Quatrième album pour les cousins allemands de DUST BOLT, et une menace planant au-dessus de leurs têtes ébouriffées. Allaient-ils confirmer le potentiel dégagé sur leurs trois premières œuvres, et surtout, entériner les phénoménales capacités étalées par leur miraculeux Mass Confusion, publié en 2016 ? La question restait en suspens, et ayant été témoin il y a trois ans de l’explosion de leur talent, je me demandais à juste titre si les émotions suscitées par ce troisième chapitre allaient être transcendées par le quatrième, ce Trapped In Chaos que Napalm Records distribue une fois de plus, paraphant de leur plume la confiance placée en ce quatuor déchaîné. Et le résultat des courses est assez surprenant, puisque les originaires de Bavière ont choisi le changement marqué dans la continuité assumée, nous assommant d’un regain de noirceur et de pesanteur, au lieu d’exagérer les choses côté cadence et de sombrer dans la parodie de violence. Et si seul le temps rendra le jugement que tout un chacun attend, il est objectif de préciser que cette nouvelle offrande se démarque quelque peu du répertoire déjà fourni des allemands, sans dénoter dans leur volonté d’aller de l’avant. Se situant toujours dans une veine mitoyenne de Thrash classique et plus moderne, les DUST BOLT jouent crânement la carte de la sécurité légèrement déviée, et nous balancent sans remord une nouvelle cargaison de moments forts, certes, moins prononcés que jusqu’à lors, mais toujours aussi intenses, d’une approche un peu différente. Pour ceux qui n’auraient pas suivi l’affaire, sachez que ce quartet (Lenny Bruce - chant/guitare, Nico Rayman - batterie, Ben Muenzel - basse et Flo Dehn - guitare) s’est formé en 2006 du côté de Landsberg am Lech, et qu’il a eu le temps depuis de nous offrir quatre longue-durée, les deux précités, augmentés d’un début de carrière marqué par les soubresauts de Violent Demolition en 2012 et Awake The Riot en 2014.
Disposant donc d’un capital sympathie au maximum, les DUST BOLT sonnent à nouveau la charge, restant dans un domaine d’influence nationale, qui n’hésite toutefois pas à lorgner de l’autre côté de l’Atlantique pour carburer. On retrouve sur ce quatrième opus tout ce qui a fait le charme brut de la bande, ces rythmiques au biseau, ces impulsions marteau, ces riffs qui découpent les rideaux, et ce chant plus ou moins atypique et tout sauf bateau, soit la quintessence d’un art ancestral. Et si ces musiciens ne renient en rien leur propre héritage d’outre-Rhin, ils piochent aussi dans le patrimoine américain, histoire d’affiner leur approche massive, et de distiller des parties plus minces que la moyenne, s’éloignant par-là du radicalisme des SODOM, DESTRUCTION et autres gloires germaines. Et sans aller jusqu’à tutoyer les cimes de professionnalisme des rois du recyclage vintage, les VEKTOR, POWER TRIP et autres et assimilés, Trapped In Chaos s’affirme encore une fois comme un sérieux challenger, sans forcer, et en transformant une matière riche pour proposer des morceaux vraiment ciselés, mais assez sauvages pour bousculer. Pas vraiment de révolution depuis 2016, mais une tendance à l’alourdissement et à l’assombrissement, les mélodies se drapant souvent de ténèbres subtiles, renforçant le côté mature de ces jeunes chiens fous, et se rapprochant même parfois de l’équilibre très stable trouvé par les HEATHEN d’Evolution Of Chaos, avec une cadence d’abattage bien plus rapide. Nous sommes donc rassurés sur le potentiel de brutalité de cette nouvelle livrée, même si plus de morceaux se plaisent à prôner un mid tempo plus ou moins inhabituel, mais toujours aussi solide, se rapprochant de l’EXODUS de la fin des années 90 et des années 2000.
