Le Death australien a toujours eu ce petit quelque chose de rugueux, de sec comme un coup de trique, qui n’a pas vraiment d’équivalent sur la scène mondiale. Un peu comme si les musiciens nationaux s’adaptaient à leur climat, comme l’ont fait leurs homologues suédois dans les années 90 en développant un style froid comme un hiver âpre. Le Death de Sydney ou Perth est donc parfaitement en adéquation avec le climat austral, ces longues étendues sèches et désertiques, ces surfaces vides de toute habitation n’offrant qu’une solitude difficile à supporter, cette chaleur qui oppresse en été et qui vous assèche de toute envie. On pourrait citer quelques exemples parlants, PORTAL, CEMETERY URN, ASPHYXIA, ABRAMELIN, mais aussi SADISTIK EXEKUTION, ARMOURED ANGEL, EXCRUCIATE, et puis les légendaires DISEMBOWELMENT qui ont toujours plus ou moins fait figure d’exception sur la scène avec leur approche plus Doom et poisseuse. Mais autant parler du renouveau du mouvement en abordant le cas d’un jeune groupe aux deux années d’existence, ces CRYPT CRAWLER qui viennent justement de sortir leur premier longue-durée, après avoir lâché l’année dernière une poignée de singles avant-coureurs. CRYPT CRAWLER, c’est un peu le chien dans le jeu de quille mais aussi l’incarnation absolue d’un Death de l’autre bout du monde, qui se revendique nostalgique, tout en acceptant l’époque troublée dans laquelle il évolue. Une façon d’adapter les codes en mélangeant les influences pour aboutir à un équilibre entre brutalité et dureté, histoire de proposer autre chose qu’un simple recyclage perpétuel qui anime la vague old-school. Mais old-school, ils le sont, et un simple coup d’œil aux références qu’ils assument permet de s’en rendre compte.
Venant de Perth comme beaucoup d’autres musiciens, les CRYPT CRAWLER reconnaissent avoir été influencés par les monstres sacrés de DEATH, OBITUARY ou MORBID ANGEL, pourtant, on n’en retrouve que des traces infimes dans leur musique. En choisissant de baptiser leur premier LP To The Grave, les australiens prenaient le risque du parallèle avec le pamphlet gelé définitif des GRAVE suédois, Into The Grave, mais une simple écoute aux premiers morceaux de cet album introductif suffit à comprendre qu’ils ne partagent que peu de points de vue avec cette vague ayant érigé la HM-2 comme déesse maîtresse. Ici, les riffs sont plus abrupts et secs que figés et rigides, et si le mid tempo martelé est roi, le groupe n’est pas non plus contre une soudaine accélération, ni l’insertion d’une harmonie délicate hors contexte. Et en définitive, il est relativement difficile de placer les australiens sur une échelle de référence, puisque leurs morceaux échappent à toute catégorisation, même si l’empreinte d’OBITUARY reste patente tout du long. Et le long, dans leur langage est plutôt court, puisqu’avec à peine une demi-heure au compteur pour douze titres, le quintet (Marco Ieritano - chant, Jordan Cappa & Zach James - guitares, Cameron Gillam - basse et Jacob Sewell - batterie) n’a pas tenté le diable et a préféré jouer le succinct, histoire de se présenter sans s’incruster. Et cette durée réduite, étrange sur le papier s’avère en fait un atout majeur, tant la redondance de ce Death qui semble s’obstiner à frapper à terre sans achever aurait pu se montrer diaboliquement redondant en s’éternisant. Et c’est après une courte intro que nous découvrons l’univers des CRYPT CRAWLER, qui avec « An Exorcism » plantent le décor, et synthétise le OBITUARY des nineties et l’ACID BATH de la même décennie, sans perdre de vue leur but initial. Jouer un Death Metal de tradition, tout en incorporant en filigrane ses obsessions contemporaines.
Pas de technique dévorante, pas de breaks incongrus, pas d’arrangements fantaisistes, juste des riffs qui plaquent au sol, une rythmique qui hésite entre lourdeur et explosion, le Death des australiens, loin de l’exubérance actuelle est du genre ascétique, à tel point qu’on a parfois le sentiment que deux morceaux n’en font qu’un. La transition entre « An Exorcism » et « Skinned Alive » est à ce point imperceptible qu’on a l’impression que les deux chapitres n’en font qu’un, sensation induisant une impression de cohésion, mais pouvant aussi nuire à un effet de surprise qui finalement, est quasiment inexistant. Mais heureusement pour l’écoute, les cinq instrumentistes décident dès « Cremator » de ralentir le rythme et d’accentuer leurs aspects les plus morbides, s’en remettant une fois encore à un mid tempo assez éprouvant pour faire passer leurs riffs standard, mais assez puissants pour convaincre. Death Metal clean ? Un peu parfois, malgré cette sécheresse de ton qui justement permet de se différencier de la masse, et finalement juste assez souillé par quelques idées un peu moins prévisibles, dont ces blasts sur « Flesh Obsessed » qui affrontent en permanence des passages assez catchy dans l’esprit d’un MORBID ANGEL plutôt inspiré. Les idées sont donc assez similaires les unes aux autres, l’ambiance assez aplanie, et le résultat convaincant par intermittence, malgré une belle implication du vocaliste Marco Ieritano qui fait ce qu’il peut pour tirer l’instrumental vers le haut. Certains titres, suggérant des accointances avec le Metal Indus biaisé des nineties rappellent que le groupe peut offrir un visage moins anonyme (« Not of This World »), et d’autres, plus longs et évolutifs essaient de se perdre sur d’autres pistes (« The Surgery Begins »), mais globalement, ce To The Grave est encore un peu trop générique pour oser incarner la relève du Death australien, et demande à être plus travaillé pour pouvoir s’extirper de sa condition un peu trop conventionnelle.
Titres de l’album :
1.Promesse Battesimali
2.An Exorcism
3.Skinned Alive
4.Cremator
5.Flesh Obsessed
6.Dig Up the Dead
7.Not of This World
8.Soul Harvester
9.Bloodletting
10.To the Grave
11.The Surgery Begins
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