Transition

Inisans

02/04/2018

Blood Harvest Records

De Suède nous viennent des suédois, signés sur un label suédois, jouant…du Death Metal. J’aime quand la logique est respectée et qu’il ne faut pas chercher plus loin que le bout de son nez. Sauf que ces suédois-là vous le laissent en sang de leurs attaques incessantes et de leur boucan transcendant. Non qu’ils soient particulièrement plus bourrins que leur contemporains, mais leur approche de l’underground nous replonge dans ses affres les plus tourmentées, celles qui à l’orée des années 90 allaient définir un courant entier. Et non plus, ne comptez pas sur eux pour se démarquer des productions de leurs aînés, puisque l’on sent sous-jacent un immense respect pour les effluves putrides de guitares assassines, de rythmiques en turbine, et de climats délétères qui changent selon la rotation de la terre. Rien de bien neuf sous le soleil de Stockholm, sauf que la scène ne s’y passe pas…Les INISANS ont commencé leur carrière du côté de Storfors, avant de migrer vers Nora, puis de s’établir un peu plus longuement à Västerås. Non que cela ait changé grand-chose à leur musique, qui se veut toujours aussi foncièrement maladive, mais il est toujours important de situer les débats pour savoir où l’on va. Et on va droit dans les abysses, puisqu’avec ce premier album les scandinaves se complaisent dans un Death primaire aux relents démoniaques qui nous rappelle les débuts de la scène locale, avec NIHILIST bien sûr, futurs ENTOMBED et UNLEASHED, bien que la patine sauvagement primaire de ces sept titres peut aussi suggérer des accointances avec la bestialité sud-américaine de la fin des années 80. Mais la rigor mortis de l’ensemble, qui laisse les membres figés et les visages bleutés, cette absence d’empathie et ce formalisme glacé n’appartiennent qu’aux suédois, qu’on le veuille ou non.

Et Transition, de n’être qu’un glissement vers le passé, et une visite des ruines locales qui sont devenues depuis une véritable institution.

Fondé en 2009, le combo a pris son temps, puisque seules trois sorties sanctionnent jusqu’à lors leur maigre carrière. On notera pour les plus précis une première démo en 2012, Morbid Vision Of Death et son titre qui joue sur du velours, un EP en 2014, étrangement constitué des démos de 2012 (soit à peu près la même chose, mais avec un packaging différent), et ce premier LP qui apparaît donc quatre ans plus tard, pour se voir distribué par Blood Harvest, en tape et CD. Un bon choix pour l’écurie du grand froid ? Oui et non, puisque pendant moins d’une demi-heure, les INISANS ne cherchent ni la provocation, ni l’originalité, et se contentent de bombarder dans tous les sens, soulevant le moindre cercueil, en agrémentant leurs litanies de quelques sobres arrangements venteux. Ainsi, le quatuor (David - guitare/chant, PG - batterie, Albin - guitare et Pontus - basse) met les choses au point dès le départ, et propose avec « Tombstone » une relecture dans le texte des plus grands dogmes Death d’il y a trente ans, restant si classique qu’on pourrait égrener les références durant les trente premières secondes du morceau. Classicisme donc, formalisme, voix d’outre-tombe, riffs post-mortem, gravité de ton et linéarité de son, pour une symphonie de destruction qui ne cherche aucunement la déstabilisation. Nous arpentons donc les terres gelées d’un cimetière local, à la recherche d’une sépulture susceptible de nous donner l’inspiration, qui si elle trouve facilement sa raison, à vite tendance à tourner en rond. Je n’ai certes rien contre le Death formaliste des premières années, mais je ne vois pas forcément le propos de le remonter à sa propre sauce, sans chercher à enjoliver les choses ou au contraire à les dénaturer. Ici, tout semble exsuder d’un vieux vinyle oublié, ou d’une vieille démo enterrée, et si le jeu de dupes possède quand même un cachet vintage assez séduisant, on fait très vite le tour de la problématique, et la solution n’apparaît qu’encore plus évidente.   

Et Transition, de n’être qu’un glissement vers le passé, et une visite des ruines locales qui sont devenues depuis une véritable institution.

