Inutile de se voiler la face, depuis sa reformation pas si surprise que ça en 2007, depuis la sortie de son unique album et des EP’s annexes, CARCASS ne cherche qu’une seule chose : faire la carnosynthèse de ses deux albums les plus emblématiques : Necrotism et Heartwork. Oubliés les débordements Grind et Gore des débuts, oubliées les exactions un peu trop mélodiques du faux chant du cygne Swansong, le quatuor s’est recentré sur sa période de gloire, celle que les fans placent sur un piédestal. Inutile aussi d’attendre un quelconque sens de l’innovation de la part d’un concept bien campé sur ses positions. Attendre autre chose qu’un verbatim parfait des années de gloire serait une chimère ridicule à poursuivre, et avec ce septième longue-durée, les anglais ne font que continuer sur la lancée initiée par Surgical Steel, comeback dispensable mais Ô combien agréable à l’oreille.
Compilations, coffrets, performances live en festival ou salles, CARCASS a prouvé que sa vitalité n’avait pas été avariée par le temps, mais que son inspiration restait bloquée entre 1991 et 1993. Avec les deux membres d’origine à l’instigation de toute décision, la qualité dans la prévisibilité reste constante, et ce nouveau chapitre de la saga de nos médecins légistes préférés ne déroge pas à la ligne narrative établie il y a trente ans : des riffs, beaucoup, de la mélodie, une agressivité dans le chant qu’on peut presque sentir ralentir notre pouls, des agencements presque progressifs dans l’esprit, des soli propres, et une puissance de scalpel à ranimer un cadavre froid depuis des jours.
Seule surprise de ce nouvel album, sa pochette conçue par Zbigniew Bielak qui s’est amusé avec des légumes agencés de façon à représenter un cœur, à la manière du traditionnel Kusôzu japonais, et cette description des neuf étapes de décomposition. Clin d’œil à la charcuterie morbide des deux premiers albums, désir de changer d’iconographie, cette pochette représente pourtant la quintessence de l’inspiration des anglais, avec ce blanc prédominant qui créé un espace négatif assez intéressant dans les faits. Pourtant, avec Torn Arteries, CARCASS reste dans sa zone de confort dont on peut supposer qu’il ne s’éloignera jamais, et nous propose à nouveau dix anciens morceaux déguisés en inédits que l’on aurait pu retrouver sur les bandes des sessions de ces deux albums déjà cités.
Parfaitement produit, enregistré entre la Suède et l’Angleterre, Torn Arteries ne vous bouchera pas les artères de son trop-plein de gras. Il est certes roboratif avec ses quarante-neuf minutes de musique, assez redondant dans la reprise de thèmes si chers aux anglais, mais il coule le long du système auditif comme un nectar amer qui lubrifie les conduits. Il est surtout un sacré clin d’œil au passé le plus lointain du groupe, et multiplie les allusions, et les boutades si chères au groupe. « Eleanor Rigor Mortis », « Kelly's Meat Emporium » et sa langue tirée en direction du Ma Kelly’s Greasy Spoon de STATUS QUO sont encore des preuves du sens de l’humour typiquement british des équarisseurs, et rien que l’énoncé de « Flesh Ripping Sonic Torment Limited » suffira aux fans à donner la chair de poule ressentie à l’écoute de cette démo mythique à l’époque. Jeff Walker, toujours aussi fier, ne tarit pas d’éloges sur cet album qui effectivement, est relativement bien construit, reposant sur quelques titres forts, et proposant parfois des textes différents du passé. Aucune révélation, aucune épiphanie, mais des morceaux qui risquent fort de faire un malheur en live et d’embaumer quelques accros un peu trop proches du premier rang. On y trouve quelques éléments intéressants, comme ce résumé parfait sur « The Devil Rides Out », agressif en diable, mais ludique dans son survol de tous les tics les plus symptomatiques du groupe. « Flesh Ripping Sonic Torment Limited » et ses neuf minutes, est une suite intéressante, construite sur un riff hautement redondant propulsé par un pattern rythmique diabolique et instable. Gros morceau de l’album, bardé de soli et de breaks, c’est l’acmé d’un effort collectif qui propose enfin non du neuf, mais du vieux mieux poli pour attirer l’ouïe sur l’étal.
Et si l’entame « Torn Arteries » construit un pont solide entre ce septième tome et le précédent, reprenant à la lettre les termes de Heartwork avec ces riffs avides de sang et ce chant si particulier, les choses dévient un peu avec le malin « Dance Of Ixtab (Psychopomp & Circumstance March No. 1 In B) » qui densifie immédiatement le jeu, tout en ayant recours à ces fameuses harmonies d’arrière-plan que le duo de base aimerait vraiment attribuer à l’influence de THIN LIZZY.
