Ils pourraient être suisses au regard de leur régularité de comtoise, mais ils sont allemands, et féroces, ce qui est généralement très compatible. Formé en 1998 à Weißwasser, le quintet THEODICY a patiemment attendu dans l’ombre le bon moment pour lâcher son premier longue-durée, ce qui fut chose faite en 2012 via Cost of War. Quatorze ans pour accoucher d’une première œuvre, sans péridurale, c’est quand même beaucoup, mais depuis cette émergence, le groupe livre tous les cinq ans une nouvelle version de son histoire. Et c’est donc comme je le disais plus tôt cinq ans après I Am War que ces musiciens énervés reviennent, bien décidés à foutre le bordel dans la hiérarchie extrême de leur pays.
Si les sites référentiels parlent de Thrash/Hardcore lorsqu’ils font allusion aux THEODICY, ne les croyez pas sur parole. D’ailleurs, le groupe lui-même est plus franc et honnête, et définit sa musique comme du Death mélodique, ce qui est très proche d’une vérité absolue. D’ailleurs, on pourrait même parler de Death suédois contemporain qui louche dans le rétro, tant cette musique rappelle parfois les exploits du plantigrade infatigable Rogga Johansson, avec cette petite touche de groove qui fait défaut à l’ultra-prolifique suédois. Ici, on rue volontiers dans les brancards, mais on n’oublie pas de rendre sa musique brutale légèrement dansante du chef, pour se détacher de l’hommage pur et simple aux nineties.
Mixé par Patrick au Neiße Rauschen Studio, masterisé par Jürgen Lusky et flanqué d’un artwork signé par Milan (bassiste du groupe), Torture of Industry fait honneur à son titre, sonne méchamment massif, et s’élance comme une nouvelle révolution industrielle de début de cataclysme. Bien évidemment, ces cinq compères (Milan - basse, Gabor et Patrick - guitares, Paul Korte - chant et Henryk Weidl - batterie) ont conscience de ne rien inventer mais de recycler avec panache, et malgré une durée légèrement excessive pour un album d’une telle intensité, ce troisième tome a été négocié à merveille par un groupe qui sait ralentir lorsqu’il le faut pour éviter une sortie de route.
En se reposant sur ses deux seuls membres originaux, THEODICY joue donc la tradition dans la modernité, et nous offre un album certes légèrement monolithique sur les bords, mais enthousiaste dans le fond et la forme. On accepte du coup que l’efficacité scolaire remplace l’esprit d’aventure, et on se nique volontiers les cervicales sur ces rythmiques en mid qui écrasent tout sur leur passage.
De là, vintage, old-school, nostalgique, biffez les mentions inutiles (donc aucune), on s’en fout comme de la ligne Maginot, et on envahit les pays alentours pour y semer la mort et la désolation. Avec un chanteur au timbre grave et éraillé, une paire de guitaristes complémentaires, et une section rythmique souple, Torture of Industry nous torture avec application, et nous fait réviser nos leçons de jeunesse. On appréciera évidemment ces quelques breaks moites et embrumés, ces passages écrasants qui donnent mal à la tête, ces blasts soudains qui imposent une certaine forme de folie, et cette ambiance générale, grave, grasse, ténébreuse et pourtant attirante. Avec plus de vingt ans de carrière dans la besace, le quintet allemand sait ce qu’il joue et ce qu’il veut encore jouer, et nous offre un Death européen de tradition qui a bien appris sa leçon US avant d’aller se coucher.
Et s’il est difficile de décrire avec acuité un album dont les principales idées sont déjà connues depuis des décennies, il est par contre très facile de s’enthousiasmer pour ces morceaux faussement simples et cette moissonneuse-batteuse qui ne s’arrête qu’une fois toutes les têtes coupées.
Du brutal, de l’efficace qui ne se pose pas de problème existentiel (« Abscess Human »), beaucoup de noirceur, quelques climats Indus qui rebondissent sur l’histoire de la violence allemande de MORGOTH et du KREATOR le plus aventureux de la fin des années 90 (« Last Strike »), pour un tout égal à la somme de ses parties. Pas trop putride, ni trop gluant, ce nouvel album est d’une froideur assez remarquable dans la colère, millimétré pour respecter l’esprit mathématique, et qui fait pourtant chaud au cœur de psychopathe avec ses chansons misanthropes et ces refrains diablement catchy.
On s’arrêtera plus longuement sur certaines cases piégées (« Hateful World », monstrueux et épais, « Godeater », final orgiaque avec une double grosse caisse en tir de rafale, « From Alive to Skeleton », carré comme un catcheur et grognon comme un boxeur), mais on soulignera la cohésion d’ensemble, qui est à la fois point fort et talon d’Achille de cette réalisation.
Encore un peu répétitif, spécialement sur une telle durée, THEODICY gagnerait à se montrer plus concis en laissant quelques titres en trop sur la table de mixage. Le mieux étant l’ennemi du bien, il y aurait eu de quoi se transformer en char d’assaut prêt pour le Blitzkrieg.
Titres de l’album :
01. Comment & Conquer
02. From Alive to Skeleton
03. The Truth
04. Raise the White Flag
05. Abscess Human
06. Torture of Industry
07. Rapture
08. Last Strike
09. Resource Desire
10. Hateful World
11. Bread and Circuses
12. Godeater
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