Attention : Metal. Oui je sais, vous êtes là pour ça, alors à quoi bon préciser. Parce que cette précision revêt ici un caractère quasi religieux. Les américains de POUNDER sont entrés dans la musique comme on rentre dans les ordres, pour respecter les commandements, et se dévouer corps et âme à une figure centrale iconique. Pas de Dieu ici, mais un veau de Metal. Ce Heavy pratiqué dans les années 80, et popularisé par les plus grands, de JUDAS PRIEST à RIOT, en passant par LEATHERWOLF, SAVATAGE, ou JAG PANZER. Du pur, du dur, du clouté, du gras, du miné, en gros, tout ce qu’il faut pour faire honneur à votre veste à patches.
Point de condescendance dans ce constat. POUNDER est un phénomène de la nouvelle vague nostalgique américaine, un gardien du temple imposant, aux armes affutées. Nous avons déjà pu constater son inflexibilité en découvrant ses deux premiers albums, Uncivilized et Breaking the World. Evoluant sur la fine frontière séparant le Heavy du Power Metal (voire du Speed Metal), ces trois preux chevaliers (Alejandro Corredor - basse, Tom Draper - guitare et Matt Harvey - guitare/chant, plus un batteur de session) nous enfoncent encore plus le crane entre les épaules avec cette déflagration intense qu’est Thunderforged, enclume géante au marteau complice d’un acier trempé. On se replonge avec passion dans les années de notre adolescence, alors que chaque nouveau héros se voyait décapé par un autre, pour notre plus grand plaisir. Et le plaisir justement, est la seule constante dans la carrière de nos trois compères.
POUNDER return with a titanic third full-length and veritable raison d’être: Thunderforged!
Ça n’est pas moi qui le dit, mais bien Shadow Kingdom Records, qui avait pris la suite de Hells Headbangers lors de la sortie de Breaking the World. Une déclaration promotionnelle évidemment enthousiaste, mais parfaitement justifiée. Comme le souligne la maison de disques, si le deuxième album se doit de confirmer les bonnes impressions du premier et éviter l’effet feu de paille, le troisième album est celui qui confirme définitivement le potentiel, et qui incarne l’étape la plus importante à franchir.
Et sincèrement, en écoutant les huit morceaux de Thunderforged, on ne peut qu’arriver à une seule conclusion : POUNDER vous botte le cul plus efficacement qu’un gimmick Metal à la mode.
Notre bien-aimé trio ne s’est pas embarrassé de principes. Il a continué sur la même lancée, durcissant même légèrement le ton, pour parvenir à la hauteur des frères Gallagher de RAVEN. De fait, ce troisième né à de sacrés biceps, et envoie déjà valser son lait qui gicle sur les posters accrochés au mur. Véritable enfant caché du RAVEN le plus échevelé et du RIOT de Thundersteel, Thunderforged est un énorme cri dans la nuit, de ralliement des troupes, pour une invasion Metal en bonne et due forme. Alors autant préparer votre perfecto, vos badges et vos clous US, la meute ne va pas vous attendre. Bougez-vous les feignasses.
Cette bombe a de quoi secouer tous les immeubles de Los Angeles, pourtant habitués aux tremblements sismiques. Mais plutôt que d’essayer d’imaginer le désastre environnemental causé par ce disque, faites-vous une idée concrète en écoutant le torride « Line Of Fire » qui incarne tout ce qu’on a toujours aimé dans le Metal. Une rythmique affolante, des riffs affriolants, une voix ferme et rauque, des soli valeureux, et des mélodies subtilement diluées pour faire passer la pilule. D’ailleurs, ce titre n’est rien de moins que l’équivalent de « Thundersteel » en version 2024, ce qui en dit long sur l’affection que je lui porte.
Back to 1985.
C’est ainsi que Shadow Kingdom résume la chose, et je dois reconnaître que le parallèle n’est pas incongru, loin de là. Et comme le trio sait aménager le temps et l’espace, il garde sous le coude des tempi plus modérés, pour laisser s’exprimer son côté plus Hard. Ainsi, « Get Pounded » est l’hymne dont notre petit monde avait besoin, sur mid tempo hargneux et guitares prolixes.
Le son de l’album, gigantesque, est lui aussi casher, et nous renvoie à l’underground américain de ces années bénies. On y entend une grosse basse à l’économie, une batterie qui cogne jusqu’à ce que mort des peaux et des baguettes s’ensuivent, deux guitares qui rivalisent d’agressivité, et un chant qui prend aux tripes. Soit les ingrédients pour parvenir à un équilibre parfait entre généralisme et spécificité, POUNDER étant le seul à jouer cette musique universelle avec autant de passion.
Quelques clins d’œil ludiques au MAIDEN des tierces et de la NWOBHM, des ambitions pour ces atmosphères sombres que « Deeper Than Blood » (épique à souhait, et assez proche du mysticisme de MANILLA ROAD) impose sans ambages, et évidemment, un final tonitruant, qui une fois encore joue avec les limites de vitesse, les mêmes que défiait WILD DOGS dans sa prime jeunesse.
Je vous le disais, cet avertissement de début de chronique était tout sauf une formule facile. POUNDER enfonce un peu plus le clou dans le cercueil des traîtres, et continue son chemin fier du travail accompli. Il y a de quoi, et Thunderforged sera sans conteste le meilleur album de Heavy nostalgique de ce dernier trimestre 2024.
On parie ?
Titres de l’album:
01. Sound & Fury
02. Thunderforge
03. Metal Eternal
04. Comin Loose
05. Line Of Fire
06. Get Pounded
07. Deeper Than Blood
08. Wet & Wreckless
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