L'avis de Mortne2001 : 80%
Thrash old-school, tome 666. Lorsque la production mondiale ne me tombe pas sur le bout du nez, c’est moi qui vais la traquer. A croire que j’aime ça malgré mes plaintes, ce qui est assurément le cas. Aujourd’hui, petite note d’exotisme dans la routine ambiante, puisque mes héros du samedi ne viennent ni d’Allemagne, ni des USA, encore moins de Colombie ou du Brésil mais bien de…Toulon. A croire qu’un climat clément n’incite pas à la quiétude musicale, puisque si j’en juge par le contenu de ce premier EP, la chaleur aurait plutôt tendance à énerver, au point de torcher une bordée d’hymnes à la violence histoire de réchauffer l’ambiance. Et en écoutant le premier EP des toulonnais d’ANTAGONISM, je me dis que la vie dans le sud semble propice à l’agitation musicale…Bon, on ne va pas se le cacher, le Thrash vintage, on connaît. Plutôt bien depuis plus d’une décade, puisque les groupes se revendiquant d’une nostalgie évidente sont aujourd’hui plus nombreux que les français désirant manifester leur mécontentement le 17 novembre prochain…Mais pas certain qu’on retrouve cette bande là sur les routes en train de bloquer les axes, ou alors avec leur propre matos, sur une estrade, à l’entrée d’un péage, pour foutre un bordel pas possible et donner de l’énergie aux manifestants de tout poil. Oui, le Thrash old-school est devenu en quelque sorte une norme de violence, encore faut-il séparer le bon grain de l’ivraie. Avec un minimum de pratique musicale et une culture conséquente, n’importe quel musicien est capable d’accoucher d’un album qui tient debout, en piquant ses idées aux cadors les plus inspirés. Mais là réside justement la différence entre les simples suiveurs et les passionnés, puisque les véritables hymnes Thrash nécessitent un peu plus qu’un investissement de surface, et une passion dévorante. Et à ce petit jeu de l’implication absolue, les ANTAGONISM battent le haut du pavé, et le fer pendant qu’il est chaud. Et sans vouloir faire durer le suspense plus qu’il n’est besoin, je l’affirme bien haut, Thrashocalypse comme son nom l’indique, est une petite fin du monde à lui tout seul.
Mais avec une pochette pareille, suggérant des accointances graphiques avec les NUCLEAR ASSAULT, MEGADETH et MUNICIPAL WASTE, les indices étaient patents, sans avoir besoin de coller ses oreilles sur le produit en question. Sauf qu’une fois les esgourdes posées sur les brûlots de ces héros, difficile de les arracher tant l’intensité dont ils font preuve les place vers le haut du panier, et ce, avec six petits titres dans la musette. Formé en 2016 par Raphaël Gloaguen (Ex-UNREST FATALIST, batterie) et Dylan Anger (chant/guitare), et vite complété par l’adjonction de Kevin (DROP YOUR PANTS, basse/chœurs), et Félix Cleyet-Marrel (guitare), ANTAGONISM a d’abord travaillé son répertoire et l’a rodé sur scène avant de le coucher sur bandes numériques, arpentant tous les lieux acceptant leur barouf pour le tester sur un public avide de sensations fortes. Et que tous les amateurs de Thrash old-school de qualité soient attentifs, puisque ce premier EP, fruit de deux ans de pratique collective est une fabuleuse réussite, ou même un fabuleux désastre selon les critères de jugement d’EXODUS. On y trouve tout ce qui a toujours fait le charme de notre musique préférée, ces riffs qui taillent dans le gras, et qui manient la syncope comme Ed Gein la pelle un matin d’hiver, cette rythmique nucléaire qui sait de temps à autres marquer le pas pour nous entraîner dans un délire mosh, ces soli un brin hystériques, et cet entrain collégial transformant n’importe quel plan en incendie grandeur nature dans la lande. Alors certes, le tout est classique, mais dégage une telle euphorie qu’on se prend au jeu sans se demander à qui appartient quoi, bien que certains plans soient méchamment connotés. Mais qui s’en soucie lorsqu’il tombe sur une tuerie de la trempe de « LxOxT (Laws Of Thrash)» en ouverture de rideau ? Personne, puisqu’à ce moment-là, l’objectivité cède le pas à l’enthousiasme, d’autant plus que le quatuor ne ménage pas ses efforts pour nous faire headbanguer jusqu’à la mort.
