J’aime le Black sale, j’aime le Black avant-gardiste, j’aime le Black expérimental, j’aime le Back traditionnel, j’aime le Black lo-fi, mais j’aime aussi le Black avec un vieux fond de Thrash rance qui n’hésite pas à balancer des riffs catchy sur émeri de voix en toile de jute. Fatalement, j’aime GORGON, qui appartient à cette dernière catégorie, et qui depuis trente ans, pile, anime l’underground de multiples sorties toutes plus réjouissantes les unes que les autres. Fondé en 1991 du côté de l’Antibes d’Alex CT, GORGON est le bébé maléfique de Christophe Chatelet, guitariste, chanteur, puis bassiste, qui s’occupe de tout et qui compose comme un fou. Avec pas moins de cinq longue-durée au compteur depuis sa naissance, le concept a largement eu le temps de faire ses preuves et de s’imposer en Europe comme le chef de file d’un BM énergique, salement agité, mais délicieusement blasphématoire. Dans la veine d’un IMPALED NAZARENE moins potache, Traditio Satanae vient donc rompre via Osmose le silence imposé depuis deux ans et la sortie du magnifique The Veil of Darkness, et nous rassure quant à l’état de santé mentale de Christophe, toujours aussi allumé du bocal. Il faut dire qu’il nous avait donné quelques frayeurs durant les années 2000, nous jetant un hiatus de seize ans à la face, long laps de temps à peine interrompu d’un split et d’une compilation, avant de remettre le couvert en 2017.
Pourquoi aimer GORGON me direz-vous, justement ? Parce que ce petit diablotin à la voix qui porte est tout ce que le BM le plus viscéral et efficace devrait incarner. Doté d’un son profond, grave, à la grosse caisse qui rebondit sur vos tympans et aux riffs qui vous déchirent les chairs, il est l’incarnation musicale d’un épisode d’Hellraiser transformé en slasher de teenagers débile à la recherche de l’incarnation la moins crédible du Malin. Sur ce sixième album, Christophe passe toutes les composantes en revue, il traite l’héritage norvégien avec respect, pour l’avoir connu en temps et en heure, mais rend aussi hommage au pionnier Quorthon en ralentissant le rythme sans tomber dans les travers du Viking de Facebook, qui s’y croit parce qu’il porte une barbe et arbore une épée en plastique achetée chez Vikings R’US. De fait, l’implacable « My Filth Is Worth Your Purity » convoque BATHORY aux agapes du Black Metal français, l’un des plus aventureux au monde, sans sacrifier à l’efficacité. Et c’est surtout ça qu’il convient de souligner quand on parler de GORGON : le concept est créatif, mais aussi redoutablement efficace.
Osmose ne tarit d’ailleurs pas d’éloge sur cet album, et quelque part, à raison. Le label parle même « d’album le plus solide », de musique « sauvage, tempétueuse et virulente », et il ne me viendrait pas à l’idée de contredire ces arguments factuels. D’ailleurs, pour les approuver, il suffit de lire la première piste de l’album, « Blood Of Sorcerer » qui emporte tout sur son passage en écrasant CRADLE OF FILTH par la même occasion. Beat presque Crust, ambiance D-beat traduit en langage infernal, refrain porteur à la MARDUK, en moins de trois minutes, Christophe annonce son retour dans le chaos, et nous renverse les tripes au passage.
Avec ce subtil mélange de blasts, de parties plus catchy qu’un nique-nique en enfer, cette entame place la barre très haute, mais faites confiance à Christophe pour garder le cap et faire monter la température. Avec deux titres immédiats en tant que prise de contact, Traditio Satanae impose la tradition satanique des années 80, accentuée d’une montée en puissance typiquement nineties. Tiens, voilà du latin mon lapin, et si « Entrancing Cemetery » baisse dans les tours, l’intensité elle grimpe d’un ou deux échelons, l’homme étant aussi habile en attaque frontale qu’en combat tactique. La guitare utilise les arpèges, les riffs emphatiques si chers à DISSECTION, et le climat devient soudainement épique, sans que la transition ne semble grotesque ou forcée.
Alternance perpétuelle de rythmes qui accélèrent ou décélèrent, Traditio Satanae est un grand huit baptisé par le grand cornu pour vous filer les sensations les plus fortes du marché. Et lorsque la gigantesque descente en 3G de « Let Me See Behind » vous casse les reins, la fête ne fait pourtant que commencer. Doué pour varier, omnipotent, faisant preuve de flair au moment de dénicher des riffs différents mais toujours aussi prenants, Christophe prend son pied dans la violence la moins complaisante, et propose un catalogue des possibilités aussi ouvert et large que la bouche de Steven Tyler. Rien de fondamentalement perturbant, pas d’avancée majeure, mais une puissance et une énergie à décorner les boucs et à les rendre carnivores.
En tant que title-track, « Traditio Satanae » est une véritable déculottée qui achève de conférer à cet album une aura très particulière. S’il est certain que les puristes auront peut-être du mal avec ce son énorme (l’un des plus profonds et précis que j’ai pu constater depuis longtemps), les amateurs de bestialité chronique fondront comme neige au charnier. Transitions parfaites (« As Dawn Will Be Slow To Come »), reprise avec pluie de BPM (« The Long Quest »), accalmie passagère presque mélodique, mais dramatique (« Scorched Earth Operation »), et final en orgasme sensoriel acide (« At The Beginning There Was Hate »), GORGON a bien préparé son plan, et nous charcute d’un album en bourrasque qui transforme n’importe quel twister en petite brise agréable. Voici donc un album qui troue la couche d’ozone, qui accélère le réchauffement climatique, et qui est à lui seul responsable de la montée des océans.
Et comme on le dit dans les réseaux d’initiés, « cet album, c’est la bagarre ».
Titres de l’album:
01. Blood Of Sorcerer
02. Death Was Here
03. Entrancing Cemetery
04. Let Me See Behind
05. Sacrilegious Confessions
06. My Filth Is Worth Your Purity
07. Traditio Satanae
08. As Dawn Will Be Slow To Come
09. The Long Quest
10. Scorched Earth Operation
11. At The Beginning There Was Hate
Ah ouais ! Excellent le titre en écoute bordel ! Le BM trad, y a pas à chier quand c'est fait comme ça, ça tabasse !
ACHAT OBLIGATOIRE !! D'enfer !! J'adore.
NecroKosmos + 1.
C'est clair qu'il y a du MARDUK dans ce titre plus que chiadé !
Hâte d'écouter tout l'album...
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