Il y a des moments où on regarde dans le rétroviseur de notre R18 et là, avec notre esprit mesquin habituel, on se dit que ça fait longtemps que l'on entend plus parler de groupe issue de la mouvance de CULT OF LUNA ou GHOST BRIGADE, courant qui a inondé le style Metal il y a 5 ans environ. Et puis, sans faire plus de bruit que ça, tapis dans l'ombre, attendent patiemment 4 bonhommes qui utilisent le nom de LÒDZ et qui avaient déjà pu faire parler d'eux avec un premier EP, And Then Emptiness, en 2011 et leur premier album en 2013 nommé Something In Us Died.
Time Doesn't Heal Nothing est donc leur deuxième opus après avoir partager la scène avec de grands noms comme ENSLAVED ou GHOST BRIGADE (ben oui tu m'étonnes!) et quelque chose me dit que ce n'est là que les balbutiements d'un collectif capable d'aller plus loin encore. J'en veux pour preuve ce deuxième album justement, une production soignée aux petits oignons, le mastering est signé Nick Zampiello aux USA et avec une batterie claquante, des guitares aussi accrocheuses que mélodiques, seul petit bémol, une basse bien en retrait, une constante dans ce style assez atmosphérique. Ensuite, la qualité des morceaux. Si les deux premiers titres de l'album nous font entrer en terres connues avec des références à KATATONIA, CULT OF LUNA et KHOMA assez directes et évidentes, on entre dans le dur avec "The Sound Of Deceit" qui tisse quelque chose de bien plus personnel. Le groupe intègre bien mieux le côté atmosphérique en laissant de côté le côté plaintif et un peu spleen du style pour s'élever un peu et y apporter de la gnaque.
De la gnaque, "Shattered Dreams" semble en avoir avec cette introduction sombre et dissonante qui nous emmène sur une fausse piste de Blackened Metal à la REGARDE LES HOMMES TOMBER, mais rapidement LÒDZ retombe dans la facilité de l'atmosphérique, des voix claires et des grosses guitares en fond comme pour faire croire que l'ambiance est lourde. Là où est le problème c'est la voix claire d'Eric, l'accent franchouillard est un peu trop perceptible et joue assez régulièrement avec les limites de la justesse, le groupe use et abuse des grosses ficèles déjà bien usées par leurs ancêtres dans le style, à grand coup de relance avec de grosses guitares, voix aériennes autotunée, bref le travail de production est magnifique mais on peine à croire à la réalité de la chose... alors que sur "Nothing Else To Do", le chant présente un peu plus de peps qui fait toute la différence, moralité, inutile de s’appesantir derrière le micro messieurs c'est en étant directif que la sauce prend ! Ce morceau nous fait d'ailleurs penser à une approche vocale digne de Chino Moreno (DEFTONES), une voix mélodique mais que menace toujours d'exploser à tous moments, c'est d'ailleurs là où on peut trouver une piste d'amélioration pour ces français, l'explosivité de la voix est sans surprise, elle intervient là où on l'attend, comme dans beaucoup d'autres albums mais on sent que LÒDZ possède les clés pour proposer mieux car les idées de production sur la voix, les différents filtres et effets sont plutôt bien vus.
Bon, attention, tout cela peut laisser penser que le groupe est passé à côté de son sujet, la réponse est NON ! LÒDZ sait varier les ambiances, les tempi sur ce Time Doesn't Heal Nothing lorgnant autant sur le Post-Rock que l'Atmospheric Metal ou que le Post-Hardcore et des titres comme "The Sound Of Deceit", "Nothing Else To Do" "Everything Is Fine" ou "Cataract" sont de vraies réussites qui devront vite séduire les petits sceptiques. Tout cela bien enveloppé dans un artwork des plus soignés, un digipack trois volets avec un livret en papier épais un peu glacé soigné également, une production pointue, un style maitrisé, des titres cohérents et de vraies tueries pour booster l'album vers le haut, non comme je vous le disais plus haut, ce groupe a les capacités d'aller plus loin et ce Time Doesn't Heal Nothing ne fait que le confirmer.
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