante, et qui prouve surtout que le trio est bien plus qu’une vulgaire association de brutes (jolie performance en chant clair de João Jorge au passage, qui montre toute la justesse de son vibrato), « A Queda do Céu », brulot d’entame qui concasse d’un énorme riff et d’une accélération très suédoise, « ®existência » et sa trademark très futée qui résume à merveille l’optique globale d’un album carré, impeccablement produit, encore un peu trop linéaire parfois, mais assez professionnel pour mériter des encouragements sincères.
Le Brésil est donc toujours aux aguets, et son sniper DYSNOMIA toujours aussi précis, et sans gâcher une seule balle. Le Death/Thrash à son apogée, teinté d’une légère touche de Néo-Death suédois, pour un massacre propre. Pour info, les pansements et sonotones ne sont pas fournis.
Titres de l’album :
01. A Queda do Céu
02. Os Próprios Deuses
03. Ananke
04. O Silêncio da Esfinje
05. Insomnio
06. Memento
07. Necropolítica
08. ®existência
09. Entropia
Denied - Humanarchy
De la Pologne au Brésil, du Brésil en Suède, ce petit voyage Thrash du lundi matin nous aura emmenés partout dans le monde, avec une constante : la qualité dans la diversité. Car cette petite rubrique se termine aujourd’hui avec un groupe fort sympathique, au parcours déjà conséquent. En effet, Humanarchy est déjà le sixième album des suédois de DENIED, qui refusent de mettre la pédale douce et d’avancer à un rythme raisonnable. Fondé en 2003, ce quintet de Stockholm (Andreas "Andy" Carlsson - guitare et seul membre d’origine, Chris Vowden - guitare, Markus Kask - batterie, Fredrik Thörnblom - basse et Søren Adamsen - chant) a donc connu quelques fluctuations de line-up, mais se montre solide et soudé depuis Freedom of Speech, son antépénultième album paru en 2018.
Humanarchy est donc le troisième album enregistré par cette formation, et la cohésion commence à se faire sérieusement sentir. Une cohésion qui s’adapte fort bien à cette versatilité artistique, entre Thrash médium solide, Speed mélodique et presque symphonique, et Heavy Metal aux refrains anthémiques, pour essayer de séduire le plus grand dénominateur commun. Mais est-ce que la formule fonctionne ? Telle est la question, et la réponse reste : globalement, mais pas toujours.
Le chaland perdu cherchant un combo pur Thrash sera donc très déçu de la philosophie de ces suédois, qui préfèrent la convergence Crossover à l’unité linéaire. On appréciera donc un jeu de guitare varié et dense, un chant lyrique et puissant, et des compositions professionnelles jusqu’au bout de l’outro. On aimera peut-être moins ce parti-pris harmonique un peu trop envahissant qui n’est pas sans rappeler les grandes heures de BLIND GUARDIAN, SCANNER ou ICED EARTH, pour peu que l’on soit hermétique à toute intervention mélodique trop prononcée.
Néanmoins, l’album est top notch, les performances de premier choix, et certains titres, méchants comme des hyènes, fouillent encore les poches de SANCTUARY ou NEVERMORE, tout en adoptant des stances caractéristiques à la scène Power italienne. « Humanarchy », title-track noble, nous propose ainsi un peu plus de ténèbres pour se rapprocher d’un Heavy/Thrash théâtral avec une légère couche d’apprêt MERCYFUL FATE. D’un autre côté, le caractère primesautier d’un « Divided » pourra rebuter les sauvages que nous sommes, allergiques à tout refrain un peu trop fédérateur pour être honnête (sans parler de cette intro qu’on croirait pompée sur le TESTAMENT de The New Order).
Une production générique qui empêche l’affirmation d‘une identité propre, mais des morceaux qui mettent l’emphase sur les ambitions, ambitions visant parfois le haut du panier Heavy/Thrash progressif et ample (« Maintenance Of Insanity »). Un manque d’embardées pour vraiment caresser le poil soyeux des thrasheurs les plus violents, quelques similitudes de construction et d’harmonie entre plusieurs morceaux font que cet album mérite largement la moyenne, tout en laissant un fort goût d’inachevé. Et si « Ties Of Blood » est tendu comme du MEGADETH de Pâques sans ses œufs, « Flesh Made God » incarne de l’autre versant ce visage en dualité qui n’est pas toujours convaincant.
Les fans adoreront, les autres passeront, mais impossible de ne pas souligner le travail accompli par DENIED, qui avec ses chaussures de luxe se verra peut-être interdire l’entrée dans toute boîte Thrash digne de ce son.
Titres de l’album :
01. Divided
02. Death By A 1000 Cuts
03. Humanarchy
04. Don´t Cross That Line
05. Flesh Made God
06. Maintenance Of Insanity
07. Ten Ton Hammer Of Pain
08. Ties Of Blood
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