C’est ma journée. Il y a des jours comme ça, où tout coule de source, où les évènements s’imbriquent logiquement, où chaque geste semble guidé par le destin. Après avoir secoué ma matinée d’un Thrash mâtiné de Hardcore, je réchauffe mon après-midi d’un Thrash teinté de Hardcore du samedi. Et je vous le jure, tout ceci n’est qu’une énorme coïncidence, alors que je cherchais ma pitance sur la toile, histoire d’y découvrir quelques orchestres en valant la peine.
Et les TAKE OFFENSE en valent toujours la peine.
Chula Vista, SoCal, fondation en 2005, et déjà une carrière qui force l’admiration. Aux côtés de leurs collègues de GAMA BOMB, MUNICIPAL WASTE, WARBRINGER, WARFECT et de nombreux autres, les TAKE OFFENSE se posent en leaders de cette nouvelle génération Thrash, qui n’est pas dupe de l’importance de ses aînés, mais qui les défie quand même de sa morgue juvénile. Enfin, encore un peu.
Trois albums dans les filets, une sacrée réputation live, des concerts parfois donnés en mode guérilla urbaine avec groupe électrogène et énergie de fin de semaine, le tableau est complet, et le quintet déjà une légende, et pas qu’en Californie. Mais les néophytes néophyteront, et se demanderont pourquoi un énième groupe californien mérite tant d’attention. Je répondrai simplement que ces lascars là ont réussi à développer une méthode toute personnelle, qui parvient à résumer tous les sous-courants d’un genre que nous aimons tant.
D’ailleurs, les malandrins vous expliquent leur B-A-BA en trois morceaux seulement. Les trois premiers de ce quatrième long, qui sont tous d’une tonalité différente. D’un gros Heavy saccadé à la ST des grandes années au Thrash funkisé de MORDRED et SCAT OPERA, en passant par le gros Thrashcore, tout est dit, hurlé même, et bien. T.O.Tality est donc bien un petit miracle dans le marasme d’une production aussi prévisible qu’un épisode de Demain nous Appartient.
Ne nous leurrons pas. Ces individus, très sympathiques (Anthony Herrera - chant, Greg Cerwonka & Ricky Garcia - guitares, Randy Noyes - basse et Mitch Reitman - batterie) ont été élevés à la dure, au son des princes du Crossover de la Californie du Sud. D’ailleurs, leur label ne cache aucunement les accointances évidentes avec EXCEL et SUICIDAL, tout en soulignant que les musiciens admirent aussi la dextérité d’un Eddie Van Halen ou d’un Warren de Martini. Intéressante combinaison, pour un nouvel opus que ses auteurs veulent magnum. Et il y a de quoi y croire, puisque outre la quantité (14 morceaux, pas radins), la qualité pointe aussi le bout de son nez, et pas par intermittence.
Difficile de croire qu’un tel répertoire se montre prenant de bout en bout ? Essayez, vous comprendrez.
Combinant la dextérité des guitaristes les plus côtés au radicalisme en vogue dans la Bay-Area, tout en contemplant la scène Fusion des nineties, les TAKE OFFENSE mettent donc une technique redoutable au service d’un sens de la composition inné, pour signer des hymnes Thrash comme on en entend rarement ces derniers temps. Capables de passer d’un plan aérien à la VAN HALEN à une insistance troublante à la MINDFUNK, les marsouins étonnent, dénotent, et cherchent systématiquement la petite touche d’originalité qui va leur permettre de se démarquer, et de signer un pamphlet aussi définitif que « Now Or Never » (MOTORHEAD, plus Eddie, plus Mike Muir, et hop, passe-moi les BN).
En terrain lourd, en terrain sec, sous une pluie diluvienne, traçant dans le brouillard ou rampant dans la boue, le quintet adopte une discipline presque militaire, que leur attitude tongue in cheek ne cache aucunement. Les syncopes, le groove, la souplesse de ton, et cette rythmique de fond transforment ce quatrième long en révélation, et même les chapitres les plus empesés sauront vous charmer (« Deep Inside (House Of Shadows) », oppressant et insistant, puis charmant et virevoltant, du D.R.I dans le texte, mais avec Rocky George à la guitare).
Et puisque rien ne nous est épargné en termes de surprises, nous avons droit à un sémillant interlude mélodique (« No Man’s Land », entre METALLICA et ANNIHILATOR), avant une reprise survitaminé en mode Thrash/Funk (« Stolen Land »), enchainement qui renforce encore une fois cette sensation d’agitation permanente, où tout est possible.
Nous sommes donc très loin du produit rétrograde lambda, et de la nostalgie facile. TAKE OFFENSE refuse de rester dans l’ombre d’une tutelle trop pesante, et ne joue pas le même jeu que ses camarades qui la plupart du temps font des reprises déguisées en originaux.
Solide rythmiquement, inventif, toujours à la recherche du bon effet (« Until Then »), sinuant entre Heavy coriace et Thrash pris en pleine face (« Beyond Flesh And Bone »), jamais avare de groove et de saccades magiques (« Give ‘Em Chaos »), T.O.Tality est une vraie surprise, et un vrai bon album, de ceux que l’on écoutera encore dans dix ans, pour se souvenir de ce à quoi le Thrash moderne ressemblait lorsqu’il osait être un tant soit peu créatif.
Les autres, n’en prenez pas ombrage, et ne soyez pas froissés. Vous êtes trop conventionnels, mais ça peut toujours s‘arranger. Il n’y a pas de mal à se laisser guider par les leaders pour progresser.
Titres de l’album :
01. Greetings from Below
02. S.W.O.
03. T.O.tality
04. If I’m Damned, So Be It
05. Assassination
06. Uncivilized Animals
07. Now Or Never
08. Deep Inside/House Of Shadows
09. No Man’s Land
10. Stolen Land
11. Until Then
12. Beyond Flesh And Bone
13. Give ‘Em Chaos
14. The Prayer
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