Bonjour tout le monde et bienvenue dans le monde prolifique de l’underground global, terrain fertile qui nous permet de découvrir des floraisons opulentes et riches toutes les demies secondes.
Cet après-midi, la case est réservée à une bande de furieux Chiliens qui souhaitent faire passer un massage via leur premier EP éponyme, disponible gratuitement sur leur Bandcamp.
Ces maniaques du bruit organisé ont choisi le créneau Ô combien chargé du Crust à tendance Grind et ibère, et nous viennent donc de Punta Arena, ville portuaire située dans le détroit de Magellan.
Mais à vrai dire, leur situation géographique importe peu, puisque leur musique fait suffisamment de bruit pour être entendue dans tout le Chili. Et à propos d’épices, leur sauce l’est considérablement, se montre très corsée en oreilles et parfaitement en adéquation avec la philosophie humaniste de cet ensemble qui ne s’en laisse pas compter.
Leur combat ? Les droits des animaux, sujet très sensible et dont la pertinence concerne de plus en plus de monde, dans l’underground extrême comme dans n’importe quel cercle de réflexion, et qui est devenue une issue majeure de notre époque.
Il est certain qu’après les révélations scandaleuses du site L214, montrant des images insoutenables d’animaux abattus dans des conditions déplorables, les consciences s’éveillent et commencent à montrer des signes d’empathie envers ces pauvres bêtes traitées comme des marchandises.
Les TRAIDORX A MI ESPECIE (les Traîtres de mon Espèce en langue de Molière) utilisent donc le vecteur du Crust pour propager leur discours, et rien que l’intitulé de leurs morceaux en dit long sur leur convictions. « Contre Toutes les Cages », « Assassinat Silencieux », « Sa Vie N’est pas un Jeu », « Victimes », « Ni Chien ni Maître », et « Le Secret des Vampires » ne font aucun mystère de leur révulsion à l’égard d’êtres humains qui ne le sont que de nom, et prônent l’action et la réaction, au travers d’une musique sans concessions.
Niveau style, la puissance des Chiliens est impressionnante, et se montre crue, comme le sort réservé à ces pauvres animaux qui meurent dans une lente agonie. Le Crust/Grind est ici abordé sans fard ni enrobage inutile, et les attaques rythmiques des TRAIDORX A MI ESPECIE sont autant de raids sur des abattoirs et autres laboratoires de vivisection retranscrits en musique.
Pas de pitié, et surtout, personne à la traîne. Avec une poignée de morceaux pour une poignée de minutes, pas le temps de diluer le message, qui frappe fort, comme les accélérations foudroyantes du combo. Mené à un train d’enfer par une chanteuse qui vocifère son laïus comme un leader tente de rassembler les âmes perdues, le groupe étale de belles qualités brutales, et distille un maximum de riffs s’accommodant très bien d’un tapis rythmique tout sauf linéaire.
Les chœurs sont aussi dangereux que le reste, et si la puissance fait penser à l’essence même du genre venant d’Angleterre, la folie ambiante est délibérément hispanique, et cet EP prend des airs de tourbillon de haine emportant sur son passage tous les sceptiques et autres adorateurs de la politique de l’autruche.
On pense à une myriade de groupes, qu’ils soient locaux ou loco, des INFEST aux plus récents DEATH CULT (plus pour la virulence du message que pour des analogies de style), mais à vrai dire, on est si vite emporté par la folie de l’ensemble qu’on n’a pas vraiment le temps de dresser des parallèles trop précis.
Le ton est grave, très grave, à l’image sonore de ces guitares qui se mettent au diapason de la basse pour créer un drone vibrant et grondant, tranchant ouvertement avec le chant féminin assez aigu et hurlé.
Mais dans leur manifeste, les TRAIDORX A MI ESPECIE se montrent aussi efficaces que versatiles, et l’exubérance de ce premier EP n’a d’égal que la sincérité de son implication, et de son efficacité.
Si vous êtes encore ce que d’aucuns nomment « un carné », il est possible que cet EP vous fasse changer de camp, pour peu que vous compreniez l’espagnol et que vous soyez sensibles au Crust/Grind des Chiliens. Il serait dommage de séparer le message de son emballage, et en associant les deux, ce premier témoignage se hisse au niveau des productions les plus béton du lot, et fait même la nique à bien des combos plus illustres.
Mais les TRAIDORX A MI ESPECIE n’ont cure de la gloire. Tout ce qu’ils souhaitent, c’est vous sensibiliser à leur cause noble en vous offrant dix minutes d’extrême pur et dur.
Gageons qu’une manif avec cet EP en bande son aurait un impact non négligeable sur la population. Mais il faut parfois que la colère explose telle quelle, sans artifices et sans atténuation.
Un EP bombe à fragmentation, qui explose de tous ses sillons. La meilleure propagande justifiée sur le marché !
Titres de l'album:
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