« Le Doom ? C’est chiant… »
Si vous n’avez pas entendu cette phrase des dizaines de fois, c’est que soit vos amis sont plus ouverts que la moyenne générale, soit que la question ne s’est jamais posée. Laquelle ? Celle de savoir si ce style a encore quelque chose à proposer en 2017, quarante-sept ans après avoir été plus ou moins inventé par le tocsin funèbre de BLACK SABBATH…Créé à l’orée des 70’s, popularisé dans la même décennie et la suivante par ST VITUS ou CANDLEMASS, ce style s’est durci au point de souvent fricoter avec le BM histoire de voir si les extrêmes ne pouvaient pas le devenir encore plus. Tout ça nous a donc mené au Funeral Doom, au Caverncore (on ne rigole pas, les fans d’ENCOFFINATION pourraient mal le prendre), à l’inceste avec le Death qui via INCANTATION et DISEMBOWELMENT nous ont traumatisés de leurs relations un peu troubles, mais en somme, tout ça nous a surtout mené dans une impasse, résonnant des sempiternels mêmes riffs immuables et dont les pas sont ralentis par un tempo de plus en plus pachydermique, condamnant à un statisme qui peut rebuter les plus aventureux…
Donc, le Doom, sérieusement, c’est…chiant ?
Oui, ça peut l’être, surtout pris comme tel, et joué par des musiciens refusant toute modulation. Mais lorsque certains se permettent des citations personnelles probantes, le genre peut alors se retrouver plié sur lui-même, et nous proposer une boucle temporelle assez séduisante…
Prenez le cas de TOMMY STEWART'S DYERWULF. Dit comme ça, et sans présentations, ça peut sonner obscur. On pense à un énième combo prônant la pesanteur et l’érigeant en tant que dogme, ou à l’extrapolation en solo d’un membre de groupe fameux, bien décidé à laisser sa propre patte dans la terre encore meuble. Sauf que pour les vrais connaisseurs, le nom de Tommy Stewart est tout sauf inconnu, et tout sauf inhérent au petit monde sclérosé du Doom.
En réfléchissant bien, et avec une culture Thrash assez fouillée, le fan non lambda reconnaîtra le nom du bassiste fondateur d’HALLOWS EVE, l’un des premiers combos ayant pratiqué le crossover dans les glorieuses 80’s, et ayant pavé la voie à ANTHRAX et autres MORDRED bien avant l’heure. Personne n’a pu oublier des albums aussi essentiels en en marge tels Tales of Terror, Death & Insanity, ou même Monument, qui à l’époque avaient bien secoué des tignasses ainsi que des petits pick-up de rédaction. L’aventure EVE ne s’est pas arrêtée avec les années 80, puisque le groupe fondé par Stewart, Shoemaker et Andersen a continué de publier des albums jusqu’en 2008, et la sortie de The Neverending Sleep.
Mais alors, me direz-vous, quel rapport entre ce bassiste, le Thrash, et le Doom ? Simple, puisque ce dernier style est particulièrement apprécié par ce musicien qui ne peut pas rester en place, style qu’il a déjà exploré en amont via un premier album intitulé Clef Doom, seul, sous son simple nom.
Dès lors, il n’est pas étonnant de le voir continuer d’expérimenter avec la lourdeur au sein d’un vrai groupe, tout du moins un vrai duo, puisque Tommy partage la vedette avec Eric Vogt à la batterie (ARMED CHAOS), ce qui lui permet de donner un petit frère à son autre projet Doom, BLUDY GYRES, avec lequel il a aussi sorti un album en 2017, Echoes From A Distant Scream.
Doom, Doom, Doom, et rien d’autre. Doom donc, mais pas n’importe lequel, celui des origines, qui se voulait encore un tant soit peu musical, et qui offrait des idées, et non pas de simples litanies pour cérémonial funéraire interminable. D’autant plus que la formulation instrumentale choisie par Tommy réduit encore le champ du possible, puisque seul l’axe en trio basse/batterie/voix a droit de cité sur les morceaux de ce premier album éponyme, ce qui a de quoi susciter quelques inquiétudes…Comment se passer d’une guitare qui est quand même le pivot d’un genre qui se repose en majorité sur les riffs lugubres qu’elle peut dispenser ? Simple, en jouant ces mêmes riffs sur les quatre cordes d’une basse qui se passe très bien de son homologue aigue pour faire tourner des thèmes légèrement funèbres, mais toujours éclairés d’une faible lumière agonisante…
Ne le cachons pas, en substance, Tommy Stewart's Dyerwulf ressemble à une jolie union entre l’ascétisme instrumental d’un ZEUS, et la puissance mélodique d’un BLACK SABBATH. Même réduite à sa portion la plus congrue, la formation en binôme bouche les trous, et assure les interludes avec panache, se permettant même de tutoyer les huit minutes sans trop faire de remplissage (« Prince of Fools »)
Il est aussi probable que seuls les fans de Doom se montreront intéressés par ces extrapolations gravissimes, même si la reprise pas évidente à deviner du « Porpoise Song » des MONKEES pourra intriguer les fans de Pop qui se demanderont quel traitement aura subi ce hit de Goffin et King de 1968…La réponse est simple, le même que les autres compositions plus personnelles, avec une basse énorme et distordue au maximum, une batterie monolithique, et un chant clair qui permet au projet de garder sa musicalité. Cette reprise n’est d’ailleurs pas la seule surprise de cet album, avec son aspect Pop-Doom assez incongru, puisque l’album se termine sur un plutôt alerte « With Darkened Eye », qui ose enfin un mid tempo salvateur sur fond de rock song des seventies.
L’ambiance générale, très sombre et étouffée, est parfaitement marquée dès les premiers titres, spécialement sur « Horrorshow », qui en sept minutes fait le tour des possibilités, et ose occulter la guitare sans le regretter. L’un des points forts de cet album est l’osmose parfaite entre les deux musiciens, mais aussi la voix de Tommy, qui reste intelligible et mélodieuse, nous ramenant parfois vers les rivages Space-rock de l’orée des années 70 sans en avoir l’air.
Un peu d’effets (delay, flanger, wah) pour tenter des arrangements bruitistes (« The Man Who Sold Rope to the Gnoles »), des accalmies qui offrent un peu d’air (« Through A Dead Man’s Eye »), et en définitive, un album terriblement attachant, qui franchit les limites du simple Doom pour s’épanouir dans une musique bien plus riche. Mais on savait déjà Tommy tellement fan du genre qu’il n’est pas surprenant de constater qu’il s’en sort une fois encore admirablement bien, et ce, sans utiliser d’autres instruments qu’une section rythmique de base. Beau pari, belle réussite, et une tournée à venir qui s’annonce immanquable, puisque Tommy y reprendra les grandes lignes de ce LP, ainsi que le répertoire de BLUDY GYRES et d’HALLOWS EVE.
Non, le Doom n’est pas toujours chiant. Encore faut-il aimer le jouer avec envie. Et un poil d’audace. Des qualités qui ne manquent pas à Tommy, qui affiche une carrière étonnante et qui force le respect.
Titres de l'album:
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