Et ce même Jeff Walker se prend les pieds dans le plat eu égard à son enthousiasme déplacé à propos de l’album. Lorsqu’interrogé sur les méthodes de composition, le bassiste/chanteur s’explique, il rentre en contradiction avec le résultat final, celui que tout le monde peut écouter aujourd’hui :
« Nous n’avons pas vraiment de méthode, personne ne compose, arrive dans la pièce en disant « voilà comment doit sonner la chanson ». La plupart de nos titres sont construit sur un rythme, ou une idée : « avons-nous déjà utilisé une intro comme celle-là ? », « Avons-nous déjà employé ce rythme ? ». Si nous ne prêtions pas attention à cela, nous enregistrerions le même type de chanson générique couplet-refrain ou ce genre de merde, mais nous ne voulons pas nous répéter. Nous essayons de rester créatifs »
Lorsqu’on lit cette déclaration après avoir écouté plusieurs fois l’album, les mots de Jeff prêtent à sourire. Rien qui n’ait déjà été joué et enregistré ne figure sur Torn Arteries. Et quelques secondes de « Eleanor Rigor Mortis » ou « Under The Scalpel Blade » suffisent à le comprendre. Néanmoins, apprécier l’album pour ce qu’il est - une habile redite - est chose facile, puisque CARCASS n’a rien perdu de son art légendaire de découpe des morceaux. Ces intros mélodiques qui débouchent sur un beat fatal (« In God We Trust », dont le thème rappelle méchamment certains hits Metal des eighties), ces fills habiles de Daniel Wilding (« Wake Up And Smell The Carcass / Caveat Emptor ») nous gardent dans l’enclos qui mène à l’abattoir, et nous rassurent quant aux intentions statiques du quatuor.
Alors, à vous de savoir si cet emballage neuf cachant un rôti de tradition fondra dans votre bouche où vous bouchera les artères. Mais il y a des restes bien accommodés qui donnent de temps à autres un sentiment de frais.
Titres de l’album:
01. Torn Arteries
02. Dance Of Ixtab (Psychopomp & Circumstance March No. 1 In B)
03. Eleanor Rigor Mortis
04. Under The Scalpel Blade
05. The Devil Rides Out
06. Flesh Ripping Sonic Torment Limited
07. Kelly's Meat Emporium
08. In God We Trust
09. Wake Up And Smell The Carcass / Caveat Emptor
10. The Scythe's Remorseless Swing
En pleine découverte de cet album, acheté samedi.
Mais bon sang, on y retrouve des moments d'excellence ! Ces mélodies tordues et vicieuses, ces rythmiques velues, ces petits passages qui blastent, ces vocaux au papier de verre... on est complètement en territoire connu mais avec un niveau d'aisance, des riffs catchy et un groove death totalement réjouissant. Je n'attendais pas plus de ce groupe et j'ai un peu de mal à comprendre les réactions souvent blasées qu'on découvre un peu partout sur le Net.
Fan des 4 premiers albums évidemment je suis déçu, même si j’ai apprécié surgical steel, je trouve ce dernier album sans saveur, et une viande sans gout ce n’est pas festif.
J’abandonne.
@Bones
100% d'accord avec toi si ce n'est que je ne l'ai pas encore acheté (ça ne va pas tarder). J'ai beaucoup apprécié mes premières écoutes de cet album qui va beaucoup tourner chez moi. Quelques morceaux énormes (j'adore Dance of Ixtab notamment), des parties de guitare franchement jouissives, bon en bémol je trouve la voix un peu convenue par moments, mais qu'importe ça reste le très haut du panier. En fait le plus gros défaut de ce groupe c'est la frange de son public qui n'a jamais digéré son changement de style et ne perd jamais une occasion pour cracher dessus. Qu'elle passe à autre chose, ça nous fera des vacances.
Putain y'a pas à dire, CARCASS, c'est plus ce que c'était hein !
Après les 3 somptueux premiers albums, j'ai jamais accroché à ce qu'ils ont pu pondre par la suite.
(sic)
Le problème est que Necroticism et Heartwork sont tellement parfaits que tout ce qu'il pourront sortir ne souffrira pas la comparaison. En outre, la production de ces 2 albums sont des références : très sèche et agressive pour le premier. Ultra dense pour le second (The Studio Experience a fait une vidéo très intéressante sur le sujet il y a quelques semaines).
