Bien.
On ne peut pas dire que ces jeunes gens soient du genre pressé, puisqu’ils prennent systématiquement cinq ou six ans pour préparer un nouvel album. La dernière fois que j’ai eu affaire à eux, c’était en 2017 à l’occasion de la sortie de Weapons of Thrash Destruction, témoignage joyeux d’un Thrash heureux, classique, formel mais élastique, souple mais cruel. Et sans aller jusqu’à dire que j’en attendais la suite avec impatience, le plaisir de les découvrir de nouveau dans le flux des nouveautés m’a poussé à prendre une nouvelle fois mon clavier.
Si Terrifier, le film, est une purge sans nom bénéficiant d’une hype totalement inexplicable, TERRIFIER, le groupe, est un solide espoir de la scène old-school canadienne devenue valeur sure et éventuellement, fils illégitime d’ANNIHILATOR, celui des jeunes années folles et des derniers exploits violents et saccadés.
TERRIFIER, c’est plus ou moins la synthèse de la scène canadienne des années 80, citant volontiers RAZOR, EXCITER, tout en apportant un éclairage nouveau sur ces productions d’un autre temps. Quelque chose qui se place entre EXODUS et SLAYER en douce pour bénéficier d’un traitement VIP, mais qui n’hésite pas à hurler plus fort que les autres pour saluer la voracité des attaques allemandes les plus violentes.
Ceci étant dit, je ne vais certainement pas vous survendre un groupe honnête et besogneux, qui d’année en année peaufine son approche, ou la durcit selon les options, mais qui reste accroché à un rêve vintage que nombre de ses collègues partagent. Efficacité, technique, simplicité lorsque la colère l’exige, Trample the Weak, Devour the Dead ne botte pas le cul des faibles pour bouffer les morts, mais racle large, charcle proprement, et ne laisse aucune trace de sang sur les meubles ou les rideaux. Un carnage certes sauvage, mais étrangement civilisé entre Thrash/Death et Thrash progressif humble, largement de quoi occuper vos samedis soirs devant la télé.
Production claire et nette, guitares en constante représentation, section rythmique solide et véloce, quelques blasts pour affoler la machine, des clins d’œil à la Bay-Area mais aussi à la Ruhr des années techniques, east meets west, ASSASSIN contre le reste du monde, quelques références lettrées à WHIPLASH, mais une envie débordante et une énergie atomique. Très à l’aise dans son époque, TERRIFIER ne terrifie toujours pas, mais peut impressionner les plus sensibles et toucher les plus groovy, qui ne manqueront pas de secouer leur précieuse tignasse sur un hymne aussi diabolique que « Depths of the Storm Scepter ».
Joyeux mais teigneux, ce troisième album de la troupe de Kelowna en Colombie Britannique est un remède à la sinistrose ambiante, mais aussi une assertion : TERRIFIER ne dépassera jamais le stade de contributeur de la nouvelle vague de Thrash mondiale, et se satisfait très bien de ce statut. Inutile donc de vous attendre à un quelconque chamboulement, le combo gagnant en aisance et certitude ce qu’il perd en ambitions. Loin d’un serial killer on the loose qui frappe au hasard des rues sombres, TERRIFIER serait plutôt du genre tueur pépère qui attend patiemment de tomber sur la bonne victime, et lui faire subir des sévices modérés.
Trample the Weak, Devour the Dead est donc la confirmation rêvée pour ce quintet énervé, qui place quand même quelques décharges puissantes en manipulant les bons câbles. Ainsi, le très dense et danse en décadence « Grinding the Blade » n’est pas sans rappeler le meilleur et le plus cru d’HEATHEN, tout en louchant sur le flight-case de Gary Holt, une fois encore. Pas encore assez intense pour mériter l’AOC Thrash/Death, mais suffisamment nerveux pour dépasser le simple cadre d’un Thrash poli et enlevé, TERRIFIER continue sur sa lancée, et risque de drainer dans son sillage bien des fans énamourés, séduits par ces facilités rythmiques et cette fluidité de plans qui confèrent à l’album un parfum de fraîcheur bienvenu.
Et pour être honnête, je dirais que tout est là, si on veut bien le voir. Le Techno-Thrash naissant de la fin des eighties, le Thrash fulgurant du début de décennie suivante, le Thrash efficace et percutant de New-York, celui plus peaufiné de Californie, la rigueur allemande et l’opiniâtreté sud-américaine, pour un melting-pot un peu sauvage, mais bien rangé.
Condensé des sous-genres et des époques, Trample the Weak, Devour the Dead peut donc se déguster sans craindre de se faire avoir, et se digérer facilement, même si la redondance de certains thèmes peut peser sur l’estomac.
Mais avec une palanquée de riffs efficaces, un chant hargneux et vorace, et une envie collective sublimant les capacités individuelles, ce troisième chapitre de la saga est propre sur lui, et affiche une belle confiance, tout à fait justifiée. Encore un peu perdu dans la production d‘occasion, TERRIFIER commence toutefois à relever la tête, pour faire sonner VENOM comme MUNICIPAL WASTE (« Death and Decay »), ou pour tout exploser sur son passage (« Dawn of the Slaughter »).
On peut facilement intégrer quelques morceaux dans sa playlist du mois, sans devoir se justifier. Et TERRIFIER de se montrer musclé et imposant, pour éventuellement tout faire péter dans quelques années. Si tant est qu’il se décide à lâcher des caisses plus régulièrement que les visites de tonton Vincent.
Titres de l’album:
01. Trial by Combat
02. Perpetual Onslaught
03. Bones of the Slain
04. Depths of the Storm Scepter
05. Grinding the Blade
06. Death and Decay
07. Dawn of the Slaughter
08. Awaiting Desecration
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