De Suède nous viennent des suédois, signés sur un label suédois, jouant…du Death Metal. J’aime quand la logique est respectée et qu’il ne faut pas chercher plus loin que le bout de son nez. Sauf que ces suédois-là vous le laissent en sang de leurs attaques incessantes et de leur boucan transcendant. Non qu’ils soient particulièrement plus bourrins que leur contemporains, mais leur approche de l’underground nous replonge dans ses affres les plus tourmentées, celles qui à l’orée des années 90 allaient définir un courant entier. Et non plus, ne comptez pas sur eux pour se démarquer des productions de leurs aînés, puisque l’on sent sous-jacent un immense respect pour les effluves putrides de guitares assassines, de rythmiques en turbine, et de climats délétères qui changent selon la rotation de la terre. Rien de bien neuf sous le soleil de Stockholm, sauf que la scène ne s’y passe pas…Les INISANS ont commencé leur carrière du côté de Storfors, avant de migrer vers Nora, puis de s’établir un peu plus longuement à Västerås. Non que cela ait changé grand-chose à leur musique, qui se veut toujours aussi foncièrement maladive, mais il est toujours important de situer les débats pour savoir où l’on va. Et on va droit dans les abysses, puisqu’avec ce premier album les scandinaves se complaisent dans un Death primaire aux relents démoniaques qui nous rappelle les débuts de la scène locale, avec NIHILIST bien sûr, futurs ENTOMBED et UNLEASHED, bien que la patine sauvagement primaire de ces sept titres peut aussi suggérer des accointances avec la bestialité sud-américaine de la fin des années 80. Mais la rigor mortis de l’ensemble, qui laisse les membres figés et les visages bleutés, cette absence d’empathie et ce formalisme glacé n’appartiennent qu’aux suédois, qu’on le veuille ou non.
Et Transition, de n’être qu’un glissement vers le passé, et une visite des ruines locales qui sont devenues depuis une véritable institution.
Fondé en 2009, le combo a pris son temps, puisque seules trois sorties sanctionnent jusqu’à lors leur maigre carrière. On notera pour les plus précis une première démo en 2012, Morbid Vision Of Death et son titre qui joue sur du velours, un EP en 2014, étrangement constitué des démos de 2012 (soit à peu près la même chose, mais avec un packaging différent), et ce premier LP qui apparaît donc quatre ans plus tard, pour se voir distribué par Blood Harvest, en tape et CD. Un bon choix pour l’écurie du grand froid ? Oui et non, puisque pendant moins d’une demi-heure, les INISANS ne cherchent ni la provocation, ni l’originalité, et se contentent de bombarder dans tous les sens, soulevant le moindre cercueil, en agrémentant leurs litanies de quelques sobres arrangements venteux. Ainsi, le quatuor (David - guitare/chant, PG - batterie, Albin - guitare et Pontus - basse) met les choses au point dès le départ, et propose avec « Tombstone » une relecture dans le texte des plus grands dogmes Death d’il y a trente ans, restant si classique qu’on pourrait égrener les références durant les trente premières secondes du morceau. Classicisme donc, formalisme, voix d’outre-tombe, riffs post-mortem, gravité de ton et linéarité de son, pour une symphonie de destruction qui ne cherche aucunement la déstabilisation. Nous arpentons donc les terres gelées d’un cimetière local, à la recherche d’une sépulture susceptible de nous donner l’inspiration, qui si elle trouve facilement sa raison, à vite tendance à tourner en rond. Je n’ai certes rien contre le Death formaliste des premières années, mais je ne vois pas forcément le propos de le remonter à sa propre sauce, sans chercher à enjoliver les choses ou au contraire à les dénaturer. Ici, tout semble exsuder d’un vieux vinyle oublié, ou d’une vieille démo enterrée, et si le jeu de dupes possède quand même un cachet vintage assez séduisant, on fait très vite le tour de la problématique, et la solution n’apparaît qu’encore plus évidente.
Et Transition, de n’être qu’un glissement vers le passé, et une visite des ruines locales qui sont devenues depuis une véritable institution.
Oui, je sais je me répète, mais je me mets à la hauteur d’un album qui jamais ne chercher à s’extirper de sa propre condition, et pour un groupe qui traîne ses basques dans l’underground depuis presque dix ans, le manque d’effort et d’implication est quand même gênant. Alors certes, les musiciens connaissent leur partition, le son est énorme et plutôt bon, mais après deux ou trois chapitre récités avec application mais sans passion, on a presque envie de baisser la garde et de piquer un roupillon. Ce qui se voulait à l’origine puissant retombe comme un soufflé trop cuit, et nous laisse fort marri, tant le potentiel du groupe est assez probant. Alors tout n’est pas à rejeter évidemment, et en isolant un morceau ou deux, vous aurez de quoi vous enthousiasmer, comme en lâchant vos oreilles sur le terrassant « Beyond The Gates » et ses cassures régulières, ou en vous faisant les dents sur le plus concis « Jaws » qui se rapproche d’une vague Death/Black à l’occultisme maritime et océanographique. Mais autant être franc avec vous et ne pas vous prendre pour des cèpes, à moins d’être fan hardcore du Death des années 88/91, et de collectionner les sorties s’y référant, il y a peu de chances que vous tombiez sous le charme d’une production qui se cantonne aux figures imposées sans chercher à y apporter un peu de sang frais.
Il est vrai que la rigueur du climat local a tendance à geler tout ce qui ne se protège pas du froid, mais de là à nous apporter sur la table des débats un cadavre blême sans l’avoir préparé pour l’embaumement, il y a un pas à franchir…
Je vous laisserai juge de la pertinence de ce premier LP, encore un peu trop fidèle aux origines pour vraiment marquer. Reste aux INISANS à s’éloigner un peu de leurs modèles pour vraiment s’affirmer. S’ils en ont les capacités.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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11/11/2024, 10:09