Oui, je sais je me répète, mais je me mets à la hauteur d’un album qui jamais ne  chercher à s’extirper de sa propre condition, et pour un groupe qui traîne ses basques dans l’underground depuis presque dix ans, le manque d’effort et d’implication est quand même gênant. Alors certes, les musiciens connaissent leur partition, le son est énorme et plutôt bon, mais après deux ou trois chapitre récités avec application mais sans passion, on a presque envie de baisser la garde et de piquer un roupillon. Ce qui se voulait à l’origine puissant retombe comme un soufflé trop cuit, et nous laisse fort marri, tant le potentiel du groupe est assez probant. Alors tout n’est pas à rejeter évidemment, et en isolant un morceau ou deux, vous aurez de quoi vous enthousiasmer, comme en lâchant vos oreilles sur le terrassant « Beyond The Gates » et ses cassures régulières, ou en vous faisant les dents sur le plus concis « Jaws » qui se rapproche d’une vague Death/Black à l’occultisme maritime et océanographique. Mais autant être franc avec vous et ne pas vous prendre pour des cèpes, à moins d’être fan hardcore du Death des années 88/91, et de collectionner les sorties s’y référant, il y a peu de chances que vous tombiez sous le charme d’une production qui se cantonne aux figures imposées sans chercher à y apporter un peu de sang frais.

Il est vrai que la rigueur du climat local a tendance à geler tout ce qui ne se protège pas du froid, mais de là à nous apporter sur la table des débats un cadavre blême sans l’avoir préparé pour l’embaumement, il y a un pas à franchir…

Je vous laisserai juge de la pertinence de ce premier LP, encore un peu trop fidèle aux origines pour vraiment marquer. Reste aux INISANS à s’éloigner un peu de leurs modèles pour vraiment s’affirmer. S’ils en ont les capacités.


Titres de l'album:

  1. Tombstone
  2. Beyond The Gates
  3. Dakness Profound
  4. Demon Wings
  5. Jaws
  6. Cavern Of Covenant
  7. Void Walker

Facebook officiel


par mortne2001 le 01/04/2018 à 14:32
68 %    1036
Derniers articles

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Sleeping Church Records

Merci pour cette magnifique chronique !

02/05/2025, 08:30

DPD

Pourquoi, cher Caca, tu as des soucis toi avec les subventions ?

02/05/2025, 07:34

Caca

on en crève des subventions...

02/05/2025, 06:12

DPD

Reste Peste Noire qui chante en français.

01/05/2025, 23:53

DPD

Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)

01/05/2025, 23:51

Jus de cadavre

Je suis sur le dernier de mon côté, Malignant Worthlessness, sorti cette année. Du tout bon, même si il n'y a plus l'effet découverte "c'est qui ces tarés !?"

01/05/2025, 22:41

RBD

Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)

01/05/2025, 21:22

DPD

Je sais bien que je tourne en rond mais le principale problème c'est le manque de renouvellement du public, autant j'ai maudit ces courant type metalcore/deathcore, ils apportaient un nouveau public. Je suis trentenaire et parfois je me sens jeune dans un concert black/death meta(...)

01/05/2025, 19:06

totoro

Le nouveau line-up est top ! Mais le morceau ne me fait pas grimper au rideau... Finalement j'aime Suicidal quand c'est plus Metal que Punk, avec les solis magiques de Rocky George. Bref, je suis un nostalgique, et même si je serai intéressé pour revoir le groupe sur(...)

01/05/2025, 17:54

Bl00db4th

Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle

01/05/2025, 16:57

Simony

Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)

01/05/2025, 09:15

Simony

Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...

01/05/2025, 09:11

fecal prout

@LeMoustre : ok boomer

01/05/2025, 06:58

LeMoustre

C'est a chier l'affiche

30/04/2025, 18:41

Whiskey

C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !

29/04/2025, 13:37

Humungus

Hâte ! Hâte !

29/04/2025, 11:03

Buck Dancer

Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad

29/04/2025, 08:26

DPD

Bordel on l'avait tellement bien,on s'est pas remdi compte.

29/04/2025, 02:34

DPD

Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.

29/04/2025, 02:27

DPD

Je veux une scène vivante et organique voilà tout. Je constate une baisse en qualité, la scène metal ressemble de plus en plus à un musé. Mon expérience c'est que tu as un bon groupe sur 4 dans une soirée live maintenant. Il y a pas si (...)

29/04/2025, 02:24