Difficile de nos jours d’établir avec précision les limites qui séparent le BM du Post BM, du Sludge, du Doom, du Blackened Doom et de toutes ces extensions qui finalement ne représentent qu’une seule philosophie de base. Le nihilisme mélodique, la puissance, la grandiloquence et le refus des conventions stylistiques. Et surtout, une impénétrable beauté dont les contours sombres se veulent aussi extrêmes que leur concrétisation musicale.
Mais après tout, l’important n’est-il pas de ressentir sans vraiment savoir avec précision ce qui stimule ces émotions ? Je pense que oui. Alors peu importe l’étiquette sur le flacon, seul en importe le contenu et l’enivrement des sens que son essence déclenche.
Et m’est d’avis que notre cas matinal n’éclairera pas plus notre lanterne dans le bouillard de la perception, puisqu’une fois de plus, les frontières sont floues et la démarche personnelle et multiple.
On le sait, que les Finlandais abordent le BM, le Folk Metal ou le Pagan, ils le font d’une manière tout à fait personnelle. La culture nationale est ainsi emprunte de fantasmagorie et de légendes qui lui permet de se différencier de ses voisins nordiques, et encore plus de ses cousins Européens. Et le cas éminemment hermétique de NEPHILIMS HOWL ne changera en rien la donne, et aura même tendance à la complexifier encore plus.
Joli coup remporté par un groupe aux deux années d’existence, qui dès son premier album ne lève pas le voile et se cache encore derrière le paravent du mystère de genre. Mais ne luttons nous pas depuis quelques années contre les théories de genre ?
Il y a deux ans, l’underground BM s’est agité de la naissance d’un nouveau représentant. Axé en trio (Reavhan - chant, AEK – batterie & percussions, VJR – guitare, basse et synthé), le monstre pluriforme NEPHILIMS HOWL n’avait d’autre but que de rester fidèle à ses convictions d’expression, qui leur permettait d’utiliser des éléments complémentaires mais disparates pour parvenir à leurs fins, jouer la musique la plus compacte, la plus occulte possible, sans pour autant se parer d’ors ou de sang, et en restant dans une normalité de conception assez tangible.
Pour autant, et maintenant que leur premier LP est disponible, il est assez aisé de juger leur parcours, et surtout, d’analyser leur modus operandi, qui débouche sur la création non d’un nouveau style, mais l’émergence d’une expression concrète se sevrant de courants déjà existants.
Ils le définissent eux-mêmes avec une certaine pertinence, et parlent d’une descente aux abymes, brumeuse, ténébreuse et pourtant harmonique et assez douce, comme une descente aux enfers poétique qui vous force à faire le point avec vous-même et vos propres goûts en matière d’extrême. Et inutile de le nier, Through The Marrow Of Human Suffering est extrême à sa manière. Mais la présence de ce premier jet au catalogue immaculé de noir des I, Voidhanger aurait déjà suffi à comprendre que nous avions affaire à quelque chose de différent. De tellement différent qu’il devient quasiment impossible d’en définir les limites et la profondeur par quelques comparaisons habiles.
Tout commence par une très longue intro de plus de quatre minutes, ample, sombre, aux dissonances en forme d’avertissement, et aux percussions dignes des meilleurs représentants de la scène Post Hardcore (NEUROSIS/COL). Quatre minutes et trente-deux secondes de procession martiale, qui plante un décor en trompe l’œil, mais qui grandit comme la menace d’un trou béant à même de vous avaler à jamais.
Puis cette intro se fond dans le premier morceau chanté de l’album, le majestueux et emphatique « Of Ordeals And Triumph », entamant sa litanie par un énorme accord sourd, avant de laisser de nouveau ces percussions incantatoires donner le rythme.
Rythme cohérent qui se veut modéré ou lent tout au long de l’album, mais qui trouve ici sa première incarnation, suivant les pas d’un OPETH résigné ou d’un PARADISE LOST étourdi d’une émotion Doom plus violente qu’à l’habitude. Le chant de Reavhan, en arrière-plan, un peu rauque et à la limite de la fausseté sur les accents harmoniques est incantatoire, mais s’adapte très bien de la monotonie des riffs qui ne changent que très rarement de tonalité sans pour autant se montrer rébarbatifs.
On sent une réelle volonté de proposer une véritable progression rythmique, qui se repait d’une double grosse caisse empesée et pesante, et de quelques arrangements bruitistes qui nous perdent les derniers repères en route.
Cinq morceaux, dont deux atteignent ou dépassent les dix minutes, pour une longue symphonie qui finalement, s’avère d’une richesse extraordinaire, même si les desseins ne sont pas encore clairement posés. Ce qui est certain au demeurant, c’est que NEPHILIMS HOWL a opté pour un expressionisme formel, qui refuse tout effet choc et cheap, pour se concentrer sur l’essentiel, de longues suites qui mixent dans un même allant une certaine forme de Heavy maladif, de Doom non restrictif, le tout saupoudré d’un BM lunaire, à cent lieues des us et coutume du style.
Ici, c’est le pilonnage du message qui compte, ce fameux message que les trois musiciens nous expliquent en ces termes :
«Through The Marrow Of Human Suffering traite de la contemplation existentielle, il se concentre sur la place de l’individu au travers des âges, cette sensation de s’évanouir comme la gloire du passé, mais aussi du combat pour comprendre notre force dans la logique des évènements, pour découvrir ce qui nous prive de notre potentiel »
C’est donc de cette logique que découle le monolithisme pas si figé que ça de « Hate Revelations », qui pendant presque six minutes reste bloqué sur un Heavy Black vraiment concentré et malmené, avant de s’abandonner à des sonorités dignes d’un progressif occulte des 70’s, sorte de Proto Folk un peu retardataire n’usant pas d’instrumentation acoustique.
« Against the Worlds That Bind Us » augmente la compression Black et représente sans doute l’acmé d’une violence sourde que le groupe assume depuis le début du disque de façon plus ou moins détournée, et se rapproche des racines scandinaves du Black le plus lancinant.
On pourrait croire que la longue procession de clôture, « Through the Marrow of Human Suffering I, II & III » se veut point de focalisation ultime d’un premier LP en forme d’énigme, mais elle n’en est que la simple conclusion et l’épilogue logique, tant ce titre reprend les formules d’usage pour imposer un dernier cadre étendu et cohérent. Même lenteur héritée du Doom avec cette basse énorme et cette guitare écorchée surplombées de harangues vocales dramatiques, mêmes breaks logiques, qui privilégient les dissonances et le feedback, mêmes faux silences qui déchirent l’espace sonore, pour un final en crescendo chaotique qui laisse la rythmique frapper comme bon lui semble sans nuire à l’ensemble. Une visite étrange à cheval entre le présent musical et le passé thématique, pour des sonorités finalement sans âge, qui pourraient se vouloir écho d’une plainte hurlée il y a quarante ans, tout comme un cri de naissance assez récent. Car les NEPHILIMS HOWL défient le temps, ce que cette ultime accélération semble prouver en unissant la force et la brutalité du BM moderne et les arrangements musicaux du Rock occulte de la charnière 71/72.
Mais NEPHILIMS HOWL en soi, de son baptême unissant dans la même trinité la bête, l’homme et les Dieux, est une énigme qui défie le temps et l’espace. Une expérience unique en forme d’introspection qui n’a cure des querelles de genre. Et Through The Marrow Of Human Suffering est un voyage sensoriel très bizarre, ni Doom, ni Heavy, ni Black, et tout ça à la fois. Et autre chose en même temps.
Titres de l'album:
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