Cher lecteur, tu aimes le Thrash, le Hardcore et le Thrashcore ? Du coup, tu aimes le bourrin bon enfant qui vélocipède comme un fou ou au contraire qui massue comme un forgeron ? Sois heureux, j’ai la nouveauté qu’il te faut, une nouveauté concise de Californie, le dernier EP d’une étrange tribu baptisée SPLIT IMAGE. Et en effet le miroir semble brisé en plusieurs morceaux, puisqu’en regardant le reflet du groupe de plus près, on aperçoit les silhouettes de MADBALL, de BIOHAZARD, d’AGNOSTIC FRONT, d’EXCEL, de CRYPTIC SLAUGHTER, ENFORCED et même POWER TRIP. Du beau monde au moment d’établir les comparaisons, et Dieu sait si la musique de ces quatre malandrins puise dans le passé.

La new-school of old-school, ou l’inverse, pour six titres bourrés d’énergie, gonflés par une énorme basse brillante, et emmené à un rythme d’enfer par un frappeur qui n’a pas les baguettes dans ses poches. Présentations ? Avec plaisir, voici donc Josh (chant), Jared (lead), Joey (rythmique), Nadesha (basse) et Chris (batterie), cinq larrons en foire qui s’amusent à faire pas mal de boucan, mais qui savent parfaitement doser leur cocktail, à mi-chemin du Thrash et du Hardcore.

Alors, Hardcore/Thrash ou Thrash/Hardcore ? Les deux mon capitaine, puisque chaque morceau prône l’ouverture sur le monde d’à coté, et si les débats démarrent sur les chapeaux de roue, les cinq musiciens savent ralentir méchamment le tempo et caler quelques chœurs hurlés pour se la jouer musique de rue énervée. Beaucoup d’envie donc, pour un moyen-format qui nous en donne pour notre argent, avec saillies brutales et ultraviolentes et passages en mid tempo écrasants.

On a beaucoup de mal à ne pas tout envoyer valser en écoutant « Socialized Crucifixion », enfant bâtard de DISCHARGE et SUICIDAL TENDENCIES, le tout joué à la vitesse de WEHRMACHT. Evidemment, si le tout est aussi viscéral qu’une baston de rue, l’agencement est propre, les compositions carrés, les arrangements sobres mais bien placés, et le chant de Josh, purement Hardcore, nous fait humer l’humeur matinale d’un New-York mal embouché et épuisé d’une nuit de violence.   

Bonne alternance donc de la part de ces sympathiques voyous, qui écrasent subitement la pédale de frein sur « Justified Suicide », lourd comme une ambiance électrique entre deux gangs, et sournois comme le regard d’un thug prêt à en découdre. On aime vraiment cette façon de proposer autre chose qu’une simple cavalcade ludique, et les titres les plus Heavy s’intègrent parfaitement au répertoire, entre deux eaux, mais toujours conséquent. De plus, cet EP possède un son gigantesque, qui rappelle un NUCLEAR ASSAULT gonflé aux stéroïdes POWER TRIP.

Du bonheur donc ? Totalement, et sans gras, mais pas allégé pour autant. Une matière première saine pour une approche classique, mais une hargne de taulard pour une restitution en coup de melon. On compte les coups, on compte ses dents, et on savoure ces syncopes purement Thrash posées sur un canevas Hardcore. Pas de chichis donc, l’essentiel en vingt minutes, mais du flair, et des titres qui accrochent vraiment l’oreille. Ainsi, « Facades » fricote avec le Punk des années 80 avec sa mélodie en lead et son riff excité comme une puce, tandis que « Mirrorstains » joue le malaise qui transpire du front, pour nous traîner dans les bas-fonds de la Californie, aussi mal famés que ceux de Boston.

Du pur jus donc, pour vingt minutes d’exutoire fabuleux, et quelques regrets quant à la brièveté du format. Mais gageons que les SPLIT IMAGE ne tarderont pas à refaire parler d’eux. Visiblement, ils ont des choses à hurler.

Titres de l'album :

01. Socialized Crucifixion

02. Justified Suicide

03. Room With A View

04. Blank Shot

05. Facades

06. Mirrorstains

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