Bonjour à tous, et bienvenue pour fêter la sortie de la centième nouveauté Thrash du mois de décembre. La cadence d’abattage dans les années 80 était telle qu’on la pensait insurpassable dans un avenir plus ou moins proche, mais trente ans à postériori, il semble que la production ait atteint une sorte d’apogée, tant les nouveaux groupes essuient leurs pieds sur le perron de la maison de la nostalgie…
Ce matin, c’est encore une fois en Suède que nous allons chercher notre dose de grisant thrashisant, en rencontrant un quatuor haut en couleurs, qui visiblement, s’est uni pour jouer la seule musique dont ils avaient envie.
Cette décision fut prise à Göteborg, un soir de 2008, lorsqu’Evil Bastard (guitare et chant) et Desekrator (lead guitare) firent l’état des lieux de la scène Thrash mondiale, déplorant qu’aucun groupe ne propose le son qu’ils attendaient.
Devant cet état de fait qui les attristait considérablement, les deux musiciens décidèrent d’unir leurs forces, et complétèrent un premier line-up, en enrôlant la rythmique Sergeddon (basse) et Predator (batterie). Mais deux ans plus tard, le pauvre bassiste dû quitter ses fonctions pour raisons personnelles, et fut vite remplacé par Incinerator, ce qui permit au quartette de se stabiliser pour enfin avancer…
Un premier EP plus tard (Godrun, 2010), et puis un autre (Promodeath, 2012), des concerts en Suède et puis une tournée Européenne dans la poche, les quatre pourfendeurs de Thrash standard se mirent à la composition de leur premier long, Time To Destroy, que vous aurez donc le plaisir d’écouter en cet ultime mois de l’année.
Je pense qu’il répond aux attentes de ses géniteurs, qui doivent enfin savourer le fait d’avoir pu enregistrer la musique qu’ils désiraient écouter, mais satisfera-il vos exigences en matière de Metal torride et limpide ?
Seul vous le saurez, si vous en écoutez les neuf pistes endiablées….
Cette fameuse approche du Thrash que ces Suédois estimaient personnelle ne l’est pas vraiment. Si leur méthode est radicale et efficace, elle répond à des critères imposés par la production Européenne et Américaine des mid eighties, notamment celle de groupes comme RAZOR, CELTIC FROST, SLAYER, EXODUS et autres SEPULTURA, sans oublier de mentionner la scène Allemande et son rendement industriel.
Rien de nouveau donc sous le soleil froid de Göteborg, mais plutôt une accommodation de restes pour tenter de préparer une tambouille contemporaine qui louche salement vers les gamelles du passé.
Si les STORMDEATH sont Thrash jusqu’au bout du patch KREATOR, ils n’en sont pas moins intelligents, et ne pratiquent pas la cavalcade pour le simple plaisir de dépasser les limites de vitesse. Les morceaux de ce Time To Destroy aménagent avec beaucoup d’esprit un contexte Heavy dans un cadre Thrash, et rappellent régulièrement l’osmose développée par les DESTRUCTION, avec cette petite touche Canadienne qui ne crachait pas alors sur l’apport important de JUDAS PRIEST. Du Thrash donc, mais efficace, débordant de vitalité, et surtout, suffisamment ingénieux et humble pour proposer des riffs accrocheurs et des rythmiques sans heurts.
Cela étant dit, les Suédois ne sont pas là pour se prendre pour des intellectuels, et leur devise « Nous sommes là pour vous botter le cul au son du tonnerre grondant » est là pour le prouver. Avec des pseudos dignes du SODOM légendaire, et des centres d’intérêt triviaux (la bière, Satan, et le headbanging jusqu’au sang), le quatuor affirme ses positions, et reste planté sur ses pieds pour jouer un Thrash efficace et burné, ce qui vous en conviendrez, n’est pas plus que ce qu’on attend d’eux.
Des Suédois qui abordent la question sous l’angle Européen est toujours intéressant. Mais loin d’être une bande de barbares hirsutes sans foi ni solfège roi, ces nerveux de la gâchette savent trousser des hymnes imparables, comme le prouve aisément le premier titre de leur album, « We Are The Devils ». Un peu plus de six minutes de savoir-faire pour une attaque nucléaire, virevoltant d’un up tempo somme toute raisonnable faisant valser des riffs qui tournoyaient déjà pas mal.
Et si vous parvenez à passer outre l’écueil de la voix si particulière d’Evil Bastard, alors la partie est d’ores et déjà gagnée pour vous…
Des morceaux d’anthologie comme s’il pleuvait de l’acide, un certain radicalisme de ton atténué par une modération de fond, telle est l’optique de ces maniques de la charge frontale, qui n’hésitent pas à parsemer leurs titres de breaks Heavy du meilleur tonneau. Quelques chœurs fédérateurs éructés de délicates intonations voilées (merci l’euphémisme…), une poignée de soli hystériques mais à la dextérité sympathique, des variations qui tombent toujours pile là où il faut, et vogue la galère qui finalement ressemble à un bateau de croisière détourné par des pirates de l’enfer.
Cet enfer est bouillant, et déborde sur terre pour détruire toute trace d’humanité, avec des écoulements de lave comme ce « Time To Destroy » qui mérite bien son nom et détruit tout, non sans raison. Quelques syncopes à la DESTRUCTION, une science Heavy carrée et béton, quelques impulsions à la EXODUS/SLAYER pour rester dans le ton, et la machine tourne rond et monte pavillon pour prévenir les côtes arraisonnées.
Quelques exhortations un peu plus longues que la moyenne démontrent des capacités de composition étonnement délicates (« Dreamwalker » et son somnambulisme progressif digne du meilleur TESTAMENT), un débarquement au doux son de coups de canon sans pardon (« Gatlingun »), une pincée de minutes de préparation avant l’invasion (« Accursed », qui rappelle d’ailleurs leurs ancêtres d’AGONY en version plus appuyée), et des concertations de groupe qui tourne sacrément rond et imposent des décisions Heavy aggravées d’embardées Speed bien senties (« Law Of Death »).
En somme, un album solide qui ne change en rien la situation du revival Thrash Européen de ces dernières années, mais qui apporte son staccato à l’édifice avec une belle conviction.
Et malgré des pseudos fleurant bon la provocation, un nom un peu bidon et des slogans imbéciles, les STORMDEATH ne sont pas qu’une congrégation de bourrins trop tactiles affectionnant les agressions faciles. Ils jouent vite mais bien, carré et malin, et composent des chansons qui tiennent largement la route, coûte que coûte.
C’était donc la centième sortie Thrash du mois, ni la meilleure ni la pire. Peut-être un cadeau idéal pour les fêtes de votre neveu qui en dehors du Metal ne voit point de salut ?
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15