Nouvelle signature pour les Acteurs de l’Ombre, et seconde vie pour un premier album paru l’année dernière en version dématérialisée. GRAVE CIRCLES nous en vient donc de la ville de Vinnytsia en Ukraine, dans laquelle il s’est formé en 2016, et Tome II, malgré son nom est bien le premier longue-durée de la formation, faisant suite à un premier EP sorti en 2017 et logiquement baptisé…Tome I. Conçu à la base comme un duo constitué de membres de GOATFLESH, le concept s’est ensuite élargi pour devenir un vrai groupe, et signer chez les suédois de Shadow Records. Flairant le potentiel énorme de la formation, les Acteurs nous offrent donc la version digitale de Tome II dans un superbe digipack, et autant dire qu’il fut dommage que cet album n’existe qu’en petits fichiers mp3. Aujourd’hui quatuor (Virus - guitare/composition, Baal - chant/composition, Exile - guitare et KGD - basse/guitare), GRAVE CIRCLES nous offre donc un survol de la situation de l’extrême en Ukraine, se rapprochant dans ses accents du Black Metal le plus fondamental, celui-là même que les pays scandinaves nous vomissent depuis les années 90. Beaucoup de classicisme donc pour cette sortie, qui tout en admettant l’importance de l’héritage historique, n’hésite pas à affirmer ses propres points de vue. Avec au chant Baal, également hurleur au sein de notre fierté nationale PESTE NOIRE (depuis 2018), ce premier long a de quoi intéresser les fans d’un BM formel mais pluriel, et les sept compositions qui forment cette première symphonie sauront rassurer ceux qui doutent encore de la capacité du BM à se renouveler sans se trahir. Et sans vraiment bousculer les choses, le concept avance à son rythme, proposant une synthèse intéressante de tous les courants.
Contrairement à beaucoup d’autres poulains de l’écurie des Acteurs, GRAVE CIRCLES ne cherche pas l’originalité à tout prix ou l’avant-gardisme prononcé. On sent que les musiciens sont à l’aise dans ce style traditionnel, et qu’ils ne souhaitent qu’une seule chose : broder leurs propres initiales sur le linceul originel. Si leur label n’hésite pas à les comparer à DEATHSPELL OMEGA, MGLA ou MISÞYRMING, on peut aussi rapprocher le travail des ukrainiens d’une version plus froide et sentencieuse de 1349, spécialement sur les premiers morceaux de l’album. Oscillant constamment entre la majesté d’un mid tempo à la BATHORY et des blasts impitoyables sur fond de hurlements graves et graveleux, le groupe tergiverse sans hésiter vraiment, et intègre des mélodies à son avancée impitoyable. Cet équilibre est manifeste sur un titre comme « When Birthgivers Recognize the Atrocity », l’un des plus concis de l’ensemble, qui ose même un up tempo incroyablement catchy. Certains se diraient par condescendance que les GRAVE CIRCLES se contente d’un BM assez générique disposant à vue tous les éléments d’une musique qui accuse plus de trente ans d’existence, mais les esthètes comprendront vite que le quatuor est un peu plus que la somme de ses influences, et qu’il est capable de s’éloigner des sentiers battus pour arpenter son propre chemin. Il est certain que les morceaux n’ont rien de vraiment extraordinaire, stricto-sensu, utilisant les codes d’un genre qui continue de se métamorphoser avec le temps, et pourtant, l’option progressive choisie, cette façon d’aller jusqu’au bout de la cruauté sans négliger la séduction tout sauf facile, cette utilisation des dissonances rappelant le MAYHEM post reformation, nous poussent à penser que Tome II est un peu plus qu’un simple état des lieux du BM ancien dans un contexte moderne. Et en tendant l’oreille sur l’implacable « The Unspoken Curse », on comprend rapidement que GRAVE CIRCLES manipule tous les codes pour les faire siens, et proposer autre chose qu’un simple postulat inamovible.
Cueilli à froid par les blasts de « Both of Me », le fan lambda s’accrochera à l’idée que les ukrainiens sont issus de l’école nordique de la violence la plus crue. Leur opinion sera aussi confortée par la voix de Baal, identifiable entre mille, et caractéristique du versant le plus brutal du BM moderne qui louche vers le passé. Et si ce morceau fait en effet partie du versant le plus classique d’un groupe ne refusant pas ses références, il n’en reste pas moins une entrée en matière diablement efficace. Mais dès ce premier morceau, les indices fusent quant à l’individualité d’un groupe qui se sert de sa propre expérience pour réécrire l’histoire à son niveau. En utilisant de nombreuses coupures et des tempi catchy, en usant de discordances sans en accentuer l’aspect disharmonique, en acceptant les espaces négatifs comme respirations, Tome II démontre que son agencement n’a rien d’une accumulation de clichés et autre figures imposées. D’ailleurs, en plaçant en ouverture trois morceaux totalisant plus de vingt minutes de musique, le groupe provoque, choque et oblige l’auditeur à réflexion, concentration, ce que « Faith That Fades » accentue encore plus de ses huit longues minutes. Grâce à des intros très travaillées plongeant dans l’ambiance, à une science des arrangements refusant les gimmicks faciles, à une connaissance encyclopédique du style, et à une facilité déconcertante à brosser des atmosphères vraiment prenantes, GRAVE CIRCLES prouve que le traditionalisme peut très bien de satisfaire d’une traduction dans un vocable plus contemporain, et on est saisi par la majesté d’une violence certes omniprésente mais intelligente et efficiente. On pense même parfois à une fusion entre le MARDUK de Legion et celui de Mortuus, et un pont tendu entre Heaven Shall Burn et Rom 5:12.
Très finement, subtilement, par à-coups et avec beaucoup de finesse, le groupe avance donc à son propre rythme, mais étonne de tant de professionnalisme pour un premier longue-durée. Certes, les musiciens ont du métier, et certains verront même en eux les vrais successeurs de MARDUK (« Abstract Life, Abstract Death »). Mais là où MARDUK récite une formule éprouvée depuis quelques années, les ukrainiens n’hésitent pas à agrémenter la leur d’éléments purement Heavy ou Post, avec des mélodies amères, de soudains arpèges purs, des cassures Ambient, et autres astuces qui permettent aux compositions de s’extirper d’un formalisme trop prononcé. On termine donc l’écoute de ce premier LP convaincu de la pertinence d’un album moins simple et évident qu’il n’y parait, et séduit par la force de persuasion d’un combo largement au-dessus de la masse. On sent que les années à venir autoriseront les musiciens à encore plus de culot, transformant GRAVE CIRCLES en une effrayante créature hybride entre brutalité effective et expérimentation létale.
Titres de l’album :
01. Both of Me
02. Predominance
03. Faith That Fades
04. Thy Light Returneth
05. When Birthgivers Recognize the Atrocity
06. The Unspoken Curse
07. Abstract Life, Abstract Death
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