Osons le dire, les ANTAGONISM avec Thrashocalypse ont réussi la synthèse parfaite entre le Thrash d’hier et le Groove d’aujourd’hui, offrant une jonction temporelle juxtaposant l’accroche contemporaine d’un gros son et l’attitude bravache d’une nostalgie qui n’a pas oublié comment ruer dans les brancards avec intelligence. Peu de points faibles à signaler sur ce premier EP, surtout pas au niveau des compositions qui gardent toute la même puissance en jouant sur les variations, si ce n’est ce petit accent français sur le chant de Dylan, qui nous rappelle les premiers méfaits de NO RETURN, ce qui en soi, n’est pas foncièrement désagréable. Et si les soli déraillent de temps à autres du côté Kerry King où ils risquent de sombrer, ça ne fait qu’ajouter une plus-value de folie à l’ensemble, qui parait sonner live en studio, comme si les compos avaient été enregistrées dans la même pièce, sans overdubs ni artifice de studio. Aucune pitié à attendre d’individus se réclamant de références séculaires (METALLICA, MEGADETH, ANTHRAX, SLAYER, HAVOK, CORONER, ENTOMBED, SODOM, DARK ANGEL, classique…), mais beaucoup d’envie, comme en témoigne le mélange des genres « Burning In Syria », tendu tout du long comme « The Burning Of Sodom » de DARK ANGEL et qui finalement laisse échapper un plan presque Hardcore à la D.R.I pour se la jouer subtilement Crossover. D’autant plus que le groupe nous aplatit dans la seconde avec un énorme « Surgical Strike », qui démontre qu’en plus de tout exploser, les toulonnais savent aussi viser. Riff aussi redondant qu’une répète des MORTAL SIN, ambiance un peu sombre à la CORONER des grands jours, aplatissements de double grosse caisse, et mid tempo assassin mais malin, nous laissant mosher autour de la table du salon. Et c’est bon….
Avec son titre laissant peu de mystère planer autour de son sujet, « 49.3 » joue justement le passage en force et se rapproche d’une contestation à la SLAYER, agrémentée de quolibets Core à la ANTHRAX, et représente certainement le pinacle de colère de ce premier EP. Le sommet créatif est atteint lors de la démonstration de style de « Speed Hammer », qui loin d’un simple burner nucléaire développe justement des arguments moins délétères, et laisse une pauvre petite mélodie s’incruster dans le barouf ambiant. Sans apporter un regard neuf sur l’original, la relecture du « Point of No Return » de HAVOK offre un point final à la hauteur des arguments développés, et permet aux ANTAGONISM d’entériner leur allégeance à la génération la plus récente, histoire de ne pas passer pour de simples passéistes en mal de Bay Area. En cinq morceaux originaux et une reprise, les toulonnais entament donc leur carrière sous les meilleurs auspices, et on attend avec impatience la sortie de World On Disease, leur premier longue-durée douze titres prévu en 2019, qui à n’en point douter, confirmera tout le bien que la presse et les fans pensent d’eux. En tout cas, avec Thrashocalypse, les musiciens prouvent une fois encore que sans passion, rien n’est bon, mais que lorsque la sincérité se double d’intensité, il n’est nulle montagne que l’on ne puisse renverser.
L'avis de Alexis Cro-Mags : 61%
Le revival thrash n’en finit plus de faire des petits, y compris dans notre beau pays. Si, pour la plupart d’entre elles, ces formations surfent sans vergogne sur les bases fondées par leurs glorieux ainés, ANTAGONISM, quatuor originaire de Toulon, propose pour sa part un thrash 100% pur jus mais surmonté d’une (petite) larme de modernité. Les influences du groupe mené par le chanteur / guitariste Dylan Hunger associé au batteur Raphael Goaguen, au bassiste Kevin Colin et au soliste Félix Cleyet-Marrel, sont à chercher quelque part entre le Big 4 américain, METALLICA ET MEGADETH en tête, CORONER ou HAVOK dont il reprend ici un titre. Fondé en septembre 2016. ANTAGONISM prend plaisir à brouiller – un peu ! – les pistes de par sa volonté de tenter de s’affranchir en vain - pour le moment - de ses influences par trop évidentes. Les nombreuses scènes foulées depuis sa création ont permis à ANTAGONISM d’affiner son thrash, de le parfaire tout en suggérant sa vision personnelle qui ne demande qu’à s’aiguiser davantage.
