Nous avons réalisé - assez tard il faut le dire - que Toil traitait de la dépression
Quand un groupe norvégien sort ce genre de constat, spécialement en l’intégrant dans un laïus promotionnel, on s’attend généralement à un concept BM ou en tout cas lié à l’underground sombre. Funeral Doom, DSBM, et autres digressions réjouissantes, mais certainement pas à un pamphlet Hardcore en bonne et due forme d’un Crossover intense et parfois proche d’un Rock alternatif tendu.
Les norvégiens ne faisant rien comme tout le monde, OBERST est tout sauf ça. Mais aussi bien plus. Fondé il y a de cela quelques années, et déjà responsable d’un premier long en 2020 (Paradise, à découvrir), ce quatuor dépenaillé et hirsute se complait dans un entre-deux ou entre-trois qui lui sied à merveille. Le sentiment d’écouter un inédit de BREACH ou de REFUSED repris à la sauce Post-Black est l’un des effets primaires de cette musique incroyable, entre violence ouverte et mélodies prononcées. Il est toujours agréable de tomber sur des artistes qui ne se contentent pas du tout-venant, et qui trient avant d’aller à la déchetterie.
Les OBERST, avant de tout envoyer valdinguer dans les containers ont gardé les métaux lourds, les accents Core, et les harmonies vicieuses d’une contre-culture nordique avide d’originalité.
Evidemment distribué par la fierté nationale Indie Recordings, Toil est une énorme surprise, au moins aussi énorme que le son de sa basse. Une surprise que le groupe explique finalement mieux que personne, en une seule phrase, bien sentie :
Tout ça va sembler un peu direct, mais nous nous sommes arrangés pour rendre les choses plus complexes.
Complexe, ce deuxième album l’est. De par ses structures, de par ses textures, ses strates, ses arrangements, ses lignes de guitare assassines, et son chant éructé comme aux grandes heures du NYHC. Comme un glaviot Punk reçu en pleine face par un mastodonte progressif des seventies, Toil se veut aussi rebelle que propre de ses convictions, et nous heurte de plein fouet comme un slogan de manif bien aiguisé. « Chroma » précise les positions, et nous hante de sa guitare claire et de son soudain emballement rythmique. Comme si un obscur one-man-band BM décidait de sonner plus Pop et Hardcore que ses contemporains. La sensation est évidemment très bizarre, le goût doux-amer, mais l’ivresse est sans risques. Alors buvez, à grandes goulées, même si vous ignorez la méthode de fabrication du breuvage.
Il y a bien plus étrange que ce premier titre sur ce disque. Il y a par exemple « Lifeline », bref mais noyé dans les effets et qui fonctionne telle une décharge électrique sous la douche. Il y a aussi « Invisible Hands » qui mouline sévère, et qui ramène le poisson sur la rive sans déjouer du moulinet. Mais l’originalité, aussi présente soit-elle, ne prend jamais le pas sur l’efficacité et la cohérence. Les quatre norvégiens (Tarjei Kristoffersen – chant/guitare, Dennis Estensen – guitare, Joakim Karlsen – basse et Johan Fredrik Bolli – batterie) ont rudement bien joué leur coup pendable en superposant des motifs classiques à des traitements par rayons expérimentaux. On se dit même de temps à autres que les zigues ont inventé le Black-Pop alternatif, mais on garde finalement les formules choc qui ne témoignent pas du potentiel d’un disque gigantesque.
Les plus radicaux des amateurs de Punk nordique reconnaitront leur tribu lorsque « Taxed and Brittle » leur explosera dans les oreilles. Impossible de ne pas penser à REFUSED, celui du grand comeback et qui a repris ses anciennes manières en les rendant plus abordables. Cet ascétisme Rock, cette rudesse de ton, cette sècheresse de son, les points communs sont nombreux, mais les deux groupes se différencient par leur utilisation de patterns improbables dans le cas de nos amis du jour.
Décalant la réalité rythmique d’un cran pour sonner Funk, syncopé à la NIRVANA, lourd à la MELVINS, ou électro-choqué à la BREACH, OBERST nous propose des harmonies symptomatiques du Post-Hardcore et une gestuelle plus rigide à la Hardcore moderne. Le choix pourra paraître surprenant de prime abord, mais la richesse des chansons palliera au manque de direction claire qui aurait permis de classer le projet sur les étagères.
Mais les OBERST n’ont rien à foutre sur une étagère.
A moins de vouloir y ranger un album qui mérite d’être mis en avant, dans une crise d’incompréhension aigue.
Et lorsque Toil se termine par son title-track, tribal et intimiste, le rêve continue comme le son continue de sortir d’enceintes d’une précision et d’une pureté incomparables.
Alors, ne vous faites pas trop de cheveux pour essayer de savoir à qui vous allez recommander cet album improbable et pourtant évident. Evident, parce que collant de près à la réalité d’une pathologie mentale qui vous isole du monde, et vous fait le voir comme un endroit dangereux et monstrueux. Un endroit où se cachent les créatures les plus nuisibles et les menaces les moins visibles. Un monde de paranoïa, de défiance, de méfiance et de déviances.
Et puis soudain, un rai de lumière, et tout paraît clair. La dépression, c’est aussi ça, cette incapacité à s’extirper d’une prison mentale. Une prison aux portes ouvertes, mais que l’on ne parvient pas à pousser. Une isolation volontaire qu’on ne peut pas expliquer.
Comme OBERST. Une réalité alternative à prendre comme telle.
Titres de l’album:
01. Chroma
02. Repugnaissance
03. A Breath and a Sigh
04. Lifeline
05. Invisible Hands
06. Mules on a Mountain
07. The Bends
08. Bad Run
09. Taxed and Brittle
10. Toil
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