Les plus érudits de série B US auront immédiatement compris la référence. Les trublions du Death/Thrash ricain de DECEASED nous renvoient donc à l’origine des teen movies américains en intitulant en pied de nez leur dernier album Thrash Times at Ridgemont High. Les fans du genre auront immédiatement reconnu le pastiche de Fast Times at Ridgemont High d’Amy Heckerling, hit improbable de l’année 1982, au scénario malin écrit par la future référence Cameron Crowe. Dans ce faux film de potache, le grand Sean Penn arborait une sémillante coiffure blonde du plus bel effet, qui n’aurait pas fait tâche au sein d’un obscur combo Hard-Rock de l’époque. Mais extrapolons un peu. 1982, la New-Wave, le Funk, les restes de Disco, le Post-Punk et la Pop dominent les charts, et les campus américain résonnent comme un seul radiocassette branché sur le sacro-saint Billboard. Et alors que le Hard-Rock et le Heavy-Metal préparent leur offensive, un an avant le big US Festival, que MÖTLEY CRÜE, RATT, DOKKEN, TWISTER SISTER, QUIET RIOT patientent dans l’antichambre du succès, une autre vague, encore plus violente, est encore en gestation en Californie. Un an plus tard, METALLICA commettrait le premier pêché, faute originelle de vitesse qui allait donner naissance à l’un des sous-genres les plus explosifs du Metal : le Thrash.
De ce nouvel album, les DECEASED font d’une pierre deux coups. Ils honorent la plus grande tradition cinématographique de leur pays, mais aussi une autre, plus underground, qui passionne encore les foules et les jeunes musiciens. Un an à peine après la suite Rotten to the Core Part 2 (The Nightmare Continues), faisant écho à l’original de 2004, le quintet remet le couvert, ou plutôt les assiettes en carton et les gobelets en plastique pour se faire plaisir, et tourner en ridicule la vague old-school en à peine quarante minutes chrono.
Comment ? En continuant de faire ce qu’ils savent faire de mieux, jouer un Thrash affolé et fabuleux, gentiment adolescent mais terriblement solide, et en puissant dans le répertoire inépuisable de ce Metal agressif et corrosif des années 80. Vous l’avez compris, Thrash Times at Ridgemont High n’est pas un « nouvel album » per se, mais plutôt un exercice de style hautement recommandable qui voit les zigues se pencher sur leur jeunesse passée, et par extension…la nôtre.
L’album de covers étant un exercice très difficile et éminemment casse-gueule, il fallait attendre de pouvoir écouter le résultat pour avoir un avis ferme sur le succès ou non de l’entreprise DECEASED. D’autres s’y sont frotté, des plus sérieux aux plus exubérants, et le résultat, assez fluctuant, peut souvent décevoir pour qui apprécie les originaux. Trop déformés, trop adaptés, ou au contraire, laissés en l’état sans faire d’effort, et la sensation est désagréable, comme de retrouver un vieil ami défiguré par le temps au caractère n’ayant plus rien à voir avec celui de l’ami d’enfance. Et, première astuce assez finaude des américains, celle d’avoir pioché dans la discographie plus obscure, évitant les comparaisons peu flatteuses et les références un peu trop évidentes. De ce côté-là, en bons passionnés, les cinq musiciens (Kingsley "King" Fowley – chant, Shane Fuegel & Mike Smith – guitares, Les Snyder – basse et Amos Rifkin – batterie) s’en sont donné à cœur joie en allant chiper à WHIPLASH, ARTILLERY, BULLDOZER, CYCLONE, STONE, BLESSED DEATH ou DARKNESS leurs hymnes d’époque les plus explosifs ou symptomatiques. Pas de SLAYER, pas d’EXODUS, ni d’ANTHRAX, MEGADETH, VIO-LENCE, FORBIDDEN, KREATOR, SODOM ou DESTRUCTION, mais bien la fine fleur de l’underground brutal d’il y a trente ans et plus, pour une visite guidée des arcanes les plus obscures du Thrash des années 80. Et ne feignons pas l’indifférence, la surprise est de taille, et entendre le groupe beugler du WHIPLASH ou du BULLDOZER est un plaisir rare qu’il convient d’apprécier à sa juste valeur.
Etant moi-même un mordu du genre, j’ai souvent eu l’impression de retomber sur ces fameuses compiles que j’enregistrais sur cassette, pour me passer mes morceaux préférés. Le groupe étant un quasi contemporain de certains des groupes cités dans le texte, pour être né en 1984 sous le nom de MAD BUTCHER, on respectera ce choix très connoté, et ce flair dans la démarche. Capable de passer de la sauvagerie primaire et brute de WHIPLASH aux dissonances de VOÏVOD, du radicalisme brutal d’un RIGOR MORTIS, à la finesse rythmique de CYCLONE, DECEASED nous explose les neurones de son enthousiasme, et si la bande instrumentale est largement à la hauteur des originaux en termes de précision et de puissance, le chant incroyablement versatile de Kingsley "King" Fowley survole aisément les débats, et nous surprend de sa capacité à endosser tous les costumes vocaux.
A chacun de choisir son groupe approprié préféré, mais en tant que Thrash addict depuis 1984, j’ai avalé goulument l’intégralité du répertoire, me délectant de la bestialité d’un « Death Squad », ou de l’idiotie perverse et lubrique de « Ilona (The Very Best) ». Véritable déclaration d’amour au Thrash de série B, celui que les encyclopédies négligent mais que les tops du Net honorent régulièrement, Thrash Times at Ridgemont High est un panard intégral, et le plus beau salut qu’on pouvait adresser à un genre qui n’a finalement jamais pris une ride.
La variété des groupes et des morceaux garantissant à l’œuvre une lecture à plusieurs niveaux, et des à-coups rythmiques appréciables, personne ne baillera d’ennui. Et lorsque le quintet s’attaque au séminal « Demons » de RIGOR MORTIS, l’un des tubes les plus incontestables du genre, l’euphorie le confine à un orgasme auditif total, avec tâches sur les rideaux et carte de France sur le matelas. Et peu importe que DECEASED soit moins fou que les RIGOR MORTIS, puisque leur relecture est hystérique juste ce qu’il faut…
Alors, retrouver son adolescence et ces albums qu’on savait difficiles à dénicher est-il un plaisir que l’on peut bouder ? Non d’autant plus que la production casher joue elle aussi la nostalgie, et que DECEASED était sans doute le groupe le plus crédible pour se livrer à cette performance difficile.
Sur ce, Thrash til’ Death et Fuck Off and Die.
Titres de l’album:
01. Spit on Your Grave (WHIPLASH)
02. Pray for Death (BLESSED DEATH)
03. Sacrifice (SACRIFICE)
04. Get Stoned (STONE)
05. Into the Universe (ARTILLERY)
06. Take this Torch (RAZOR)
07. Thrashing Rage (VOIVOD)
08. Death Squad (DARKNESS)
09. In the Grip of Evil (CYCLONE)
10. Demons (RIGOR MORTIS)
11. Demon Preacher (DEATHWISH)
12. Ilona (The Very Best) (BULLDOZER)
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41