Surgical Steel n'était pas un mauvais album, mais il n'y a pas de riff qui rentre dans le crâne comme le premier riff de Buried Dreams ou celui de Heartwork.
Même punition pour Torn Arteries. De bonnes idées, de bons riffs, de bonnes mélodies, mais il n'y a ni l'ambiance de Necroticism, ni la densité sonore de Heartwork. Et il n'y a plus l'effet de surprise. Heartwork est arrivé en pleine "invention" du heavy death, là ça fait des lustres que le style a été retourné dans tous les sens...
De plus, comme pour Surgical Steel, je pense que Torn Arteries est un collage de bons riffs là où les précédents disposaient d'enchaînement propres à créer une ambiance...
Bon et puis après tout, je m'en fous, Carcass existe, joue, compose, sort des albums et rien que ça, c'est suffisant...
3ème écoute intégrale. Des moments vraiment excellents sur cet album. J'y trouve une fraîcheur et une richesse dans les riffs que je n'osais même pas espérer. Il y a vraiment chez Bill Steer une patte complètement inimitable, une aisance à tordre des harmonies, botter des culs tout en étant d'une élégance extrême. Oui Carcass ne se réinvente pas mais les morceaux sont d'une grande classe et pas du tout dépourvus d'ambiance, pour peu qu'on accepte de s'y abandonner. C'est un collage de bons riffs, OK, Grinder92... et c'est déjà pas mal ! Combien de concurrents ont la technique, le touché, mais accouchent de riffs rincés et font du glaçage sans gâteau ?
J'ai laissé décanter Surgical Steel depuis trop longtemps et ce Torn Arteries me donne foutrement envie d'y revenir. Franchement, je retrouve Carcass dans une forme de tous les diables.
ça cachetonne sec depuis trop d'années, en d'autres temps, on t'aurait foutu tout ça dans une oubliette.
N'en déplaisent aux haters, Swansong est le dernier album véritablement sincère du groupe. Depuis la reformation, Carcass fait du fan service à tout va et je trouve cela très malhonnête. Comme Petrozza qui continue Kreator car c'est une source de revenue alors qu'il n'a plus d'affinité avec le style.
Encore un gogo qui parle "haters"
@Drift : tu préfères quoi haineux? haïsseurs? Je vois en quoi en utiliser un anglicisme comme haters rend nul le reste de son propos. En tout cas, pour toi, j'ai une expression bien française : sac à merde.
Cette prolongation de "Surgical Steel" va certes ramener dans le camp des déçus ceux qui espéraient que ce précédent n'était qu'un tour de chauffe avant un "Heartwork II" ou un "Symphony of Putrefaction" pour les plus rêveurs. Ces emboîtements de riffs sympathiques mais en rien nouveaux (les propos de Jeff Walker sont gonflés !), loin des remarquables compositions parfois complexes mais toujours limpides du passé. C'est peut-être ça qu'on reprochera le plus, en fait. Il y a aussi la reprise d'intitulés de compilations passées pour donner titres à certains morceaux. Bref la petite baisse d'inspiration par rapport aux années glorieuses est sans doute définitive, mais ce n'est peut-être pas pour rien qu'ils ont fait autre chose pendant quinze ans.
Tout ceci dit, ça s'écoute agréablement quand même. Il y a une densité incontestable dans tous ces plans pris à la file, rappelant l'intensité sans relâche qu'ils mettent en live. Et je ne vois aucune de faute de goût dans cet album, paradoxalement. D'ailleurs Jens Bogren a bien arrangé un son propre mais vivant.
@Je te sodom à l\'agent orange L mouche toi et retourne faire dodo.
@drift j'ai envie de te pisser dans l'anus.
Ça vole haut les commentaires...
Que veux tu c'est un idiot...
@Drift : tu fais parti de ces coms pas très fûtés, hein...
Persqu'aussi mauvais que le calamiteux Swansong.
Merci pour la chronique! Ca donne envie malgré tout!
Pour ma part je trouve la production de cet album pas terrible : les guitares bavent et manquent de précisions. La batterie n'a aucune puissance et les fréquences se mélangent ente guitares et basses... Les compos quant à elles tournent franchement en rond... On s'ennuie un peu à l'écoute d'un album qui aurait pu être meilleur s'ils avaient décider de rester dans la ligne de Despicable, plus lourd et groovy, quelque part entre Heartwork et Swansong. Déception.
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21/11/2024, 08:46
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09