Inutile de le cacher, la sortie d’All Rise, le premier album des suédois de PERFECT PLAN fut l’un des grands moments de l’année 2018, et reste l’un des meilleurs premiers albums de cette décennie. Autant dire donc que les attentes étaient grandes au moment de découvrir la suite des évènements, et que les originaires d’Örnsköldsvik portaient une lourde responsabilité sur leurs épaules. On le sait, le succès populaire d’un premier LP est une épée de Damoclès au-dessus de la tête, et propulse les carrières comme il peut les détruire, mais en fait, je crois que personne ne doutait de la capacité du quintet à offrir encore mieux que ce bouquet de roses rouges. Et en découvrant les premières chansons de ce Time for a Miracle, on se rend immédiatement compte qu’il mérite son titre à la lettre, puisque ce second effort est un petit miracle en soi, parvenant même par moments à se montrer supérieur à son glorieux aîné. Il est assez incroyable de penser que les suédois ont été capables de reproduire la même formule en l’améliorant et en la rendant encore plus efficace, et c’est pourtant le constat qu’il faut tirer de ces cinquante-cinq minutes de musique extraordinaire, représentant en quelque sorte la quintessence du Hard-Rock mélodique moderne, qui ne renie en rien ses glorieuses idoles. En durcissant un peu le propos, tout en gardant intacte cette science exacte des harmonies qui touchent en plein cœur, les PERFECT PLAN s’approchent de plus en plus près de cette perfection que leur nom induit, et se rapprochent de JOURNEY dans la quête du trône du groupe le plus capable en termes de fusion Rock et Pop. Comparer les suédois au géant américain vous semble prématuré ? C’est possible, mais si le groupe continue sur cette lancée, il risque fort de voir son nom accolé à l’autre dans les encyclopédies de l’AOR de première qualité.
Mais avant d’en arriver à une telle conclusion, il convient d’analyser le travail des suédois pour élaborer cette suite aussi attendue que le messie mélodique. Sans vraiment changer sa formule largement gagnante, le groupe propose donc une approche plus musclée, avec des saillies Heavy remarquables, sans évidemment renoncer à ce côté si harmonieux qui a contribué à leur succès à grande échelle. Ce qui ne les empêche pas de commencer ce second LP par une des chansons les plus agressives de leur répertoire, et de faire le lien entre LED ZEP et WHITESNAKE via « Time For A Miracle ». Intro Pomp, rythme martial, lourdeur ambiante, riff central à la HAREM SCAREM, pour une tuerie intégrale qui en dit long sur la suite. Les claviers, toujours aussi présents se montrent aussi indispensables que ceux du EUROPE de ces dernières années, et les suédois de jouer le Heavy comme un DEEP PURPLE époque Joe Lynn Turner, sans avoir recours à des astuces faciles. On pense à une association entre David Coverdale et ECLIPSE, mais en tout cas, le résultat est brillant, et refuse les facilités AOR de rigueur. Après avoir procédé à un petit ajustement au niveau de leur line-up, accueillant à la basse le petit nouveau Mats Byström, Kent Hilli (chant), Rolf Nordström (guitare/chœurs), Leif Ehlin (claviers/chœurs) et Fredrik Forsberg (batterie/chœurs) renouvèlent donc leurs vœux, et scellent le pacte qui les unit à leur public, en enchaînant immédiatement un morceau plus emblématique de leur répertoire, lâchant nonchalamment « Better Walk Alone » pour se rapprocher des racines de JOURNEY, TOTO et SURVIVOR. En deux chansons seulement, les suédois remportent la mise et font éclater les craintes, sans dévier de leur route, mais en décorant leurs bagages différemment.
Doté évidemment d’une production parfaite, qui trouve la bonne tonalité sans en faire trop, Time for a Miracle tire la sonnette d’alarme et nous ouvre les yeux sur une époque plus que troublée. Mais il le fait de la manière la plus intelligente qui soit, en enrobant son message dans une musique parfaitement équilibrée entre Adult Rock, Hard saignant et Heavy adouci. Sans jamais se trahir ou se compromettre, le quintet tombe toujours pile, place les breaks avec flair et ne se contente pas de refrains anthémiques dissimulant une pauvreté d’écriture crasse. Chez les suédois, tout est ciselé, mais sonne spontané, tout est sauvage, mais assez docile pour être approché, et la voix toujours aussi merveilleuse de Kent Hilli met encore plus en avant ces qualités d’écriture incroyables, qui permettent à chaque morceau d’être un hit potentiel. Plus rien d’étonnant ne peut sortir de Suède, puisque les musiciens nationaux nous habituent depuis des années à dominer le monde musical de leur potentiel sans limites, mais force est d’admettre que les PERFECT PLAN repoussent encore plus les frontières, nous livrant l’une des power-ballads les plus séduisantes du marché. « Fighting To Win » n’aurait pas dépareillé dans le répertoire du JOURNEY des eighties, coincé entre « Suzanne » et « The Girl Can’t Help It », et c’est peu dire que lorsque le groupe joue le velouté, les ors et ivoires brillent de mille feux sous la romance harmonique. Mais ne comptez pas sur eux pour abuser d’une sensibilité facile pour séduire les ménagères de moins de cinquante ans, leur propos reste Rock, et dur, dont les mélodies proéminentes ne parviennent pas à émousser la puissance (« Everytime We Cry »).
Essayant tous les tempi pour trouver celui qui convient le mieux, dispersant des couches de chant comme de la poussière d’étoiles sur un rêve AOR (« What About Love »), osant les allusions Blues dans un contexte purement Hard-Rock à la WHITESNAKE (« Nobody’s Fool »), les PERFECT PLAN ne se contentent donc pas d’une simple suite logique, mais nous offrent un véritable festival de savoir-faire, permettant à chaque chanson d’avoir sa propre identité. Taquinant les ambiances seventies lors d’intros prenantes, avant de rentrer dans le rang d’un Adult Orientated Rock d’une qualité simplement hallucinante, toujours à la frontière de la Pop/Soul et du Hard (« Living On The Run »), Time for a Miracle multiplie les moments de bravoure comme Jésus multipliait les pains, et sans nous offrir de solution pour nous sortir du marasme, nous permet de l’oublier pendant une petite heure. Et au fur et à mesure de l’avancée de l’album, alors que le sans-faute se rapproche de plus en plus à l’horizon, le quintet continue d’augmenter la pression et ne la relâche jamais, se permettant même de relire les grands classiques du style pour en proposer sa propre version (« Just One Wish »). Une telle constance dans la qualité, même de la part de suédois rompus à l’exercice a de quoi laisser pantois, mais c’est pourtant le petit miracle qui se produit sur ce second LP qui pourrait presque faire oublier la magie du premier. Difficile de croire pourtant qu’All Rise puisse se faire damer le pion, mais en tombant sur une petite perle du calibre de « Give A Little Lovin’ » en onzième position, c’est le constat qui s’impose, clair et incontestable. Ces damnés suédois ont donc encore une marge de manœuvre pour nous surprendre à l’avenir, mais en ce cas, il conviendra de revoir nos critères concernant la perfection, et en appliquer une échelle spéciale pour PERFECT PLAN.
Titres de l’album:
01. Time For A Miracle
02. Better Walk Alone
03. Heart To Stone
04. Fighting To Win
05. Everytime We Cry
06. What About Love
07. Nobody’s Fool
08. Living On The Run
09. Just One Wish
10. Dont Blame It On Love Again
11. Give A Little Lovin’
12. Don’t Leave Me Here Alone
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30