Il y avait bien longtemps que je ne m’étais penché sur le cas de la scène Progressive instrumentale mondiale. J’ai donc décidé ce matin de réparer cette erreur en la regardant par le bout de la lorgnette Canadienne, au travers de la lentille UNBEING, groupe de Montréal en activité discographique depuis le début des années 2010. Par contre, trouver des infos sur leur dernière réalisation fut une gageure que je ne suis pas parvenue à relever, ne trouvant trace que de leurs efforts précédents sur la toile et leur Bandcamp.
Mais un coup d’œil aux tracklisting de leurs productions m’a soudainement fait comprendre que ce Trinity n’était rien de plus qu’une sorte de compilation, regroupant le meilleur de leurs trois sorties, Unbeing, paru en 2011, le EP Raptus sorti en 2014, et leur petit dernier, Ceres, proposé en mai de cette même année 2016.
Sur les dix-huit morceaux qui jalonnent leur jeune carrière, nous en retrouvons donc la plupart ici, ce qui propose un survol assez complet de leur parcours tortueux, à l’image d’une musique qui ne l’est pas moins.
Progressif, Metal, à tel point que le quintette Canadien a baptisé son style ProgEpic InstruMetal, ce qui ma foi correspond assez bien à leurs capacités techniques et à leur désirs mélodiques. Et puis, un combo qui ose baptiser un de ses morceaux « Chuck Norris » mérite bien un minimum d’attention non ?
Les UNBEING sont donc cinq musiciens (Sherif Maghraby (Guitare lead), Alexandre Murdock D'Amour (Basse), Martin Labelle (Claviers), Mat Paré (Guitare rythmique) et Alekseiev Delbes (Batterie)), qui avancent à leur rythme entre parutions digitales sur leur Bandcamp et concerts dans leur Canada natal, s’attirant des critiques assez dithyrambiques de la presse spécialisée, ce qui à l’écoute de leurs morceaux est parfaitement justifié.
Evidemment, les influences notables sont manifestes, de DREAM THEATER à PERIPHERY, en passant par RUSH, ANIMALS AS LEADERS, STEP IN FLUID, et des tonnes d’autres pour peu qu’on y réfléchisse quelques instants, mais l’approche des Canadiens garde une identité propre qui les rend assez uniques dans leur genre, même si les harmonies et autres pattern rythmiques sont assez proches d’une norme progressive telle que nous la connaissons depuis le début des années 90.
Le niveau technique est bien évidemment largement au-dessus de tout soupçon, mais il n’entraîne pas pour autant le groupe sur le terrain de la démonstration, et il est évident que les cinq musiciens préfèrent la déconstruction évolutive de l’harmonie et l’accroche syncopée à l’étalage de capacités et la flagornerie de bas étage.
Humaine, leur musique l’est, même si cette petite touche synthétique qui l’enrobe dans une production très propre et brillante lui confère une dimension presque « sur-humaine », dans le sens le plus littéral du terme. Ce qui l’est aussi sans conteste, c’est la durée de cette compilation qui dépasse les quatre-vingt minutes, et risque de rebuter l’auditeur lambda, plutôt porté sur la concision. Et il est certain que c’est sur ce point-là que les qualités intrinsèques de Trinity deviennent son talon d’Achille, proposant une quantité conséquente, qui peut lasser au bout de quelques morceaux, même si l’homogénéité de l’entreprise ne devient jamais redondance ou répétitivité à outrance.
Mais les points communs entre les morceaux étant parfaitement viables, certains trouveront le tout un peu indigeste. Cela dit, rien ne vous empêche de faire le tri, et de décomposer cet album en trois parties, ce qu’il représente après tout.
Ces trois parties sont agencées de façon plus ou moins logique, avec toutefois un éclatement des morceaux présents sur leurs trois réalisations, pour éviter l’empilement trop évident. Ainsi, si les quatre titres de Raptus s’enchaînent logiquement (de « Rapture » à « 2nc Cup »), ceux d’Unbeing et de Ceres s’entremêlent en début en fin d’album, permettant de mesurer l’évolution du groupe tout en assurant une osmose à l’album.
Cet album justement, propose divers aspects du Progressif moderne tel que nous le connaissons, abordant ses versants les plus abrupts et rythmiquement techniques, mais aussi ceux plus abordables et harmoniquement policés.
Les instants les plus soft, à l’instar de « Betterie Faible » et ses presque sept minutes envoutantes, développent de belles constructions en demi-teinte, et laissent de plus grands espaces aux climats feutrées, presque Jazz-Rock dans l’esprit, mais résolument Metal dans le fond.
Beaucoup de délicatesse, des parties de guitares oniriques et des contrepoints de claviers pertinents, pour une approche à la RUSH/Allan Holdsworth en toute humilité.
Mais bien sûr, le point fort des Canadiens est sans conteste cette énergie rythmique qui transforme l’assemblée de musiciens en poumon central les propulsant vers d’autres galaxies, comme le démontre sans complexe l’entame gargantuesque « Octo8 », qui pendant huit minutes passe en revue toutes les figures imposées du genre, se rapprochant d’un mélange entre DREAM THEATER, PERIPHERY et ENTITIES.
Précision à la demi-croche près, numéro de funambule sans filet, pour une symphonie sans grandiloquence qui n’oublie jamais l’humour sur la ligne d’une partition oubliée. C’est ce que démontre « Chuck Norris », proposant un Metal progressif évidemment très musclé, aux mélodies euphoriques et à la versatilité rythmique assez ludique.
Quelques intermèdes assez Jazzy dans l’esprit, perturbés par des arrangements synthétiques (« Autopsy »), des tentatives d’ouverture qui rappellent même le Jazz-Rock fusion des 80’s transposé dans un contexte futuriste («Citizens Of Earth »), des pointes d’agressivité à la lisière d’un Techno-Thrash de très haute volée (« Godspeed »), quelques dédales rythmiques endiablés et balayés de soli spatiaux (« Arisen »), pour finalement proposer un épilogue d’une troublante beauté Zen (« Zomb ! »), qui après une longue avancée harmonique laisse tomber un shunt nous évacuant sur des strates de son d’un autre monde, ouvrant des perspectives intéressantes…
Cette compilation tombe à pic pour découvrir un groupe unique, qui joue sa musique crânement, sans se préoccuper des conséquences, et qui affiche une belle liberté instrumentale. S’inspirant de codes établis pour mieux les plier à sa volonté, UNBEING nous offer avec Trinity l’intégralité de son œuvre, mais surtout, un joli périple dans les landes Progressives, en nous les faisant découvrir sous un jour nouveau, très ensoleillé et le sourire aux lèvres.
Une musique positive et chaleureuse, qui utilise la technique comme un moyen et non un but. Il suffit de se laisser emporter, de fermer les yeux et de voyager en leur compagnie.
Qui est très agréable.
Titres de l'album:
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