« Au lieu de suivre les modes, nous avons pris la direction opposée, et nous sommes retourné aux origines du Death, encore plus qu’avant. C’est notre album le plus essentiel, sans ces couches de Sludge et autres arrangements populaires des albums précédents. Nous voulions que les nouvelles chansons soient dénuées de toute ornementation, et qu’elles tiennent debout avec un maximum de riffs. Cet album est garanti sans désir de sonner expérimental ou avant-gardiste. Nous avons détruit la formule précédente pour construire sur ses ruines un hommage aux classiques du genre. »
C’est ainsi que le groupe KURT MOGIL parle de son deuxième album, et je peux d’ors et déjà contredire deux points de cette tirade promotionnelle. Première négation, concernant le fait que les polonais vont à l’encontre des modes. La mode en Death Metal, comme en Thrash ou en Heavy est justement de retourner aux racines pour proposer les albums les plus old-school qui soient et s’inscrire dans une veine de nostalgie lucrative. Et en adoptant ce comportement, le groupe polonais suit donc la mode générale de ces dernières années. Ensuite, les morceaux qu’on peut trouver sur Torn Away The Remains Of Dasein ne sont pas dénués d’arrangements et réduits à leur matière la plus élémentaire. La preuve en étant « White Death Implosion », qui entame les hostilités d’une intro Ambient presque industrielle et qui aménage un break central à base de basse ronflante et de légères couches de guitare en arrière-plan, à la manière d’un GODFLESH plus cru qu’à l’ordinaire. Alors en deux constatations, on remarque immédiatement que les originaires de Tarnów ne sont pas vraiment allés au bout de leur démarche, sinon, Torn Away The Remains Of Dasein sonnerait tout simplement comme une démarcation des premiers NILE ou SUFFOCATION. Certes, la majorité du répertoire sonne passéiste juste ce qu’il faut, mais avec seulement six morceaux pour trente minutes de musique, il n’était pas difficile de proposer une œuvre totalement nostalgique sans avoir à utiliser des éléments extérieurs.
Nonobstant cette mise au point ferme, ce deuxième effort des polonais reste hautement recommandable. Cinq ans après le séminal Anxiety Never Descending, KURT MOGIL revient plus remonté qu’un fossoyeur à l’heure de la pause, et semble dopé de ses changements de line-up. Ainsi, le quatuor célèbre aujourd’hui l’intégration permanente de Rzulty, leur guitariste live et de Deimos, nouveau chanteur/bassiste au timbre grave et rauque. C’est donc une formation à cinquante pour cent renouvelée qui nous déverse sa bile Death aujourd’hui, et force est de reconnaitre que la régurgitation ne fait pas semblant. Mixé et masterisé au Satanic Audio par Haldor Grunberg, et arborant un splendide artwork signé Sars, Torn Away The Remains Of Dasein est une pure tuerie de débauche démoniaque, et son entame « Hunger Of Pride » est aussi dantesque et ultraviolente que son titre ne le laisse supposer. Pas de mise en jambes, des blasts à en inonder le grand Canyon, des riffs maléfiques et des soli discordants, ces quelques premières secondes jettent le fan dans un bain d‘acide et de haine, et place la barre très haute pour la suite des évènements. Et comme je le précisais, la suite des évènements est assez courte, les polonais estimant que trente-trois minutes de musique suffisent à combler cinq ans d’absence. Mais en faisant le choix de la concision, le quatuor a effectué une bonne opération, ce second long gardant son impact sans jamais accuser la moindre baisse de régime. Alors évidemment, philosophie passéiste oblige, tout ce que vous écouterez sur cet album aura déjà été entendu plusieurs fois, mais certainement dans des versions moins sauvages et précises à la fois. En ajustant des prétentions de Technical Death à leur furie ambiante, les polonais signent un manifeste de méchanceté à la hauteur de leurs ambitions, et accumulent les plans, ultrarapides, glauques, supersoniques, d’outre-tombe, et nous ramènent en effet dans les années 90, lorsque les limites de la brutalité millimétrée étaient sans cesse repoussées.
Les chansons semblent prendre un malin plaisir à accumuler les figures imposées, et la cadence d’abattage est impressionnante, répondant à l’équation simple VADERxNILExSUFFOCATION= KURT MOGIL. « Torment Of Dasein » est le genre de massacre qui laisse une ville entière en tas de ruines encore fumantes, et les prouesses accomplies au kit par The Rays sont encore une fois hallucinantes et dignes d’un manifeste Black Metal des plus nauséeux. De son côté, Deimos fait tout ce qu’il peut pour faire sonner ses vocaux de façon blasphématoire, et semble évoluer dans une sorte de partie fine entre démons, zombies, et autres créatures de la nuit. Le tout est aussi brutal qu’il ne peut l’être, avec toujours cette finesse dans les intros qui vous tombent dessus comme une horde de morts-vivants avides de cerveaux plus très frais. Complet dans sa démarche, précis dans ses détails, ce nouvel effort est en effet une ode à la brutalité des nineties, mais pas seulement, et aussi un produit bien de son temps. Les arrangements, même réduits au minimum sont efficaces, les sifflantes hystériques, les reprises atomiques, et l’ensemble dégage une chaleur digne d’une fournaise infernale. Pas le temps de reprendre son souffle englué dans ce maelstrom de méchanceté permanente, et entre un « Idols In Blood » qui joue sur tous les fronts, et le final « Fountain Of Affliction » qui ose une optique plus MORBID ANGEL que nature, tout y est, vous pouvez recompter, vos os y compris, puisqu’ils ont encaissé l’équivalent de 6G de baston dans la tronche, sans prendre de gants. Un album qui s’écoute quand on a envie de tout raser pour reconstruire dans la douleur, qui donne des envies de carnage, et qui finalement, même sans vraiment respecter son discours promotionnel, arrive à ses fins par des méthodes diverses, mais toutes honnêtes.
Titres de l’album :
01. Hunger Of Pride
02. White Death Implosion
03. Torment Of Dasein
04. Idols In Blood
05. A Wax Reverie
06. Fountain Of Affliction
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