Ce premier EP 6 titres, judicieusement nommé « Thrashocalypse », se veut être un condensé de ce que représente ce jeune combo plein d’avenir. Tout y est, ou presque ! Les torpilles speed, les soli déjantés, les mid-tempi, les passages dégoulinant de double pédale… Tout ! Un bémol cependant. Le chanteur possède un organe frisant parfois la somnolence. En effet, Dylan Hunger, s’il ne manque pas de talent, semble à peine réveillé devant son micro. Ce mixe assez soporifique entre un Dave Mustaine (MEGADETH) émergeant d’un lendemain de cuite et un Brian Zimmerman (ATROPHY – une autre influence ?) coiffé d’un bonnet de nuit peine à faire illusion, parvenant même à agacer assez rapidement aussitôt l’intensité de la musique s’amenuisant. Si on ajoute à cela l’accent de l’ami Dylan, aussi limite que celui de ma grand-mère lorsqu’elle chante en yaourt, l’idée de progresser derrière le micro semble de plus en plus évidente. Pourtant la musique dans son ensemble affiche une volonté réelle de bien faire malgré quelques petites erreurs sans gravité aucune. « LxOxT », sur sa partie speed autant que sur son mid-tempo, fait le travail plus que très correctement tandis que « Burning In Syria », après une introduction dans un genre traditionnel que ne renierait sans doute pas KREATOR, se voit gratifié d’une étiquette dont ANTAGONISM aura bien du mal à se défaire s’il n’évolue pas un peu, celle de « MEGADETH old school-like ». Comment ne pas voir en effet dans ce titre un clin d’œil à deux yeux au « In My Darkest Hour » de la bande à Mustaine ? So far, So Good, So What… ? (1988) semble d’ailleurs être le disque de chevet du groupe, le solo à rallonge de ce titre autant que ceux des autres morceaux semblant sortis tout droit de la guitare du même modèle, la vélocité en moins. Difficile dans ces conditions d’apprécier la musique du groupe à sa juste valeur. Pourtant les qualités sont bien présentes, c’est indéniable. Le groupe joue bien, semble s’amuser à faire ce qu’il aime en se faisant plaisir – cette intro très agréable de « Speed Human » jouée en arpèges pour faire comme les grands, avant de verser dans du… MEGADETH façon Endgame (2009) ! - et en cochant toutes les cases « Done » d’un album estampillé « thrash ». Le mid-tempo de « Surgical Strike » orné d’une double pédale écrasante (un poil trop dans la mise en son, une constante) défouraille comme il faut tandis que « 49.3 » est un morceau thrash à la saveur typiquement METALLICA. Reste cette reprise de HAVOK classée en 6ème position qui n’apporte pas grand-chose à l’originale, suggérant tout de même que le groupe toulonnais se conjugue aussi au présent. Reste à savoir désormais si ANTAGONISM parviendra à se tourner également vers l’avenir s’il ne veut pas voir le sien s’assombrir. Le premier test est agréable, avec cet artwork digne du NUCLEAR ASSAULT des grandes heures. Nous attendons maintenant le deuxième, avec un vrai sens du riff, singulier, des morceaux plus emprunts de convictions et surtout un chant un tout petit peu plus réveillé, n’imitant pas en moins bien ses glorieux prédécesseurs. Ou alors en y ajoutant son grain de sel. On veut du vicieux, du sournois, de la révolte ou de l’urgence. Du gros thrash original qui tâche, que diable ! La bio du groupe jointe avec le disque évoque à propos de la chanson « 49.3 » une combinaison de « ...tous les gimmicks du genre… ». On pourrait sans peine appliquer cette profession de foi à l’ensemble du disque. Nous ne saurions trop conseiller à ANTAGONISM de tenter de n’en garder que quelques-uns tout en parvenant à imposer les siens. C’est là la plus grande mission de ce groupe prometteur.
Liste des titres
1 - LxOxT
2 - Burning In Syria
3 - Surgical Strike
4 - 49.3
5 - Speed Hammer
6 - Point Of No Return (Havok cover)
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