Bizarrement, plus vous vous enfoncez sous la terre, plus il y a d’écho. Et en piétinant les bas-fonds les moins recommandables de l’underground, votre voix porte plus loin qu’au sommet des plus hautes montagnes surplombant les plaines. Tiens, un exemple, alors que j’arpentais les catacombes de la violence musicale virtuelle, j’ai soudainement laissé échapper un « Thrash ? » totalement innocent, rebondissant sur les pierres suintantes, sorte de cri d’espoir m’étant revenu en pleine face sous la forme d’un ferme MORBUM ! Amusant de constater d’ailleurs que l’écho de l’underground ne répète pas vos paroles bêtement mais donne des réponses à vos questions, toujours est-il qu’après avoir entendu ce nom bizarre, je n’avais de cesse d’en chercher la signification. Je pensais à une vague locution latine prononcée par hasard par un musicien perdu comme moi, mais je découvrais que MORBUM était une entité musicale très viable et très jeune, datant de 2020. Un groupe de Buenos Aires plus précisément, qui de son Argentine natale poussait son premier cri l’année dernière sous la forme d’un premier EP assez alléchant dans les faits.
Alléchant puisqu’on sait la violence sud-américaine très sourde et bestiale. Alléchant aussi parce que chanté en espagnol, alléchant parce que court et concis, et alléchant parce que brutal et très précis. La quintessence donc de cet art de bousculade qui a vu se succéder sur le trône de Metal des groupes de l’écurie Cogumelo, les sacro-saints ténors brésiliens, qui trouvent ici un digne héritier de leur brutalité débridée.
Comme son nom ne l’indique pas, ni le reste d’ailleurs, MORBUM n’est pas un groupe à proprement parler, mais bien un one-man-band, le Thrash en connaissant de plus en plus avec le temps. Et ce qui était à la base un sport collectif devient de plus en plus un sport individuel, les musiciens se dispensant très bien de la compagnie de leurs contemporains pour mettre sur pied des projets viables. Et ne vous en faites pas pour la crédibilité de ce Tormento Insomnico, puisqu’il m’a fallu apprendre que Francisco Goya était seul aux commandes pour réaliser l’absence d’autre instrumentiste. Ce premier EP est donc d’une solidité à toute épreuve, et d’une créativité dans la nostalgie assez notable, mais surtout une preuve des capacités de ce musicien sympathique, guitariste plus que capable qui nous inonde de soli.
Dans un registre de Thrash fatal et à la lisière d’un Death pas totalement découvert, Tormento Insomnico nous en donne pour notre argent, et malgré son timing plus que resserré, ce premier EP donne jouissance aux tympans qui se retrouvent pris entre le marteau sud-américain et l’enclume allemande. « Tormento Insómnico », le title-track donne un sérieux aperçu du talent d’instrumentiste et de compositeur de Francisco Goya, qui vitupère comme une sorcière, riffe comme une usine à gaz, et batterise comme on électrise une boite à rythme pour la faire tourner folle. Aussi doué avec quatre cordes qu’avec six, Francisco se lâche complètement et nous offre un CV complet, et surtout, une version actualisée et plus carrée des débuts de SEPULTURA qu’il confronte aux exactions de POSSESSED et aux soli d’Alex Skolnick. Mais la synthèse de son art est évidemment incarnée par l’acmé « Bellum Orbis Terrarum (Parte I) », déluge de sons, de licks, de parties acrobatiques et de constructions évolutives, et pendant ces sept minutes, on se prend à rêver d’un album complet de l’argentin, ce qui arrivera un jour je l’espère. Sur ce morceau aux proportions épiques, Francisco se laisse complètement aller, borde des riffs diaboliques dans le berceau rythmique du diable, accélère fast pour stabiliser up-tempo, et se rapproche même du grand Jeff Waters, ce qui en dit long sur ses capacités. Et le tout est puissant, véloce, hargneux, donc inutile de craindre une simple démonstration, puisque l’allégeance du musicien au Thrash le plus pur n’est pas à prouver.
Excellente entrée en matière mon cher Francisco, et permettez-moi de vous dire que vous faites plus efficace seul que d’autres à cinq.
Titres de l’album:
01. Decadencia
02. Tormento Insómnico
03. Placebo Mortal
04. Bellum Orbis Terrarum (Parte I)
05. Imperio Digital
06. Bellum Orbis Terrarum (Parte II)
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09