Des thrasheurs furieux qui viennent de Chihuahua au Mexique, voilà qui n’est pas banal. Un peu comme de dénicher un groupe de Death venant de Carp dans le Nevada ou un combo Black Metal exilé de Chicken dans l’Alaska. Bref, après tout pourquoi pas, d’autant plus que le nom de cette ville ne donne aucune indication quant à la violence du groupe en question. On les imagine plus venir de Molosse ou de Grizzly, tant leur violence condensée évoque plus un énorme mâtin en rogne après avoir perdu le facteur dans une cote, ou un plantigrade furieux que des touristes troublent sa sieste matinale. Formé en 2014, et ayant pratiqué sous le nom raccourci de RAZORBACK (vous savez cette bestiole énorme du film de Russell Mulcahy) avant d’opter sans doute pour des raisons légales pour RAZORBACK MX, ce groupe de méchants bruitistes nous offre aujourd’hui son premier longue-durée qui n’en est pas vraiment un, puisque si vous enlevez les deux minutes d’intro aux trente-quatre minutes globales, il ne vous reste plus qu’une demi-heure à vous mettre sous la dent. Mais c’est largement suffisant pour jauger du potentiel de cette jeune formation aux dents plus longues que celles d’un chihuahua, et qui avec Time Collapsing Machine témoigne de sa passion pour les années 80 les plus agressives. En substance, ce quatuor (Capi - chant/guitare, Dave - guitare, Sergio - basse et Sebastian - batterie) incarne une sorte de juste milieu entre la bestialité en vogue au Brésil et la fluidité américaine de la même époque 87/89, et délivre ce qu’on attend de lui, à savoir une grosse dose de brutalité maîtrisée, et emballée dans un son un peu sourd et diffus qui nous ramène directement aux origines du style.
Rien de surprenant évidemment, mais de la qualité dans la pugnacité, et une envie de taper du poing clouté sur la table. Après un premier EP en 2016 (Supercharged), les mexicains ont attendu quatre ans avant de se dévoiler à nouveau, et si les influences avouées du combo restent classiques (SODOM, SLAYER, TESTAMET, LICH KING, LAMB OF GOD), il est tout à fait possible de rajouter à cette liste quelques autres noms dont celui du SEPULTURA le plus juvénile et celui occulte de SARCOFAGO. Pour autant, pas question ici de Blackened Thrash ou des Bestial quoi-que-ce-soit, l’optique du quatuor restant résolument Thrash jusqu’au bout du médiator, ce qu’on pige immédiatement en écoutant « Hands in the River ». Riffs traditionnels aux syncopes propres, vitesse de croisière raisonnable, chant un peu sourd enterré dans le mix, le mélange ressemble à s’y méprendre à la philosophie australienne du genre, et on pense souvent à MORTAL SIN en écoutant Time Collapsing Machine. Très efficaces en mode mid tempo, les musiciens font preuve de plus de flair que d’imagination, et respectent les codes tout en y imprimant une aura plus mystique que la moyenne. Sans jamais s’approcher de la frontière du Death le plus accessible, RAZORBACK MX envoie la purée, mais le fait intelligemment, et lâche quelques soli plein de panache pour mélodiser un peu le boucan ambiant. Sombre, mais rythmiquement efficace, sobre mais décoré de quelques arrangements finauds, ce premier album est une réussite formelle en soi, et vient s’ajouter avec mérite à la longue liste des efforts passéistes du mois.
En optant pour des compositions développées, qui atteignent et dépassent souvent les six minutes, les mexicains ont pris des risques, mais ils s‘avèrent payants. Impossible en effet de rester de marbre face à la charge éléphantesque de « The Path of Flames and Pain », qui évoque le meilleur Thrash de la seconde moitié des eighties, avec ces accélérations de double grosse caisse dantesques et ces riffs d’une redondance extrême. La paire de guitaristes n’a pas la syncope dans sa poche, et nous délivre un festival de licks à rendre fou Gary Holt lui-même, tandis que les lignes vocales de Capi, graves et voilées évoquent l’Amérique du Sud la plus ténébreuse. De nombreux breaks savamment agencés, une énergie ne se démentant jamais, un léger parfum underground agréable aux oreilles, pour un festival d’accroches qui retiennent l’attention, et quelques effets sonores placés juste là où il faut. Percutant comme doit l’être un premier album, Time Collapsing Machine, bien que d’une cadence modérée est d’une intensité rare, et d’une épaisseur conséquente. On pense à un mélange entre INDESTROY et HEXX, avec ce petit côté Speed Thrash à la HEATHEN sali d’une philosophie moins harmonique (« Asylum »). Le côté DIY n’est toutefois pas handicapé par une production approximative, et les graves tremblent juste ce qu’il faut, spécialement lorsque les percussions tribales rentrent en jeu. Ainsi, « Founders of Our Nation » sonne comme l’hymne devenu trop rare à notre époque, accélère légèrement le mouvement pour se rapprocher d’un cocktail GRIP INC/DEATHROW, et la fin de l’album ne dément pas les bonnes impressions dégagées par la première partie. Bien au contraire, puisque le groupe termine l’orgie sur l’orgasme « Fires Falling », méchant comme du DARK ANGEL et souple comme du FORBIDDEN.
Un premier album sous haute tension qui fait du bien aux tympans, et gageons que le mexicains se préparent de solides lendemains. Des lendemains plus pitbull que chihuahua d’ailleurs.
Titres de l’album :
01. Shadows of War
02. Hands in the River
03. The Path of Flames and Pain
04. Asylum
05. Founders of Our Nation
06. Biological Solution
07. Fires Falling
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