Death/Thrash ou Thrash/Death ? Débat épineux qui provoque toujours des scissions dans le public, et les anglais de BLOODMORES ne risquent pas de rendre la problématique plus simple à aborder. Avec leur mélange des deux fragrances à quantités égales, les originaires de Great Harwood, dans le Lancashire jouent donc l’ambivalence de violence, et nous proposent avec leur second longue-durée une œuvre foncièrement brutale, et pourtant abordable par les thrasheurs et les accros au Death le plus mélodique. Trois ans après sa formation, et deux ans après son premier méfait (The Seeds of Seasons), le quatuor rempile pour un crossover heureux, sinon joyeux, et fonce dans le tas non sans avoir élaboré un plan de bataille très précis.
Too Close to the Sun fait donc partie de ces albums qui mélangent avec bonheur l’attitude bravache d’un DEMOLITION HAMMER et les nuances scandinaves d’un AT THE GATES, sans pour autant sombrer dans le classicisme le plus affligeant. Constitué de quatre musiciens solides aux compétences indéniables (Alex Cunliffe: guitare/chant, Richard Jodrell: guitare, Connor Heelis: basse et Chris Mansell: batterie), BLOODMORES se situe dans une moyenne très capable de Thrash anglais, celui des années 2010 et non des eighties les moins excusables, et pilonne avec beaucoup d’intelligence tout en sapant les fondations de la frontière séparant les différents côtés de l’extrême. Ici, pas question de choisir entre la bestialité du Death et le radicalisme fluide du Thrash, mais bien de fondre les deux approches dans une philosophie personnelle. Ainsi, le morceau d’ouverture très justement baptisé « Virulence » en dit plus que bien des discours sur l’optique du quatuor, qui en cinq minutes résume sa démarche avec beaucoup de franchise.
Produit par Rob Broadbent, Too Close to the Sun attaque sévère, et multiplie les plans sans attendre. Le son, un peu rêche, colle parfaitement aux riffs sauvages et à cette rythmique en constante évolution, et le nombre d’idées est conséquent dès le départ, se rapprochant même d’un Techno-Death bestial, mais incroyablement fertile et précis. On pense donc à cette vague suédoise des nineties, la mièvrerie mélodique en moins, et les saccades beaucoup plus analogiques et humaines. Mais le groupe ne cherche pas à tergiverser, et veut convaincre dès les premières minutes, ce qu’il parvient à faire sans problème. Le headbanging ne tarde pas à démarrer d’une façon tout à fait débridée, mais la musique n’en est pas pour autant basse du front. J’en veux pour preuve ces quelques riffs dissonants qui nous ramènent à l’époque d’un CORONER plus sauvage que d’ordinaire, et si les envolées en solo se font systématiquement au rythme d’une batterie en fusil mitrailleur, leur fluidité permet de se raccrocher à des gimmicks plus concrets.
Aussi probant soit-il, « Virulence » n’est qu’un simple avant-goût de ce qui vous attend, et la cadence ne faiblit pas sur la suite « Terminal Diagnosis », plus bref, mais tout aussi plein et lapidaire. « Entombed In The Fires Of Armageddon's Womb » ne baisse nullement la garde, mais se permet quelques fantaisies de guitares qui enjolivent la brutalité ambiante, avant que le char d’assaut ne remette ses chenilles en marche pour écraser tout ce qui a l’audace de se présenter devant lui. Je n’essaie pas ici de vous convaincre du caractère fondamental d’un groupe qui reste quand même dans des balises de sécurité, mais plutôt de souligner le caractère personnel d’une œuvre qui joue avec les codes pour imposer son propre langage. Pour exemple, le catchy « Crypt Of The Blasphemous » s’amuse beaucoup de son démarcage de FORBIDDEN et EXODUS version Death, tandis que « White Noise » développe encore plus précisément les arguments progressifs notés en début de parcours.
Très capables en ce qui concerne l’imposition d’un instrumental solide et épais, les anglais se laissent parfois aller à des entames plus Thrash que la moyenne, avant de revenir nous les aplatir d’un Death clair, mais brutal. Alors, la démonstration fonctionne au premier et seconde degré, et le plaisir se retrouve décuplé par ce cocktail de sévérité mâtiné de pertinence harmonique, qui ne se perd jamais en route d’un chant clair totalement hors-propos dans ce contexte. D’ailleurs, les inflexions rauques d’Alex Cunliffe, relativement monocordes, nous évitent les atermoiements habituels des fidèles de l’église mélodique, ce qui permet au reste de la bande de se lâcher tout en gardant la cohésion sous le coude. Alors, on valse, on pogote, on slamme, et on apprécie les instants les plus accrocheurs, ceux qu’on trouve sur l’endiablé « Too Close To The Sun », title-track digne de ce nom et boucherie Thrash de premier ordre.
Jouant aussi avec le timing, BLOODMORES ne se gêne pas pour pratiquer l’incision éclair, et lâche deux bombes furtives, avec un nucléaire « Buried In An Unmarked Grave », et un assommant « Husk », avant de retrouver ses instincts plus nuancés sur le final « Defiant To The End ».
Second album honnête, classique mais pas trop, agressif mais pas bordélique, harmonique mais pas lénifiant, et débordant d’idées, Too Close to the Sun évite le piège dans lequel est tombé le pauvre Icare en s’approchant trop près du soleil. Ici, on reste à bonne distance du génie et de l’audace pour proposer un produit fini aussi efficace que futé, qui ralliera à sa cause les amateurs de Death/Thrash comme les accros au Thrash/Death. Ne pas choisir est parfois la solution la plus efficace pour éviter les questions embarrassantes et superficielles.
Titres de l’album:
01. Virulence
02. Terminal Diagnosis
03. Entombed In The Fires Of Armageddon's Womb
04. Crypt Of The Blasphemous
05. White Noise
06. Too Close To The Sun
07. Suicide Pact
08. Buried In An Unmarked Grave
09. Husk
10. Defiant To The End
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