Nous sommes quand même en veine. Après avoir ramené MR BUNGLE d’entre les morts pour libérer la rage d’un lapin de Pâques sous la forme d’une vieille démo, Patton ressuscite sa créature enfantée avec Duane Denison au début des années 2000. Mais si le retour de MR BUNGLE était une sorte de miracle auquel plus personne ne croyait, il fallait se douter que la pandémie et son cortège de confinement allait pousser le chanteur à remettre sur pieds quelques-uns de ses autres projets. Et puis, pour être totalement sincère, nous sommes sans doute plus nombreux à vouer un culte à MR BUNGLE qu’à TOMAHAWK, qui tout en restant sympathique, est quand même le concept le plus sage créé par le hurleur/crooner/ténor génial. Je n’ai pour ma part jamais accordé le crédit qu’il méritait à ce groupe fondé après un concert de BUNGLE par Patton et le guitariste des JESUS LIZARD. Alors même que je suis un fan indécrottable de Denison, alors même que je vénère comme vous Patton le caméléon du micro, j’ai toujours eu du mal à m’immerger dans cet Art-Rock un peu bancal et décidément - j’ose le terme - trop mainstream. Alors oui, le chant, alors certes, la guitare, alors évidemment, quelques crises de démence parfois, m’ont amené à tendre une oreille plus qu’attentive sur le premier LP éponyme, une oreille plus distante sur Mit Gas, et carrément absente sur le tribal Anonymous, qui avait d’ailleurs déclenché le départ de Kevin Rutmanis. Je n’ai d’ailleurs jamais vraiment écouté Oddfellows, dernier témoignage publié en 2013 avant que le groupe ne soit mis en sommeil par Patton.
Ennui et absence de live obligent, Patton a donc remis sur les rails TOMAHAWK pour jouer au chef indien dans ce qui semble être un western contemporain guidé par l’envie et la passion. Et si j’ai déjà lu pas mal de critiques mitigées - voire négatives - sur la toile, je tenais à me faire ma propre opinion sur ce cinquième album que personne n’attendait vraiment tout en sachant qu’il allait forcément exister.
Nous retrouvons sur ce disque les mêmes acteurs/musiciens que nous avions quittés en 2013, soit Mike Patton, Duane Denison, Trevor Dunn et John Stanier. L’esprit de famille est donc là, l’attitude aussi, l’enthousiasme quelque part, mais aussi la musique. Elle n’a pas trop changé, et malgré le passif marqué de Duane, sonne comme un intermédiaire assez habile de tous les projets musicaux de Patton, en se situant en convergence intelligente de FANTOMAS, FAITH NO MORE, MR BUNGLE, et quelques autres qu’il est inutile de nommer. D’ailleurs, Duane l’avoue lui-même, Tonic Immobility n’est ni plus ni moins que l’album que vous espériez d’un groupe de Hard-Rock moderne. Il exagère évidemment, puisque l’ADN de TOMAHAWK n’a pas grand-chose à voir avec le Hard-Rock moderne, mais il en est aussi éloigné que de cet Art-Rock que TOOL prône à longueur d’albums interminables. Non, ce cinquième longue-durée du quatuor se place plutôt dans une bonne lignée de bande-originale pour les oreilles, avec ses moments de conformisme distordu, ses plages parfois - et rarement - Ambient en expérimentales, et symbolise sans doute ce que Patton et ses complices peuvent proposer de plus proche de la normalité, à la façon d’un FAITH NO MORE plus concentré sur les ambiances que sur les accroches immédiates.
Je minimise par mes propos l’impact de l’album, parce qu’il ne mérite pas encore le statut culte que l’on a déjà accordé à Sol Invictus ou The Raging Wrath of The Easter Bunny. Il recèle en son sein de très bonnes surprises, le chant de Patton évidemment, mais aussi des titres moins prévisibles que la moyenne comme le très étrange « Sidewinder », qui passe sans vergogne d’un sentimentalisme hollywoodien à une rage alternative très palpable. Mais ne le nions pas pour faire le malin, « SHHH! » nous plonge en terrain connu, en revisitant les nineties d’UNSANE, de JESUS LIZARD évidemment, des MELVINS et d’autres électrifiés connus de tous. Le début de l’album est ainsi très consensuel, et très Metal, ce qui est toujours assez étonnant dans le cas de Patton qui aime jouer les mouches du coche avec le style. Et enrobé dans sa superbe production profonde et claire, Tonic Immobility joue sur l’oxymore de son titre pour nous faire comprendre que l’arrêt total des activités n’entraîne pas forcément l’arrêt des idées. Des idées, il y en a sur ce nouvel album, des idées anciennes et recyclées, des riffs qui prennent vraiment au corps, des parties rythmiques efficaces ou au contraire un peu louches, des chœurs étranges, mais surtout, des chansons, de vraies chansons, solides et agressives qui du coup, confèrent un aspect sérieux à l’entreprise.
On ne nous a donc pas pris pour des imbéciles avec Tonic Immobility, bien au contraire. Après tout, huit ans d’absence ne pouvaient être comblés par un truc enregistré à la va-vite, et entendre la voix enfantine de Patton survoler la mélodie bizarre de « Business Casual » reste un vrai bonheur pour les passionnés de FAITH NO MORE qui aurait très bien pu utiliser ce morceau sur Sol Invictus ou même…Angel Dust.
L’album est donc bon, très bon même, aéré, modulé, et n’offre que peu de moments de faiblesse concrets. C’est plutôt le parti-pris artistique de l’ensemble qui déçoit un peu, surtout après avoir encaissé le choc du miracle de The Raging Wrath of The Easter Bunny. Le dernier BUNGLE s’amusait beaucoup de son décalage temporel, et prônait la violence la plus simple alors qu’on attendait de lui qu’il propulse l’improbable au firmament bruitiste. A l’inverse, Tonic Immobility fait effectivement sur surplace en restant énergique, mais emprunte des plans Metal qu’on a plus l’habitude de retrouver chez les progressifs (« Tattoo Zero »). Je n’ai bien sûr rien contre le Hard Rock, alors j’ai pris pour argent comptant la déclaration de Duane que j’ai déjà évoquée plus en amont.
Tonic Immobility est donc réellement tout ce qu’on peut attendre d’un groupe de Hard-Rock moderne, mais mené par des pointures, et qui n’ont jamais eu l’habitude de jouer du Hard-Rock. Attitude qui permet d’apprécier le hit improbable « Dog Eat Dog » pour ce qu’il est, et « Recoil » pour ce qu’il n’est pas. A prendre au premier degré finalement, ce qui dans le cas de Patton est assez rare pour être souligné.
Titres de l’album:
01. SHHH!
02. Valentine Shine
03. Predators and Scavengers
04. Doomsday Fatigue
05. Business Casual
06. Tattoo Zero
07. Fatback
08. Howlie
09. Eureka
10. Sidewinder
11. Recoil
12. Dog Eat Dog
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