Et même si le fond s’est un peu raidi et refroidi, les mosh-parts sont toujours aussi appréciables, et le groupe n’a pas abandonné ses prétentions de distraction pour s’acheter une conduite. Disons simplement qu’ils ont renforcé les fondations, et qu’ils ont condamné certaines fenêtres menant sur l’extérieur, pour instaurer un climat plus oppressant et poisseux, ce qu’un titre aussi ambivalent que « Killing Time » confirme de sa dualité vélocité/puissance. Mais les bougres sont toujours aussi doués lorsqu’il faut faire parler la poudre sans atomiser l’harmonie, et « The Fourth Strike » d’avouer une admiration pour le TESTAMENT le plus cru, avec quelques petites fioritures rythmiques à la Tom Hunting, et une folie ambiante toujours aussi patente. A la rigueur, et puisqu’il faut bien tirer des conclusions, il conviendra d’admettre que Trapped In Chaos a réussi la synthèse parfaite entre les jeunes années et l’entrée dans un âge plus avancé, sans laisser de côté la fougue, mais la mâtinant d’un soupçon de stabilité. De fait, et puisqu’il faut bien être objectif, ce quatrième LP fait à court terme moins d’effet que son prédécesseur, mais risque de s’imposer sur la durée, laissant loin derrière les deux premiers efforts du groupe, encore un peu trop gauches et empruntés. Ceci dit, pas d’inquiétude à avoir, puisque les quatre pistoleros allemands laissent encore tomber les douilles avec générosité, même lorsque le tir de barrage se transforme en piège de sniper à la tombée de la nuit. Aussi convaincants en version rapide qu’en terrain lourd, les DUST BOLT jouent la carte de la patience du jeu du chat et de la souris, et se tapissent, surgissent, tirent et tuent avec efficience, et « Dead Inside » d’illustrer en musique une sorte de version Thrash de The Walking Dead, auquel son titre fait référence. Guitares compactes, axe basse/batterie en pleine osmose, et chant hargneux, pour une valse sans hésitation. Du beau travail.
Evidemment, l’histoire de la Ruhr et de la Bay Area les intéresse toujours autant, et cette fascination en génuflexion se matérialise par des intermèdes plus francs et moins déviants (« The Bad Ad »), mais en 2019, les allemands ne foncent plus sans réfléchir, et acceptent de perdre une poignée de fans de l’instant au profit d’esthètes du temps. C’est à eux que s’adresse directement le superbe morceau de clôture « Another Day In Hell », power-ballad en crescendo que les METAL CHURCH et TESTAMENT adouberaient sans hésiter, et qui représente une conclusion tout à fait pertinente pour un album qui n’hésite pas à ne pas vraiment choisir. Transition entre l’adolescence furieuse et l’âge adulte aux responsabilités à assumer, Trapped In Chaos offre le meilleur des deux mondes, et nous présente un visage plus mur et aux traits plus marqués, un peu à l’image du SLAYER de South Of Heaven, lorsque les américains n’avaient plus peur de réduire le tempo pour marquer au fer chaud. Et on sent clairement ce parrainage indirect, mais aussi celui d’autres ensembles moins importants comme EXUMER sur des segments comme « Shed My Skin », ce qui ne nous évite nullement les confrontations plus frontales et brutales, à l’image du diabolique « Rhythm To My Madness », petit chef d’œuvre de construction évolutive, avec en exergue une basse mutine. Quelque chœurs épars savamment placés, quelques soli qui détonnent en jazzy, et l’affaire est pliée. Il faudra peut-être un peu de temps pour s’y habituer, mais en optant pour une voie moins facile, les DUST BOLT ont fait le bon choix et évitent l’écueil de la redondance à outrance. Moins instinctif mais plus construit, Trapped In Chaos permet donc aux allemands de rester au sommet, et de s’affirmer comme l’un des descendants les plus méritants de la vague Thrash historique. Et l’avenir reste pour l’instant en suspens, les musiciens nous ayant prouvé qu’ils étaient capables d’évoluer, et sans doute un jour, de devenir une référence à part entière par eux-mêmes.
Titres de l’album :
1.The Fourth Strike
2.Dead Inside
3.The Bad Ad
4.Bloody Rain
5.Rhythm To My Madness
6.Shed My Skin
7.Killing Time
8.Trapped In Chaos
9.Another Day In Hell
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